Bonjour Eva Luna,
Moi j'étais pétrifiée, je n'ai pu préparer un texte ni sortir un mot sinon hocher la tête pour dire "oui" lorsqu'on m'a demandé si l'on pouvait fermer le cercueil de mon enfant, puis au moment de la descendre dans le caveau....
En général, le matin je m'éjecte du lit en sanglot en me disant que j'ai fait un cauchemar !
Mais je sais qu'avec le peu d'entourage qui me reste, il m'appartient de faire des efforts si eux - à défaut de mots - font un geste....
Pensée affectueuse.
Je pleure mon enfant qui est mort...
Mais en même temps, j'entends sa voix qui me dit avec une légère impatience :
"Maman, ne te tracasse pas pour moi,
Maman, n'en reste pas là.
Oui, mon départ t'a fait très mal !
Oui, tu as toujours mal !
Mais tu sais maintenant que c'était un envol non un naufrage.
Oui, je sais ! Cela est inguérissable...
Mais que cela ne t'empêche pas de penser aux autres et aussi à toi.
Continue à cueillir, maman, tous les bonheurs de la vie. Même les plus petits, même s'ils ont un arrière goût de cendre parfois.
Fais-toi plaisir, chante, écoute de la musique, crée quelque chose avec tes mains, crée quelque chose avec ton coeur, avec ta tête !
Sans cesser de pleurer peut-être, mais crée !
Je te veux vivante, Maman ! Que mon départ devienne pour toi source de vie !
Je t'en prie, ne t'abandonne pas !
Continue, va !
Tu le sais, je suis avec toi tous les jours.
Je te veux vivante, Maman ! "
Extrait du N° 116 du "Pierres Vivantes".