Auteur Sujet: Les ténèbres du désespoir  (Lu 55951 fois)

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N@t

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Les ténèbres du désespoir
« le: 09 mai 2013 à 01:42:36 »
Bonjour à tous


Comme vous je vis la terrible épreuve de la perte d'un enfant. Ces derniers jours j'ai beaucoup erré sur la toile, à la recherche non pas de réponses mais d'un endroit où déposer toute cette peine qui m’étouffe chaque jour. Un endroit où d'autres ressentent les mêmes choses que moi, ne me jugeront pas et ne gafferont pas avec des phrases pseudo-réconfortantes ou pseudo-encourageantes comme ont tendance à le faire les vivants.
Non pas que j'en veuille à mon entourage, mes amis de vouloir me réconforter, mais pour certains, même si je sais qu'ils ne pensent que à mon bien, je ne supporte plus leurs paroles compatissantes. Les "j'admire ton courage" ou les "il faut continuer à vivre pour les enfants" ou encore les "tu dois te battre" ou bien "tu verras la lumière au bout du chemin". Comme si je ne savais pas déjà tout cela, comme si j'avais besoin qu'on me le dise :(

Oui j'ai perdu un enfant, et oui j'en ai encore 2 de vivants et ils ont besoin de leur maman, je le sais. Je dois être là pour eux chaque jour, d'autant plus que je les élève seule puisque je suis séparée de leur père et que je n'ai pas de famille juste à coté de chez moi, mais même si je les aime de tout mon cœur, ils ne remplaceront jamais Tristan.


Tristan c'est mon fils ainé, mon grand amour, mon sang, mon âme, ma vie. Notre histoire fait presque cliché. 2 étudiants qui se rencontrent à la fac et la naissance d'un enfant. Immédiatement s'est nouée une relation quasi fusionnelle entre Tristan et moi. Ce petit être qui grandissait dans mon ventre et que j'aimais déjà à la folie. Ce petit bébé qui me remplissait de bonheur, ce soleil entré dans ma vie, pour qui j'avais décidé d'arrêter mes études de médecine, parce qu'il était la plus belle chose qui me soit arrivé, parce qu'il était ma plus belle réussite et parce que je voulais passer tout mon temps avec lui, ne pas rater une seule miette de sa vie. Ce même enfant pour qui j'ai voulu une vie meilleure des années plus tard, lorsque avec son père les choses allaient mal et que j'ai d'abord décidé de reprendre mes études pour avoir une bonne situation, puis de le quitter pour que les enfants puissent grandir avec une mère heureuse plutôt qu'au milieu des cris et des pleurs d'un couple en ruine.

C'était il y 2 ans et demi. J'ai tout laissé à mon ex contre la garde des enfants et depuis je reconstruisais ma vie avec eux jour après jour. Tristan était mon souffle de vie, du haut de ses 10 ans à l'époque il s'occupait de sa petite sœur, l'aidant pour ses devoirs, son bain, veillant sur elle sur le chemin de l'école, cajolait son petit frère, lui racontant des histoires et l'acceptant même dans son lit les soirs où il disait "j'ai peur dans mon lit quand il fait noir". C'était mon petit homme, si calme, si gentil, toujours souriant, intelligent et mature. On avait enfin trouvé un équilibre, on parlait de l'avenir à court et à long terme. Lorsque je rentre du boulot le soir, épuisée, après avoir récupéré mon petit dernier en périscolaire, je savais que les grands auraient fait leurs devoirs, que j'aurais juste à faire à manger pendant que les petits prendraient leur bain puis à les coucher. Ensuite j'aurais une petite heure juste pour nous avant que Tristan aille se coucher, une heure à profiter de sa présence apaisante, de son visage angélique, à parler de tout et de rien en regardant la télé ou en jouant sur la console.

