Auteur Sujet: Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.  (Lu 811541 fois)

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Hors ligne Gannicus71

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2025 le: 20 septembre 2022 à 18:36:08 »
il n'y a pas de réponse a tout ca. Il n'y a pas de réponse a notre propre existence. Nous devons vivre avec. La dure réalité. Il faut ce consoler et ce dire que l'on se rêvera après tout ca. Je n'arrive plus a le regarder en photo, je pense a lui, m'effondre souvent. toujours sous l'eau, et par moment je remonte prendre une bouffé d'air.
Il n'y a plus de vie a mon sens après la mort d'un enfant. Une vie qui est terminer. Il faut en reconstruire une nouvelle.
J'avoue ne pas y arriver au bout de 7 mois. Mais il le faut. Nous parents endeuiller devons être fort. Il ny a personne qui peut comprendre.
Même les psy ne fond plus rien au bout de quelques séances. Même la famille, le regard des gens que l'on croise et qui savent.... tout a changer. Nous faisons partie de cette minorité d'être humain que la vie a  fait basculer dans le sens ou l'ordre des choses n'est pas respecté.
Quand je vois la force du fils qui me reste, soyons fort. et vous soyez forte il n'y a de toute facon pas de mots

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2026 le: 20 septembre 2022 à 22:45:06 »
7 mois , c'est encore si récent, si impensable...
A 7 mois, je n'étais même pas sous l'eau, j'étais sidérée encore et incapable de réaliser, à égrener la litanie du "c'est pas possible, pas elle", toi tu te projettes un peu , tu sais déjà qu'une autre vie est à inventer
Tous les psy ne sont pas pareils, c'est important de trouver un psy formé à l’accompagnement du deuil ou encore une association, il y en a surement une dans ton secteur.
Rester debout pour son frère est déjà un bel exploit.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2027 le: 21 septembre 2022 à 18:01:20 »
Corinne,
nous sommes à 10 ans d'écart sur le même chemin de vie, le même et pourtant si différent.
2010/2020
A deux ans ,j’étais effondrée liquéfiée...
Ta solution à toi pour survivre à ÇA,est une belle idée,faire durer et rayonner la lumière de ton Hélène...c'est s’occuper encore un peu d'elle...et ça fait du bien.
A force de faire semblant, un jour, lointain, vivre te sera plus facile et tu ré inventeras un sens à ta vie, une vie sans Elle mais une vie quand même...
Merci de tes mots qui me réconfortent ...puisque mes mots à moi, déposés ici, t'ont aidée, ils ont servis à quelque chose... cela donne du sens à mon dépôt dans cette consigne à chagrin.
Je t'embrasse.
Anne

Hors ligne Hélènou

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2028 le: 09 octobre 2022 à 16:34:41 »
Bonjour Eva,

Et merci de ta réponse, maman d’E(mmanue)lle.

10 ans d’écart, oui, c’est bien cela.
Tu es un guide, et par là même, ton Emmanuelle aussi. Elle est entrée dans ma vie.
Parce que… je suis née un 4 mars, mon mari, un 5 mars : deux dates que nous célébrons sans conviction. Mais, LN y tenait. Depuis mars 2021, Emmanuelle est là, aussi, par son absence. C’est tellement absurde. Et pourtant, c’est si réel.

Je suis remontée au début de cette discussion, où tu te présentes en listant tout ce que tu as tenté de faire pour avancer sur ce soi-disant « chemin de deuil ». J’avoue avoir du mal à accepter qu’il puisse exister un chemin, puisque je n’ai aucune envie d’avancer. Je veux rester là où elle était, en 2020. J’ai une énorme envie de devenir folle et de réussir à me dédoubler : une moitié avec elle en 2020, genre « une histoire sans fin » à revivre toujours la même journée avec une fin différente et à améliorer à chaque fois, une autre moitié qui continue et qui fonctionne avec les repères habituels : le travail, les collègues, les tâches quotidiennes, la routine : c’est mécanique, mais, ca permet de garder un peu de stabilité.

J’ai lu un peu. Mais ce que je préfère, ce sont les livres qui témoignent de la douleur d’un frère ou d’une sœur. Car LN a un frère et une sœur.  Le « moi, on ne m’a jamais demandé comment j’allais » est juste une énorme bouée. Tant de similitudes. Pour le frère endeuillé, j’ai aimé « Une amie de la famille », avec le témoignage de ce frère, tant d’années plus tard.
J’ai voulu participer aux réunions d’apprivoiser l’absence. Mais, le soir, sur Paris, après une journée de travail, c’est bien trop compliqué pour moi. Je fatigue. J’ai donc renoncé. Plus simple. J’ai pensé « psy ». Mais, non ! Je suis passée aux AD, légers. La chimie, c’est fantastique ! Facile, pratique. Je cherche la simplicité.
Bref, je fais de mon mieux , puis, je choisis ce que SON tempérament me dicterait : la révolte, la colère, ne pas lâcher, ne pas m’effondrer, boxer, taper…
Mais, contre qui, contre quoi ?

