FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Être un parent en deuil => Discussion démarrée par: Méduse le 21 juin 2015 à 13:28:39
-
Je vis désormais entre deux mondes.
Partager mon amour à égalité entre mes proches en vie et mes disparus, voilà la difficulté, mais aussi ma tâche. Il me faut trouver un équilibre bien difficile.
Un jeune retraité m’a confié qu’il avait perdu sa sœur et puis son père. Par la suite, sa mère s’est laissée mourir. Sachant qu’elle souffrait d’un cancer, elle avait fait le choix de ne pas se soigner pour rejoindre plus rapidement ses disparus « qu’elle aimait le plus au monde ». Elle n’en avait pas parlé à son fils, mais le jour de ses obsèques, une amie de sa mère le lui révélait.
Cet homme est meurtri, se sent délaissé et mal-aimé par sa mère alors qu’il était toujours proche d’elle.
Je lui ai dit de ne pas lui en vouloir, qu’elle aurait réagi de la même façon si c’était lui qui était mort le premier, que cette tristesse et ce manque est obsédante.
Néanmoins, le nombre de témoignages douloureux de frères et sœurs souffrant d’avoir « perdu » en même temps leurs parents est important.
Malgré les appels des mes proches, je n’arrivais pas à penser à quelqu’un d’autre que mon ainée que je venais de perdre pendant les premiers mois de mon deuil, Je n’étais plus de ce monde. Aujourd’hui, je prends plaisir (même si c’est toujours sur fond de tristesse) de partager des moments de complicité avec ma seconde fille et d’autres proches et ma tristesse ressort surtout quand je me retrouve seule.
Je sais que mon ainée aurait souhaité que je me tourne de nouveau vers la vie. Alors, je me bats pour reprendre le cours de ma vie.
Je vous souhaite à tous un doux dimanche
Méduse
-
[color=navy]Je vis désormais entre deux mondes.
Partager mon amour à égalité entre mes proches en vie et mes disparus, voilà la difficulté, mais aussi ma tâche. Il me faut trouver un équilibre bien difficile.[/color]
Comme je te comprends, je vis la même chose entre mon compagnon présent, et mon mari que j'aime de tout mon cœur et qui me manque atrocement...
De plus je trouve ta démarche très honorable pour ne pas dire extrêmement forte , connaissant la difficulté.....
Tu as raison , je connais une personne qui a perdu son frère depuis 20 ans, sa mère ne lui demande jamais comment il va, lorsqu'il téléphone, elle ne l’appelle pas, ne sachant quoi lu dire, et le pire de tout chaque fois qu'il va la voir, elle lui dit, qu'elle n'a plus qu'une hâte depuis que son autre fils est décédé, c'est le rejoindre, parce que sa vie , à perdue avec lui tous sens.....
Moi ,cela me choque, parce qu’il lui reste deux fils, dont un qu'elle ne voit plus depuis le décès de son frère,qu'il ne lui reste qu'un seul fils qui continu à se soucier d'elle, à aller la voir, à faire ce qu'il peut , elle est maintenant très âgée.
Lui me dit qu'il s'est habitué, mais pourtant, parfois je le sens malheureux délaissé, et en colère.....
Je connais la morsure de la perte, certes pas d'un enfant, toi tu connais les deux !! mais lorsque nous en avons plusieurs enfants, je trouve bien de donner tout l'amour possible à ceux qui restent, tout en honorant la mémoire de celui , de ceux qui sont parti....
Moi aussi je me bats, pour reprendre le cours de ma vie, sans culpabilité, et comme c'est difficile....
De grosses pensées pour toi, je t'embrasse.
zabou
-
@Meduse
Je trouve ton témoignage poignant, sincère et si vrai ....je crois vraiment que ceux qui tiennent à nous, veulent nous voir debout , retrouvant le cour de notre vie ......même si cela est difficile ....notre destin continue , notre parcours à nous n'est pas fini..il y a qq chose pour nous quoi ? C 'est bien le mystère de la vie
-
Partager mon amour à égalité entre mes proches en vie et mes disparus
trouver cet équilibre , oui , est bien difficile
et ces enfants qui restent doivent terriblement souffrir , perdre un frère , une soeur et voir , entendre leur maman ne souhaiter qu'une chose , rejoindre au plus vite le disparu .... comme si , eux , n'avaient plus d'importance
quel choc pour cet homme qui apprend le jour des obsèques que sa maman a fait le choix de ne pas se soigner...