Et puis un jour il est tombé malade, juste une mauvaise grippe, cette année elle n'était pas sympa la grippe. C'était en janvier 2013, il a toussé pendant un mois puis ca allait mieux....enfin presque. Il restait très fatigué et perdait du poids, semaine après semaine (7kg en 1 mois en février), il perdait sa force et son appétit. Lui qui avait toujours été sportif a même abandonné ses activités, lui qui détestait devoir rater des cours oubliait de se réveiller pour aller au collège  :'(

Jusqu'au jour que je cru être le plus noir de ma vie, celui où le médecin m'a annoncé que mon fils avait un lymphome. C'était le 8 mars, le jour de l'anniversaire de ma maman. Ce jour là fut un cauchemar, d'une agressivité hors-norme. En 24h il est passé des urgences en réanimation, on lui a posé 3 cathéters, fait 2 biopsies dont une de moelle osseuse et l'autre du rein sous cœlioscopie parce que le seul ganglion "visible" était trop mal placé et que l'échographie montrait 2 gros reins complètement infiltrés et il a été mis sous dialyse continue. 3 jours plus tard commençait la chimio, des effets secondaires dévastateurs, la douleur intolérable et ce qui devait être un long périple contre la maladie fut en réalité une course contre la montre. Mais les médecins restaient optimistes.

C'est là que sont arrivées les ténèbres, jamais je n'aurais cru connaitre une telle douleur, une fois de plus en 24h notre vie basculait. Alors que son état de santé commençait à s'améliorer, Tristan nous a quitté, sans prévenir, brutalement, douloureusement, de manière totalement incompréhensible aussi bien pour nous que pour les médecins. Son cœur, si petit dans sa poitrine mais si grand dans la vie était en train de le lâcher. Retour en réa ... Au matin 5 médecins de spécialités différentes (réanimateur, anesthésiste, cardiologue, néphrologue et hématologue) étaient là pour m'expliquer qu'il y avait peu de chance pour qu'il passe la journée, son cœur battait mais il ne pompait plus suffisamment de sang, toutes les drogues avaient été essayée durant la nuit en vain, son cœur refusait de battre suffisamment fort pour lui permettre de vivre. Au fur et à mesure que je voyais sa tension chuter, signe que son cœur s'affaiblissait, le mien ralentissait.

Et c'est là que l'on m'a demandé l’innommable ... On m'a demandé de choisir entre me battre jusqu'au bout mais en vain ou le laisser partir mais en soulageant sa douleur. J'étais bien consciente de ce qui était le mieux pour lui, le plus humain mais il m'était impossible de me résoudre à sortir ces terribles mots, leur dire que je voulais qu'on arrête de se battre pour le laisser mourir. A partir du moment où j'ai réalisé qu'il allait mourir je me suis mise à vomir. En attendant qu'ils le nettoient (il saignait beaucoup), l'intubent et le soulagent à grosses doses de morphine, je reste dans la salle d'attente, les yeux obstinément fermés, comme pour ne pas avoir à affronter cette dure réalité, n'ouvrant les yeux que pour me précipiter aux toilettes rendre ce que je n'avais pas avalé. J'étais à ses cotés quand il a rendu son dernier souffle, mon cœur s'est arrêté, je n'y croyais pas, je serrais sa petite main dans la mienne sous sa couverture chauffante, c'était irréaliste. Je suis restée à ses cotés encore plusieurs heures après cela, le temps que la famille vienne lui dire au revoir et aussi parce que je ne voulais pas le quitter. Je restais là, je serrais sa main, caressais son bras ou son visage et versant toutes les larmes de mon corps. C'était le 28 avril 2013.

