Auteur Sujet: Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.  (Lu 810995 fois)

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Hors ligne vortex

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1620 le: 16 septembre 2018 à 00:27:30 »
C'est très beau ce que tu viens d'écrire. Et ça rejoint grosso modo ce que j'ai décrit sur mon topic.

Nous évolution dans notre deuil :) tout doucement. Délicatement mais nous avançons.

Cela dit je n'ai pas la prétention de te comprendre. Pour ma part il s'agit de ma mère et j'en suis à seulement 6 mois alors que toi tu en es à 4ans
« Modifié: 16 septembre 2018 à 00:32:52 par vortex »

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1621 le: 16 septembre 2018 à 03:17:50 »
8 ans...
ma fille...

Hors ligne Bmylove

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1622 le: 16 septembre 2018 à 09:14:44 »
 Chère Eva Luna,
Je partage ton infinie tristesse, celle qui sera à jamais dans ta vie.
Certaines blessures sont au-delà des mots.

Je te serre fort dans mes bras, si tu veux bien. 
If I look hard enough into the settin' sun
My love will laugh with me before the mornin' comes

Hors ligne souci

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1623 le: 16 septembre 2018 à 12:51:59 »

    Huit ans.
    Huit.
    Une, deux, trois, quatre,
    cinq, six, sept, huit années ...
    à porter "ça" ...
    Résignation à survivre avec la plus terrible des pertes ... résignation sous violence implacable ...
    Acceptation pour ce qui est de vivre encore, avec ce qui te reste, de rester créative ...
    Merci pour ton témoignage, maman de Manue.
    M.
   

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1624 le: 16 septembre 2018 à 19:44:26 »
Je n'accepte pas.
 Je ne me résigne pas.
Je consens juste à prendre acte que c'est arrivé.
Je travaille dur pour vivre malgré, avec... ÇA.
Sans Emmanuelle...

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1625 le: 17 septembre 2018 à 00:27:11 »
Merci de ton soutien , Martine.

Hors ligne souci

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1626 le: 17 septembre 2018 à 13:05:41 »

    Chère Eva Luna,

    Le mot "acceptation" me fait bondir autant que toi, tu sais ...
    Je n'accepterai jamais la mort de mon neveu à 14 ans, par suicide de surcroît, et l'atroce peine de la famille de mon frère ...
     C'est délicat, je sais, ce mot est irritant ...
     Les quatre premières années de mon deuil je les ai vécues dans et par la colère, comme si la colère était la seule manière de contredire ce qui était arrivé, et de garder d'une certaine manière ce cher enfant avec moi ... et puis le soir du 29 juillet 2017, d'un coup, je me suis rendu compte que la barrière de ma colère ne pouvait pas nous rendre le petit ... elle a cédé et fait place à un découragement quasi total et je n'en sais pas plus aujourd'hui ... mais sans doute parce que la mort de Kalahan est une mort par suicide, et que je dialogue avec les personnes désespérées et en grande fragilité psychologique, je fais des parallèles avec les blocages ou à l'inverse, les issues de secours qui permettent d'échapper partiellement aux fatalités mortifères ... ne plus rien accepter de la vie, radicalement, c'est ce qu'a fait un suicidé ... alors pour éviter à d'autres familles ce drame, je fais passer ce message "de pute (?)" que la vie malgré sa cruauté peut apporter des bonnes choses ...

   En fait, les mots ne peuvent contenir autant d'ambivalences que nos états d'âme ... je me bats pour que la balance penche en faveur de la vie, compromis bien difficile à négocier ... et les mots ne disent que ce qu'ils peuvent ...
   Merci de percevoir à travers eux ma meilleure volonté,
   M.

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1627 le: 17 septembre 2018 à 19:36:21 »
Tu te bats pour que la balance penche en faveur de la Vie.. et c'est un noble combat...tes jeunes  aux pensées noires et suicidaires ont de la chance de te trouver sur leur chemin, tu les éclaires de ta présence...de ton expérience, de ton humanité soucieuse de leur vie...
et eux ,ils donnent un peu de sens à ta vie d'après , après le suicide de Kalahan...
mais pas assez de sens pour que vivre ne soit pas aussi une douleur...


"La vie est belle aussi parfois" a été une de mes devises... là, je vis sans devise...

Quelque chose s'est rompu  le soir du 29 juillet 2017, tu luttes contre 2 dragons... c'est très dur...
et personne , vraiment personne n'est à l'abri du craquage...
que j'ai longtemps guetté avec angoisse...

A.

Hors ligne kompong speu

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1628 le: 20 septembre 2018 à 22:01:19 »
Accepter, prendre acte ne pas s'essouffler en luttes vaines  bien facile a dire et combien difficile à mettre en œuvre .....

Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1629 le: 26 septembre 2018 à 13:39:21 »
C'est pas vrai qu'on les oublie pas , les morts...
Bien sûr que si, ils s'effacent progressivement, ils s’estompent de nos vie, de nos mémoires. de notre présent, de notre futur..
Malgré nos tentatives de les garder "vivants"..."présents"...
C'est le propre des morts...
Au fond, on nous exhorte à accepter, sans lutter..., la ligne de démarcation entre les morts et les vivants...pour ensuite trouver sa propre manière de les garder proche de nous..
OK, j'ai tout bien compris...
Le problème c'est que ça ne peut pas s'appliquer à ma morte, ma fille...
Ce deuil majeur, ce deuil d'une essentielle ne passe pas ... il y a un lieu  en moi qui refuse de la laisser au pays des morts... à l'oublier là bas pour me tourner résolument vers la vie...
C'est grave docteur?

Hors ligne Catherine Th

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Re : Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1630 le: 26 septembre 2018 à 22:09:09 »
On ne les oublie pas les morts ... peut-être qu'avec le temps, ils sont moins présents ou d'une façon autre ... peut-être .... mais on ne les oublie pas nos morts ....

Ce deuil majeur, ce deuil d'une essentielle ne passe pas ... il y a un lieu  en moi qui refuse de la laisser au pays des morts... à l'oublier là bas pour me tourner résolument vers la vie...
Tu penses qu'il n'est pas possible de revenir pleinement dans la vie avec ta fille en toi ?

Avec toi en pensée Eva Luna

Hors ligne Bmylove

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1631 le: 27 septembre 2018 à 08:59:30 »
Comment oublier ceux qu'on aime tant ?
C'est impossible.

Affectueusement
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Hors ligne Eva Luna

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1632 le: 27 septembre 2018 à 12:55:04 »
Bien sùr que je sais qu'on ne les oublie pas...
je constate seulement que ne reste que l'idée de la personne morte, son empreinte, sa trace en nous, dans nos vies... mais plus rien d'elle en vrai...
je ne pense presque plus à ma soeur morte...
je ne veux pas de ce destin pour ma fille...



Hors ligne Faïk

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Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1633 le: 27 septembre 2018 à 16:14:52 »
Et pi quoi ? Epigénétique peut-être ...

On n'oublie pas ceux qu'on aime. Jamais.
A moins d'être lobotomisé, alzheimerisé...
Si le fait d'avoir vécu dans leur environnement n'a pas modifié notre ADN, l'expression de notre code génétique en a été influencé pour toujours.
"Je suis", grâce à lui, eux, elle ...  C'est notre héritage, c'est ce qu'ils nous ont laissés. A jamais.

Mais cela ne suffit pas : il manque cruellement de la chair pour enrober nos souvenirs, de la chaleur, des odeurs, un souffle, une pensée. Toute réalité d'eux qui ne s'exprime plus se dissout dans les limbes du temps.
A ne plus les regarder, les toucher, les sentir, nos propres sens s'émoussent et ainsi s'affadissent le grain de leur peau, le soyeux de leurs cheveux, la lueur dans leurs yeux...

Et ça c'est juste insupportable ! Là est cette forme d'oubli. N'est-ce pas les laisser mourir un peu plus ?
Enfin, je crois ...

Je pense à toi, je pense à vous.
« Modifié: 28 septembre 2018 à 12:28:35 par Faïk »

Hors ligne Catherine Th

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Re : Re : Mamandeuil ou la vie après la mort de ma fille.
« Réponse #1634 le: 28 septembre 2018 à 09:29:27 »
il manque cruellement de la chair pour enrober nos souvenirs, de la chaleur, des odeurs, un souffle, une pensée. Toute réalité d'eux qui ne s'exprime plus se dissout dans les limbes du temps.
Oui, même si on l’écrit pour essayer de ne pas oublier (le son de la voix, du rire, son regard, son corps ...) , ça manque cruellement de vie ….

J’espère, je veux croire que face à ce que l’on risque de perdre peu à peu de la personne que l’on aime, on a la possibilité (?), le choix (?) la responsabilité (?) (je ne trouve pas le mot) de la rendre alors plus présente dans nos vies d’une autre façon ….

Pour illustrer ma pensée :
je n’ai pas connu mon grand-père. Mais une personne de la famille (qui n’avait pas un lien « privilégié » avec lui, n’était ni son épouse, ni l’un de ses enfants, ni sa mère …) en parlait régulièrement, évoquait des souvenirs, disait aussi face à des petites situations de notre quotidien : ton grand-père aurait dit ça, aurait fait ça, aurait ri etc …. et surtout les mots étaient entourés de sentiments, d’émotions : elle parlait de mon grand-père avec plaisir, avec affection etc …. (je ne sais pas s’il y avait de la tristesse, je ne l’ai pas perçue ….).
Cet homme que je n’ai pas connu de son vivant, aujourd’hui je peux parler de lui, il a une présence dans ma vie (peut-être même plus que certains vivants).

Même si ça n’enlève pas le chagrin, le manque, je pense que l’on a peut-être encore la possibilité de ne pas" les laisser mourir un peu plus" ... tout au moins le temps du reste de notre vie ....