et la personne dont tu parles , zabou , moi aussi ça me choque , j'ai mal pour ces enfants qui restent
les 1ers jours , semaines , après ce foutu accident , je ne cessais de dire combien j'aurais voulu être la passagère , partir avec lui pour ne pas vivre cette souffrance et que son fils soit encore en vie...
j'étais dans un état second , les mots sortaient comme ça , sans réfléchir , incapable d'analyser leur impact...
je le pensais si fort et je le pense encore...
puis , un jour , un peu de lucidité et je vois dans les yeux de mes garçons , l'effroi , je vois le mal que je leur fait en prononçant ces mots ....
jamais , plus jamais , je n'ai dit ça devant eux
j'ai continué à le dire , parfois , à quelques amis proches mais surtout à moi-même , dans ma tête , en silence
plus jamais devant mes enfants ... j'espère qu'ils me pardonnent
je ne vis pas le même deuil et ne peut prétendre comprendre ce que ressent une maman qui perd un enfant...
mais l'amour d'une maman pour ses enfants , ça , je sais
c'est ce qui m'a obligé à être encore là , aujourd'hui , debout , continuer ...
-
Oui, c'est difficile de garder l'équilibre entre nos vivant et nos mort.
Pour ma part , je n'ai que 2 filles et nous étions très liées les unes aux autres , complices parfois, bien que souvent divisées par leur père dont nous étions bêtement sous emprise...C'est le décès de ma cadette qui nous a révélé l'horreur de nos vie, nous étions anesthésiées.
Maintenant ma fille ainée et moi sommes seules avec notre chagrin, pas de famille, pas d'amis, il nous a isolées et parfois la souffrance de l'une, elle est soignée depuis longtemps pour dépression, déborde sur l'autre.
L'équilibre rompt de temps en temps, mais jamais notre détresse, nos questions, nos culpabilités, nos désirs d'en finir...et ce manque incessant qui pèse de plus e plus de jours en jours.
-
C est compliqué...quand on a perdu un enfant...avec les autres enfants qui ont eux perdu une soeur ou un frère
On est tellement obsédée par celui ou elle qui nous manque..on en oublie pas les autres..Mais parfois nous sommes tellement dans notre douleur qu on oublie parfois celles des autres
Et puis ce sentiment de culpabilité de partager des moments sans lui ou elle
Mais cela ne empêche pas de les aimer nos vivants....
C est difficile à expliquer......
-
la culpabilité de ne plus être une vraie maman...
je la traine encore...
même si j'ai récupéré des attitudes de maman.. pas toutes.. je suis abimée à coeur par cette mort...
-
Je ne sais comment j'aurais réagi......
Mais une chose est certaine, quand on n'a qu'un seul enfant et que celui-ci est parti, qu'est ce que l'on se sent seul, seul, à ne plus savoir comment réagir.
Je pense beaucoup à vous, pas facile de rester une vraie maman, alors qu'à l'intérieur, on est en plein désarroi.
-
Être en équilibre, partager son amour entre les vivants et nos chers disparus, ce n'est pas facile à faire.
Ne pas oublier les vivants, surtout les frères et les soeurs, ils ont eux aussi perdu une partie de leur chair, de leur histoire et ils ne s'en sortiront pas indemnes non plus, ils sont meurtris à tout jamais.
C'est toute une stratégie qu'il faut mettre en place et c'est épuisant, car parfois on aimerait bien se laisser couler doucement dans le chagrin, être égoïste et penser que nous seul souffrons. Et bien non, les autres aussi. Alors il ne faut pas les négliger, ne pas les oublier au risque de tout perdre.
Mais je pense aussi souvent à ceux dont l'enfant unique n'est plus là, et là je me sens toute petite dans ma douleur, vraiment toute petite car je me dis que j'ai d'autres enfants et que j'ai la chance de pouvoir les serrer dans mes bras et leur dire que je les aime.
Alors je pense à vous très fort les mam's et pap's orphelins, et à tous les autres aussi.