Merci pour ton message Eva Luna,
J'ai une amie très proche à qui je parle très souvent et qui m'entoure de toute son affection, mon fils aussi et d'autres. Mais en dehors de mon amie qui est très présente à mes côtés j'ai du mal à "imposer" ou exprimer ma profonde détresse surtout plus le temps passe. Chacun a ses propres blessures et peines, c'est difficile d'y ajouter les miennes...
Chaque jour qui passe m'éloigne de la vie d'avant, de ma vie avec ma Gaby adorée et c'est atrocement douloureux.
J'ai lu dans un de tes messages sur ce forum que tu avais créé un blog en l'honneur de ta petite Emmanuelle, est-il toujours actif? Voudrais-tu me donner son adresse? Je pense aussi en créer un pour célébrer ma Gaby...
Je me retrouve tellement dans tout ce qui est écrit sur ton forum.
Cette nuit là, un appel en provenance de son téléphone vers 3h00 du matin, m'a réveillé en sursaut. Ce n'était pas elle au bout du fil.
Départ précipité vers les urgences de l'hôpital dans la nuit, sous la pluie.
Le service de réanimation et le médecin qui m'informe de ce qui s'est passé : les chocs, le cœur qui peine à reprendre, les poumons noyés par le contenu de l'estomac. Les minutes interminables pour pouvoir enfin la voir, la toucher dans ce lit avec toutes les machines autour, un tube dans sa bouche, sa langue apparente, ses yeux clos.
Non ce n'est pas possible! Je ne veux pas!!! Je ne peux pas y croire!! Je refuse! Mon bébé va se réveiller, ça sera difficile mais elle est jeune, elle va s'en sortir, je veux faire taire cette voix dans ma tête qui dit que c'est fini avant même que les médecins le disent.
Je le sens. J'ai peur.
L'impensable, les mots du médecin : votre fille ne se réveillera pas, son cerveau est trop endommagé.
La décision de la débrancher, la libérer, la laisser partir à jamais.
La préparation de la cérémonie. tout faire vite pas le temps de réfléchir il faut agir, agir pour le mieux et dans le respect de ce qu'elle aurait souhaité mais sans réelle certitude.
Les cendres: tout ce qu'il reste de son enveloppe corporelle.
S'occuper de ses affaires personnelles et professionnelles. Pénétrer son intimité c'est comme une intrusion c'est très dérangeant mais il le faut bien..., toucher ses vêtements, ses objets, je garde tout ou quasiment tout, retenir un peu d'elle à travers tout ça. sentir son odeur encore encore...
Affronter les désaccords stupides les tensions familiales déplacées en ces moments si tragiques
Rester debout pour être la gardienne de sa mémoire et dans le respect de sa si belle personne.
ça ne devait pas se passer comme ça. Je ne devais pas lui survivre, jamais, jamais!
Et pourtant après avoir perdu ma maman tout juste 3 mois plutôt, ma petite Gaby s'en allait à son tour me laissant dans une douleur indescriptible et monstrueuse
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai toujours toujours