Chère Eva,
Oui, le forum est un lieu où l'on peut dire, mettre en mots cette douleur même si elle est difficile à entendre et c'est ce qui fait sa richesse. Témoignage parfois difficile avec notre entourage, oui comme tu le dis si bien, essayer d'user cette douleur à force de la dire...La passer et la repasser sur le métier pour l'émietter un peu si c'est possible.
J'aimerai revenir sur ce que tu as dit parce que ça me semble important.
« La mort c'est la mort, , ...et toutes les tentatives pour l'annuler avec des croyances... reste une croyance, personne ne sait... c'est LE mystère dernier... »
Ce que tu appelles croyance, je l'appelle récit. Notre vie est le récit que nous nous en faisons.
Comment vivre à la mort des gens que l'on a aimés, des gens indispensables à notre vie ?
Je choisis, moi, de le faire au travers du récit du chemin que nous avons parcouru ensemble. Cet échange que nous avons eu si bref soit-il, il a été et je choisis de le faire être encore. Mon moi s'est construit dans cet échange-là, il en porte encore toutes les traces. La mort ne l'a pas anéanti, elle ne peut rien contre ça. Si à la mort le lien s'interrompait, il n'y aurait plus rien pas même de la souffrance, puisque ce qui fait que j'ai mal, c'est précisément que je l'aime encore et que cet amour souffre de son manque.
Oui, c'est insupportable de leur survivre, j'aurais préféré si le choix m'avait été donné de disparaître avant lui pour ne pas avoir à vivre cette torture quotidienne.
Je n'ose imaginer la survivance d'une mère ou d'un père à son enfant...
Je te serre tendrement dans mes bras, et merci d'être si vraie, si « simplement » humaine.