Pour ma part le seul moyen que j'ai trouvé pour continuer la route tout seul est de poser un pied devant l'autre, toujours, sans renoncer, sans plaisir, sans conviction, sans direction précise, et de me dire le matin : " Cette journée il va bien falloir la vivre ", tout en sachant l'absurdité de continuer mais aussi l'absurdité de cesser.
Tout est devenu tellement idiot que je ne n'y penche même plus mon attention ni mon intérêt, je crois qu'un deuil grave nous envoie directement graviter autour de notre propre vie, en apesanteur.
Je dis cela parce que souvent m'épuisent les conseils du genre " faut être positif ", " faut se donner des coups de pied auc ul ", " faut pas s'écouter ", et.c. Ces conseils-là, qui sont stupides et vains, dénués d'humanité, ils servent à soulager les autres du spectacle de notre peine, qui leur rappelle que ça pourrait leur arriver aussi, d'où leur hâte qu'on cesse de se plaindre.
Il ne faut pas obéïr à ces gens, il faut continuer à se plaindre, à gémir, cela fait partie de leur vie, car le malheur des uns est le malheur des autres, il faut les forcer à l'empathie.