Lorsque j'ai quitté le service je n'avais qu'une seule envie, le ramener à la maison, peu importe qu'il respire encore ou pas, peu importe que son cœur batte ou pas, je voulais juste qu'il revienne à la maison. Mais j'ai du lui dire au revoir et partir. Le lendemain je suis allée à la morgue, je devais le revoir, j'en avais besoin, le toucher, l'embrasser, lui parler. J'ai pris dans ma main sa petite main froide et je l'ai réchauffée. Comme si il était juste sorti sans gant une froide journée d'hiver. Et je lui ai dit combien j'étais désolée qu'il ai tellement souffert durant ces 7 semaines de lutte contre la maladie et combien j'étais désolée de ne pas avoir réussi à le sauver, je me suis excusée pour toutes les promesses faites ces dernières semaines et que je ne tiendrais jamais, je lui ai dit combien je l'aimais. Et je lui au dit au revoir ... encore une fois ... en m'excusant pour ce qu'on allait lui faire puisque le lendemain devait avoir lui l'autopsie (pour savoir pourquoi une maladie qui se soigne plutôt bien chez l'enfant et dans les plus mauvais pronostics donnent lieu à des années de combat, pourquoi chez lui il a été si agressif, occasionnant des troubles qui n'auraient pas du être et pourquoi son cœur s'est affaibli. Questions qui intéressent autant les médecins que moi sa mère). Ensuite il y a eu la mise en bière où là encore j'ai voulu être en avance pour pouvoir le toucher, l'embrasser une dernière fois ... et lui parler, encore et encore, lui dire tout ce que j'aimais en lui, tout ce qu'il me manquait, combien j'étais fière de lui, de son courage et de tout ce qu'il était. Et un autre au revoir.

Vendredi ont eu lieu les obsèques, ultime au revoir pour ses amis qui lui ont fait un magnifique hommage en déposant des roses blanches, pour nos propres amis qui l'ont vu grandir. Nous n'avons pas souhaité être présents pour la crémation, nous avons récupéré l'urne lundi pour l'emmener nous même dans la famille de son père, il reposera à jamais auprès de ses arrières grands-parents, dans la concession familiale où iront également ses grands-parents quand viendra leur heure. A chaque étape la douloureuse impression que je l'abandonnais alors que la seule chose que je voulais c'était de voler son corps pour le ramener à la maison, près de moi, qu'il ne me quitte jamais.

Depuis le 28 Avril, je vis dans les ténèbres, mon cœur s'est arrêté, je ne dors presque plus, pleurant jour après jour, me demandant comment je vais pouvoir vivre sans lui. Je n'ai pas envie de mourir, je n'ai pas envie de vivre non plus. en fait je suis déjà morte. Je revis ses derniers moments comme un échec de tout l'amour que je lui portais. Je devais le protéger, le guider jusqu'à l'âge adulte pour qu'il soit un homme bien, j'ai n'ai rempli mon rôle qu'à moitié, m'arrêtant alors qu'il n'avait même pas encore fêté son 13eme anniversaire. En journée je survie, pour le bien de la famille, pour l'amour que je porte à mes plus jeunes enfants, la nuit les ténèbres m'enveloppent.

Rose-Enchantée

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Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #1 le: 09 mai 2013 à 09:30:01 »
Ces ténèbres...
Je ne les connait que trop bien...

Les paroles réconfortantes des gens... aussi...

On ne veut pas aller mieux, on ne veut pas surmonter ça puisque c'est insurmontable...
Je voudrai me laisser mourir, fermer les yeux et que tout ça disparaisse de mon esprit...

Je n'ai moi même aucune envie de vivre...
La moitié de mon coeur est mort le même jour que ma fille...
L'autre moitié survit pour mon fils!

Les derniers instant passés avec ma fille, alors que la vie l'avait déjà quitté depuis qq heure, 1 journée, 3 jours... Je les ai passé comme toi, tout près d'elle. Je ne m'en serai jamais lassé. Sa flamme s'est éteinte un dimanche, et on me disait que l'enterrement serait pour mercredi... Puis cela a était reporté au vendredi, et bien j'été contente de repousser l'ineluctable et pouvoir passer ces deux jours de plus près d'elle... J'avais besoin de ce temps, j'avais des choses à faire pour elle avant qu'elle parte...

