Sylvie, comme je te comprend, comme je te rejoind dans tes dires et tes ressentis. J'ai moi même perdu mon enfant, mon unique enfant, brutalement, à l'âge de 20 ans, il y a 19 mois. A cette époque je travaillais en tant qu'éducatrice depuis 15 ans dans la même structure, et me suis mise le jour même en arrêt de travail. Anéantie par la mort de mon fils, je trouvais le moyen de me rajouter des tourments, liés aux démarches administratives auxquelles je devais faire face. Tout comme toi, je ne voulais qu'être avec mon enfant, et craignais que les décideurs en veuillent autrement....m'obligent à retourner travailler, alors que je savais que je ne le pouvais pas, au vu de ce que nécessite l'accompagnement d'adultes en souffrance. Aujourd'hui, je pense m'être inquiété pour rien, car toutes les personnes que j'ai rencontré, (sécurité sociale, mèdecine du travail, entreprise...), sont toutes allées dans mon sens, me guidant même vers le chemin qui est le mien aujourd'hui. J'ai senti desuite que ce n'est pas le travail qui allez m'aider à traverser l'épreuve du deuil, non, c'est du temps dont j'avais besoin, et dont j'ai encore besoin.....Je suis restée lucide.....comment accompagner des personnes en souffrances (et leurs familles), alors que je le suis moi aussi ? Je ne mettais plus de sens à mon travail, le pourquoi de l'accompagnement.....celui-ci s'inscrivant dans une période donnée.....celle-là même qui n'est plus....comment pourrait-il en être autrement, après la perte de son enfant, de son unique enfant, que j'ai élévé en partie, seule. Alors oui Sylvie, je m'en suis remise à l'évidence, travailler: je n'en suis plus capable / travailler dans cette structure : je ne le peux plus, ( cela me renvoi trop à ma vie d'avant, du temps du vivant de mon enfant...), être encore éducatrice: je ne le pense pas (c'est plutot moi qui devrait être éduqué, ré-éduquée....). Ainsi, après moulte réflexion et échanges avec les différents protagonistes, une mise en invalidité a été prononcé, au terme de 15 mois d'arret maladie. Invalide au travail et à la vie en générale OUI je le suis....comment pourrait-il en être autrement ? De là, une procédure de licenciement est en cours, ce que je souhaitais..... Ainsi, si je peux t'apporter un peu de réconfort, je te dirais de ne pas te rajouter de tourments à ce que tu vis déjà. Un arret de travail peut aller jusqu'à 3 ans. A toi de voir, quand viendra le moment de reprendre le chemin du travail. Malheureusement, nous n'avons pas le choix de passer par toutes ces procédures et même si, avec ce que nous vivons, elles nous semblent inhumaines, sache Sylvie, que nous ne sommes finalement pas si mal loti, à comparer à d'autres pays.....Il y aura toujours une solution pour toi Sylvie, toujours une personne que tu rencontreras et qui te guidera dans tes choix... Munie toi néanmoins de tous documents "justifiant" de ton état de santé, (rdv psy, traitement médical....), ce qu'ils demandent parfois. N'est crainte d'eux.....c'est toi qui a perdu ton enfant, c'est toi qui a mal....Pleine de bonnes choses à toi et aux tiens.