Bonjour,
Je rejoins un forum pour la première fois de ma vie.
En mai dernier, j'ai perdu brutalement ma fille Gaby elle avait  31 ans.
Je comprends votre douleur car elle est mienne depuis quelques mois.
Moi non plus je n'arrive pas à accepter son absence définitive, moi aussi j'aimerais la serrer dans mes bras en lui disant combien je l'aime.
J'en pleure en écrivant ces lignes.
Chaque jours, je m'efforce de tenir debout, , pour mon fils (son "petit" frère),pour ses bébés (2 chiens) que j'ai recueilli et pour ceux qui me sont chers. Mais ça prend tout le peu d'énergie que j'ai.
Je suis anéantie de chagrin.
J'ai lu que le cheminement du processus de deuil peut être très long parfois, et qu'au bout on intériorise notre enfant. Qu'il vit en nous, mais cette notion je ne la comprends pas c'est complètement abstrait et inaudible pour moi.
Même entourée je me sens très seule avec ce vide sidéral en moi.
Je donnerais tout pour que Gaby revienne, mais il ne reste que les cendres  de son corps sur cette terre et les souvenirs.
courage à vous.
Danielle

Bonjour Danielle.
Qu'est-il arrivé à ta fille? Tu peux en dire qque chose? Si je me souviens de ces moments terribles que tu traverses, la douleur est si intense qu'il y a peu de moyens de la soulager...traitement adapter, ça peut aider à tenir le choc, en parler ça peut aider les larmes à faire leur chemin....
Courage
Pascal.

Tu vas retrouver le sommeil, peu à peu, Anne. Nous sommes un peu comme les arbres. Les racines mettent du temps à se développer mais elles poussent, lentement, lentement pour permettre au reste de l'arbre subissant la tornade de rester bien ancré au sol. Force est à l'arbre de tenir debout, c'est terriblement dur, le temps que la tempête se calme. et tu vas y arriver Anne, tu vas y arriver.

Tu sais, Eva, mon mauvais objet, ça a été la psy. Pas les psys. La Psy avec un grand P. Nous ne sommes ni toi ni moi, "tombée de la dernière pluie". Ta façon de réagir me fait vraiment pensé à une ancienne collègue avec qui j'ai travaillé. Elle exerce encore comme psychanalyste. C'est de venu une soeur de coeur, pour moi. De tant à autres nous nous envoyons des news. Elle a terriblement morflé au décès de l'une de ses meilleures amies. Elle ne se dépatouillait pas du vide qu'elle ressentait. C'est en aparté. Petite digression, désolé.
Oui, la psy. Avoir passé tellement d'heures sur le divan, avoir bossé formations, séminaires, malgré mon versant diklettante, j'ai "grave" bossé la Psy encore et encore. Et ma fille meurt. Une saloperie de toxique transgénérationnel qui m'a pris "en embuscade", pour reprendre ton expression. J'ai foutu l'intégralité de mes notes, il y en avait un paquet, à la poubelle, de rage et de douleur. Si j'avais pu, je les aurais mises, passe-moi l'expression, aux chiottes et tiré la chasse.
Tout le monde ne parle pas de syndrome de glissement pour décrire l'état de sa mère. ça fait partie de nous la psy, avec un petit p, parce que depuis le décès de Javotte, ce n'est plus qu'un outil comme un autre. Akors, j'avance un peu à l'aveuglette, et j'écoute mes doutes.  C'est sain, je trouve, de se demander si on est pas loufoque, avec ce qu'on côtoie. Il y a de quoi disjoncter. Je me suis dit, j'espère que c'est pas une remontée de cannabis de 45 ans!!! Ce n'est pas pour rien qu'Aldous Huxley a écrit "les portes de la perception"...Mais là, j'avais même pas pris un kir!!! Queue d'ale. Je vais voir si ça tient, tout ça, dans les jours à venir. C'est aussi une lapalissade de dire que notre inconscient est plus intelligent que nous. Alors, je lui fais confiance.
Courage, Eva.

J'avais bien perçu tout ça, Anne.  Tu ne peux pas te retirer ta sincérité. Et ça, ce n'est pas donné à tout le monde. Je suis sûr que tu fais un boulot énorme d'accompagnement et de soutien auprès de ton groupe de parents/deuil.
Comme ma soeur de coeur qui est une excellente psy.
Si je prends l'avis de Vinciane Deprest, ce sont les morts les commanditaires. Il nous échoit peut être d'être vecteur de cette sincérité. Je te remercie de ta confiance.
Pascal.

Agnostique de l'au-delà, ça existe?

je viens de regarder (un peu en biais, ça m'a vite lassé, en fait)  une diffusion de l'agora des savoirs avec Vinciane Despret, autour de son book, "au bonheur des morts".
Oui, je me suis un peu emballé. Sémantique excellente, pivot des focales et personnalité bien en place...Rien à dire la-dessus.
Mais je ne nage pas tout à fait dans les mêmes eaux, avec des points communs. Je la perçois plus comme adjacente et tangente à ce qui se fabrique en nous, parents-deuil. Adjacente avec beaucoup d'empathie, de respect, de compréhension. Mais adjacente. Tangente, car l'étude de l'interaction entre nos défunts et nous participe de ses recherches.
L'art, c'est le processus de deuil qui est commanditaire. Les tableaux que je peins ne me sont pas commandés par ma fille. C'est mon processus de deuil.
Par contre que les morts activent la transformation en nous, les vivants,  là no problème, d'accord 100%, sous un certain angle. Mais est-ce la mort et ce qu'elle amène ou les morts? C'est pas du tout la même chose...ni tout à fait le même sujet de recherches, pour moi, tout au moins. Les effets que provoquent en inter-action avec nous nos plus que chers défunts ne sont pas leur essence. C'est ça mon crédo : comment est Javotte maintenant, où, avec quelles nouvelles vies, sous quelle forme? Bien d'accord par contre, qu'il n'y a que ces inter-actions qui nous guident...Jusqu'à preuve du contraire.