Notre mission est de les protéger, de tout leur donner pour qu'ils aient une belle vie...
Et par ma faute, tout ça s'est arrêtée...

La chose que je me disait, que je lui disait, c'est qu'elle ne souffrira jamais!
Elle restera un ange pour toujours, la pureté de l'innocence...
Triste réconfort...

Pour ce qui est du sommeil, je m'interdisait de dormir... Je ne méritait pas ce moment où je ne souffrais plus pendant mon sommeil... Je n'arrivai pas à pleurer chaque jour, tellement j'essayai de contrôler la journée, mais je n'arrivai pas à lacher ce contrôle le soir... J'ai l'impression d'être une machine parfois...

Les choses banales, sont tellement banales c'est horrible...
Etre avec des gens est difficile aussi...


Tu arrives à assumer les journées, c'est bien que tu ai cette force, parce que oui, il y en a qui ne l'ont pas. C'est vrai.
Chacun fait comme il peut... Jour après jour, un pied devant l'autre...

On a pas demander à être dans ce rôles où il nous faut sortir tout notre courage de maman pour affronter la perte de notre doux amour... Il faut arrêter de nous admirer pour ça putain, c'est clair!!! Ca me révolte quand j'entend ça!

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #2 le: 09 mai 2013 à 11:33:05 »


Pas de mot ... je voudrais pourtant ; pour vous deux.

Mais le silence et les larmes.
Et ma main au bord de vos ténèbres.

C'est si peu, pardonnez-moi.



*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

mitzou

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #3 le: 09 mai 2013 à 11:39:46 »
Je pense à vous, à moi, à toutes les mamans, nous passons par les mêmes étapes douloureuses, les gens ne peuvent pas comprendre, ils nous énervent, moi, je ne les supporte plus depuis longtemps et pourtant ça fait si longtemps que j'ai perdu mon enfant mais je vis avec lui, je l'aime tellement, je me réjouis tellement de le revoir un jour. Comme vous, j'ai passé des nuits blanches, j'ai noirci des pages et des pages, cherché de l'aide mais finalement au bout du compte on n'est toujours seule avec notre immense chagrin. Les autres enfants ne remplacent pas l'enfant disparu à nos yeux, les gens sont d'une bêtise lorsqu'ils essaient maladroitement de nous consoler, nous sommes inconsolables et c'est pour cela que ces mêmes gens nous fuient au bout d'un moment, il faut bien qu'ils aillent se distraire.
Je vous embrasse, écrivez, venez sur les forums au moins nous pouvons nous exprimer même si souvent c'est dans le vide et qu'il n'y a pas de retour.

mars29

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #4 le: 09 mai 2013 à 23:30:43 »
Bonsoir N@t,

J'ai perdu mon fils adulte le 26 décembre dernier, dans un accident.

Tout l'amour inconditionnel d'une maman est impuissant face à la mort.
Nous ne pouvons protéger nos enfants de tout. C'est une réalité.
Tu as rempli ton rôle complètement puisque tu as accompagné ton fils jusqu'au bout de sa vie, et même après.

Ta douleur, nous pouvons l'entendre, la comprendre, étant nous-mêmes en souffrance.

Sur les conseils de mon médeçin, m'orientant vers un professionnel, j'ai choisi d'intégrer un groupe d'entraide de parents endeuillés.
Pour des raisons pratiques, ce groupe ne démarrera qu'en septembre.
En attendant, lire des témoignages de parents m'a aidé.
J'ai lu, entre autres, "apprivoiser l'absence" de Annick Ernoult-delcourt, "vivre après la mort de son enfant"de Josette Gril.
Ces deux livres témoignent du deuil de plusieurs parents, ayant comme nous connu le pire.

Et puis les vidéos de ce site nous aident à comprendre ce que nous vivons.
Enfin le forum nous permet d'échanger, de partager nos souffrances .

