Mon dieu, c'est tellement proche. Un mois à peine… Comment peut-on parler déjà d'étape de deuil. Vous avez fait ce qu'il fallait avec votre mari. Allez jusqu'au bout de la vie. Et si celle de Léona à été plus petite encore que celle d'un papillon, c'est une vie quand même, remplie d'amour. Amour Amour… Voilà le seul remède qui fait endurer l'inacceptable, plus puissant que toutes les bombes atomiques réunies. Dites lui que vous l'aimez tous les jours. C'est pas parce qu'elle a endossé ses ailes d'ange qu'elle n'existe plus. Léona existe et existera éternellement… Trop souvent on nous laisse à penser que la vie continue, qu'on peut se reconstruire, que c'est le destin… Certes oui… mais cela n'enlèvera jamais l'amour, le souvenir, l'espérance de retrouver son enfant un jour. Il faut faire avec tout le reste de sa vie. Les enfants sont comme la musique. C'est pas parce que leur auteurs ont disparu que leurs œuvres n'existent plus. Il y a toujours un endroit sur terre où l'on écoute Mozart, Bach, Michel Berger, Balavoine… Même quand le parent part, la musique perdure éternellement. Rose m'a quitté il y a trois ans, mon seul enfant âgé de cinq ans et demi. J'ai l'impression d'avoir une fille qui vit dans un pays étranger. Mais je continue au quotidien mon rôle de père dans son éducation, par la pensée et l'esprit. Si j'avais un petit conseil à vous donner ce serait celui-ci car vous aurez la frustration de ne pas l'avoir élevé comme votre autre fille. Ne rejetez pas cette frustration, acceptez là. Continuez à donner tout votre amour à votre enfant, à l'élever spirituellement, lui transmettre vos valeurs, la faire grandir dans votre esprit, lui demander d'aller à la rencontre d'âmes qui vont l'aider dans son apprentissage, et quand elle sera plus grande d'aller accueillir d'autres enfants qui décèderont. Attention je ne veux surtout pas dire de s'adresser à un fantôme, ni d'entretenir quelque chose de malsain autour de reliques. L'ancienne chambre de Rose est totalement vide et je fais le projet d'y faire une salle de bains. Les quelques affaires que j'ai gardé d'elle sont rangées dans un placard de ma chambre. Vous n'avez pas eu le temps d'avoir tout ce côté matériel qui nous encombre quand un enfant nous quitte. Quand à la colère, malheureusement moi aussi je ne sais pas quoi faire… c'est terrible car elle peut faire des ravages. Et bien peu de gens peuvent la comprendre. On cherche des solutions qui peuvent l'atténuer. Dernièrement quand je ressens cette colère en moi, cette injustice, je vais acheter des fleurs et je demande un beau bouquet pour la maison. Ca aide car la violence n'est pas loin. J'écris aussi et j'ai développé beaucoup de sensibilité artistique. Autre chose, un deuil n'est pas une maladie. Trop souvent j'entends me dire "d'aller me faire soigner" ou plus subtilement "d'aller me faire aider…" sous-entendu d'avoir un traitement médicamenteux, la grande spécialité française. Si un médicament qui enlevait la peine (ou les chagrins d'amour) existait, le labo serait côté en bourse… Parents en deuil, nous ne sommes pas malades, nous sommes malheureux, c'est tout. Mais nos enfants partis aiment nous voir nous battre et poursuivre notre vie terrestre malgré tout. Offrons leurs ce plaisir.