Madeleine, mon amour, ma fille chérie,
Les nuages sont blancs et bas. Il va neiger. Cela m'importe peu le temps qu'il fait, je préfère même ce temps gris au soleil. Il est comme mon cœur gris, froid en complète adéquation avec moi alors.... Et puis j'ai tellement de bons souvenirs en hiver avec mes 2 filles. Tu te souviens les après midi que nous faisions. On se préparait de supers plateaux télé pour le goûter. Je vous donnais chacune un coussin, une couverture, je me mettais au milieu, vous posiez vos pieds sur mes jambes et l'on passait des moments à rire et discuter, il fallait que je vous caresse le dos, les pieds. J'étais heureuse avec mes filles, mes amours. Vous avez grandi, j'ai toujours été fière, tellement fière d'avoir d'aussi belles filles que vous, si proches de moi, si complices entre elles. Vous êtes devenues des mamans, des mamans formidables, toi qui a fait face à la maladie de Lorette, qui a réussi à faire d'elle une petite fille pleine de courage et de sagesse. En ce moment je n'essaye plus de comprendre pourquoi, j'ai compris une chose je n'aurais jamais de réponse alors ... . Comme tu voies en ce moment je suis relativement calme, peut être même trop calme, le calme avant la tempête!, bah! on verra bien. Cet après midi Monique est venue me voir et elle s'est beaucoup plainte. Elle n'était pas heureuse, sa vie était moche etc... . J'ai respiré un grand coup. Elle n'a rien vu, pas compris que de me dire cela c'était complètement déplacé. Elle a 3 filles, en pleine santé et qui l'entourent, un beau petit fils. J'avais envie de lui dire qu'elle pourrait avoir tous les bonheurs du monde tant qu'on ne lui aurait pas enlevé elle ne saurait pas ce qu'est le bonheur mais je n'ai pas osé. Je l'ai écouté, conseillé de sortir un peu, de rencontré des gens, de s'inscrire à une association. Je m'écoutais dire tout cela et cela me faisait rire au fond de moi, rire jaune comme l'on dit. J'avais un peu l'impression d'un monde à l'envers. Cela fait 3 semaines que je n'ai pas vu les filles , encore une semaine à attendre ça commence à faire long. Mais même ça je l'accepte plus facilement. En ce moment j'ai l'impression que tout glisse sur moi, Je ferme les yeux et je nous revois en train de faire un énorme bonhomme de neige avec Lorette et Gabin dans le terrain. Bien sur ça avait fini en bataille de boules de neige et nous étions rentrés trempés mais heureux. Sur ces souvenirs heureux je vais essayer de dormir pour faire de beaux rêves, bien que ... je n'ai toujours pas rêvé de toi, un jour peut être!. Je t'aime mon amour, tu ne quittes jamais ma pensée, tu es présente à chaque instant, je t'aime tellement. Maman.