Il n’y a pas d’autre responsable que Dame Nature. Il s’agit d’une maladie, une leucémie, qui est arrivée vite, a été prise à temps, mais, qui a rencontré l’acharnement de la Faucheuse : c’est, au final, un AVC qui l’a emportée 5 jours après le diagnostic, 5 jours après son hospitalisation, et ses tout premiers traitements qui agissaient déjà bien, rendant l’équipe médicale bien joyeuse.

Au départ, je fus donc en colère contre Dame nature. Après une semaine de coma artificiel, le cerveau en bouillie, les médecins ont cessé la bataille, déjà perdue : c’était un 9 aout.
Ce jour-là, la chaleur était à son comble, le sommeil douloureux, poisseux, suffocant. Dans notre maisonnée, nous faisions tous semblant de nous y perdre, cherchant un repos , un réconfort qui ne pouvait venir de nulle part, tétanisés, nous demandant encore à quel moment nous allions nous réveiller de ce p… de cauchemar. Nous respirions avec peine.

C’est à ce moment que la tempête s’est levée. En pleine région parisienne ! Une tempête, oui ! Des rafales de vent, des éclairs, le tonnerre : une violence inouïe, encore ! Avec l’impression d’assister, impuissants, à un combat de géants au-dessus de nos têtes !
Nous en étions à nous demander qui étaient donc ces entités qui bataillaient si violemment par delà notre toit lorsque l’électricité a été coupée. Ila fallu sortir. Le bruit à l’extérieur était épouvantable : vent, pluie, tonnerre, et branches d’arbre arrachées. Alertés par toute cette fureur, les lumières s’allumaient chez nos voisins ;
Mais pas chez nous.
Une branche énorme venait de s’abattre sur notre seul câble d’alimentation.  Nous étions les seuls à être plongés dans l’obscurité.
La-haut, le combat continuait. Dame Nature ? Furieuse contre elle -même, prenant conscience de son erreur ? Mais, pourquoi notre câble ? Y aurait-il autre chose, là-haut, encore ? La mort, sans aucun doute. La bien nommée: « la faucheuse ».
Pas encore rassasiée ? Hélène, ce n’était pas suffisant ?

Elle s’acharnait, visiblement. Et quelque chose lui faisait front ! Les secours sont arrivés : Durant deux heures, les tronçonneuses ont tenté de couvrir le bruit des éclairs. Puis, l’orage s’en est allé, les branches ont été dégagées, le câble électrique réparé. La lumière est revenue.
Nous nous sommes recouchés en nous demandant, ce qu’il se passait réellement : nous étions si impuissants, si petits, si rien sans elle.

Depuis, je me dis que s’il y a un coupable, il est bien invisible et nous sommes bien impuissants face à lui.
Je l’ai nommé Faucheuse et j’ai décidé de lui pourrir la vie.
Elle veut détruire, enlaidir, faire souffrir ? Je construirai, j’embellirai et je sourirai !
Je me dis qu’elle doit se délecter des larmes de ceux qui pleurent leurs aimés. Je l’imagine, flottant dans les allées des cimetières, la nuit, lorsque le terrain lui appartient et qu’elle n’est pas dérangée.
Elle n’aura pas ma douleur, elle n’aura pas ma peine.

Elle n’aura que ma haine.

Elle ne gagnera pas toutes les parties : elle ne salira pas les souvenirs qui m’appartiennent et qu’Hélène a semé durant 20 années.
Elle ne réduira pas cela tant que je serai là pour m’y opposer. Voilà ce qui me donne la force de tenir : cette rage de saboter à mon tour le travail de destruction de la Faucheuse.
Au cimetière, je place de jolies photos de ma fille, bien vivante, souriante, l’œil pétillant : bronzée , souriante et pleine de vie ! J’ai déposé une boite aux lettres pour que ses amis lui glissent des mots doux : une grosse bonbonnière pleine de papiers colorés.
Plus en retrait, j’ai déposé une autre boite, plus petite, chargée de papiers froissés, gris et sales et d’un crayon de papier aussi gris, machouillé et laid que possible : c’est la boite à gros mots, dans laquelle je déverse mes insultes, spécialement pour la Faucheuse. Et que c’est bon de lui charger la « gueule » de papiers aussi orduriers que ce qu’elle mérite.

Que ne ferait-on pas, pour survivre…jusqu’à personnaliser un ennemi invisible et inexistant .

Si je pouvais fixer, quelque part dans ce cimetière, un punching-ball et des gants de boxe…
Et puis, un banc et une table, pour, une fois apaisée, pouvoir écrire à ma fille.
Est-ce que cela aiderait les autres endeuillés ?
Si seulement, je réussissais, moi aussi, à aider d’autres personnes, comme tu le fais avec ton Emmanuelle.

Merci
Corinne


Mère amputée de sa fille cadette, disparue subitement en 2020, fauchée en 5 jours par une leucémie.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2029 le: 09 octobre 2022 à 20:15:14 »
Très touchée Corinne par ton long message où je me reconnais.
Je viendrai te répondre plus tard , juste là te donner l'info qu'il existe des groupe d'entraide de parents endeuillés le samedi, matin ou après-midi, à Apprivoiser l'Absence Paris.

Hors ligne Hélènou

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2030 le: 17 octobre 2022 à 20:12:30 »
Effectivement, j ai été en contact téléphonique avec  un membre d apprivoiser l absence qui m expliquait que des groupes allaient s ouvrir le week-end sur Paris.

Quel travail , magnifique, de ces bénévoles.

Leur travail est énorme. Mes enfants ont participé à leurs rencontres freres-soeurs. Le frère et la soeur y sont allés ensemble. La soeur y a trouvé beaucoup de réconfort.




Mère amputée de sa fille cadette, disparue subitement en 2020, fauchée en 5 jours par une leucémie.

Hors ligne Hélènou

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2031 le: 17 octobre 2022 à 20:14:06 »
Effectivement, j ai été en contact téléphonique avec  un membre d apprivoiser l absence qui m expliquait que des groupes allaient s ouvrir le week-end sur Paris.

Quel travail , magnifique, de ces bénévoles.

Leur travail est énorme. Mes enfants ont participé à leurs rencontres freres-soeurs. Le frère et la soeur y sont allés ensemble. La soeur y a trouvé beaucoup de réconfort.




Mère amputée de sa fille cadette, disparue subitement en 2020, fauchée en 5 jours par une leucémie.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2032 le: 20 décembre 2022 à 15:42:53 »
Novembre 2022, fin du groupe de parents endeuillés . Ce fut une belle aventure humaine, je suis fière de leur transformation au fil des mois et de leur capacité à s'aider les uns les autres...
Ils m'ont beaucoup appris et je les en ai remercié.
Surtout...ça a donné un peu de sens à ces mois ... à cette année...
Animatrice bénévole , ça me va bien.
Sinon quoi?

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2033 le: 20 décembre 2022 à 15:44:31 »
Pardon Corinne , je ne t'ai jamais répondu plus longuement...

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2034 le: 27 décembre 2022 à 14:00:23 »
Noël est passé. Ouf!
C'est toujours éprouvant cette fête.
Emmanuelle manque pire.
Mais j'ai réussi à sourire presque toute la soirée et à profiter des bons moments avec mes enfants et leurs enfants.

LE grand câlin à trois en pensant fort à Elle est devenu un indispensable du jour...

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2035 le: 28 décembre 2022 à 03:30:11 »
Je vous souhaite à toutes et tous ,ici, un peu de chaleur humaine réconfortante dans cette période des" fêtes de fin d'année"  , dans le souvenir ému des Noëls d'avant  et de nos Absents si présents dans nos coeurs et nos mémoires, à défaut d’être dans nos bras et dans nos vies...
Chaleureusement...

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2036 le: 29 décembre 2022 à 22:32:11 »
J'ai une mémoire de poisson rouge et je ne m'en tiens pas rigueur...

En cette fin d'année propice aux bilans... je voulais remercier une personne d'ici qui m'a permis d'aller mieux.
Son mari est aussi dévasté que moi avec les prélèvements d'organes et ça me rassure beaucoup, je ne suis pas folle de le vivre encore aussi mal avec des questionnements bien glauques...lui aussi...Médecin pourtant, il pourrait accepter plus facilement.Je n'accepte toujours  pas. Je me suis sentie moins seule grâce à son témoignage.Qu'il en soit chaleureusement remercié.
Je vais essayer de retourner vers le questionnaire que je n'avais finalement pas utilisé puisque j'ai changé de sujet de mémoire, incapable d’écrire sur ma fille...
Bref,merci infiniment.

Hors ligne kompong speu

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2037 le: 03 janvier 2023 à 21:29:22 »
Salut Eva
Tous mes vœux je t'ai mis un petit message sur le post de sam
Amicalement

Hors ligne Faïk

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2038 le: 04 janvier 2023 à 17:37:55 »
Chaleureusement à toi aussi Eva !

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #2039 le: 07 mars 2023 à 10:05:44 »
13 ans hier
c'est pas plus acceptable
juste plus supportable
un entrainement de championne de haut niveau:
survivre à la mort de son enfant
bref, les jours d’après demeurent bien rudes à traverser