Je souhaite humblement, que mon message perce ces ténèbres désespérées.
Je t'envoie beaucoup de chaleur et de tendresse.
Marce

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #5 le: 10 mai 2013 à 11:11:08 »
merci pour votre soutien

Rose enchantée je me reconnais tout à fait dans ce que tu décris  :'(


Tout le monde me dit "appelles nous si tu as besoin" mais comment pourrais-je les appeler? pour les dire encore une fois à quel point je suis dévastée? Ils vont finir par en avoir marre d'entendre la même chose et en essayant de me réconforter ils vont m'ennerver parce que j'aurais l'impression qu'ils ne comprennent rien à ma douleur. J'ai la chance d'avoir quelques amis qui ne m'ont pas lâché durant toute cette épreuve, ils continuent à m'appeler ou m'envoyer des messages plusieurs fois par semaine pour m'insuffler un peu de courage alors j'essaye de les protéger car je sais que la route va être longue et que j'aurais besoin d'eux pour ne pas me laisser aller.

En attendant je continue à pleurer, seule, pendant des heures, à lui parler, à me parler à moi-même, à me dire que j'aurais pu le sauver, terrible sentiment de culpabilité, même si face à la situation de certains d'entre-vous elle doit paraitre dérisoire. Pourtant chaque minute je me dis que en tant que médecin j'aurais du voir la maladie plus tôt, être plus alarmiste, mieux l'aider. Même si je ne suis pas hématologue et qu'il était dans l'un des meilleurs services de France, j'ai l'impression que c'est de ma faute si on n'a pas pu le sauver, que j'aurais pu voir des signes d'alertes parce que j'avais les connaissances en dessous de mes yeux de mère. Et même si je sais que tout cela c'est faux et que je n'aurais rien pu faire, que les meilleurs spécialistes n'ont eux-même rien pu faire et que quelques semaines de plus n'auraient rien changé, je garde ce sentiment de culpabilité, ce "j'aurais pu...", 'j'aurais du..."

Je me pose des tas de questions, si je dois déménager puisque ici tout me parler de lui, si je dois changer de vie pour avoir plus de temps à passer avec les enfants puisqu'ils peuvent disparaitre si vite. Les 1er jours j'aurais voulu fuir à l'autre bout du monde, je me suis même renseignée pour aller au canada et puis j'ai réalisé que ma peine me suivrait où que j'aille  :'( Ici je regarde autour de moi et je me rend compte à quel point toute ma vie tournait autour de lui, toute notre vie était conçue pour nous 4 avec les faveurs d'être l'ainé qui lui apportait ce "favoritisme". La télé achetée il y a 1 an et demi alors qu'on ne la regarde que très peu (avant on avait une veille tv cathodique), juste parce qu'on lui avait offert une PS3 a Noël et que l'autre télé n'était pas adaptée. Le petit meuble avec tous les DVD et les jeux vidéo qu'on avait choisit ensembles parce que l'on avait les même gouts, ses jeux à lui auquel personne d'autre ne jouera, le placard plein de jeux de société type stratégie ou jeux de rôle auquel on était les seuls à jouer. Le canapé livré la semaine dernière que j'avais commandé le mois dernier parce que les enfants se battaient pour les places sur l'ancien (seulement la place pour que 2 enfants s'allongent alors qu'ils étaient 3) devenu maintenant obsolète. Sa chambre bleue d'ado achetée il y a 2 ans et le lit superposé des petits dans la chambre juste en face, sa trottinette et ses rollers sur le balcon à coté de ceux de sa sœur. L'ordinateur spécial "gamer" que je lui avais offert pour noël après 1 an de bataille (une configuration pour faire tourner de gros jeux ça coute cher) mais j'avais cédé parce qu'il était toujours 1er de sa classe et s'occupait de ses frère et sœur mais il était le seul à en l'utiliser puisque qu'on a une tour pour l'usage familiale et j'ai mon portable pour le boulot. Ses chocolats de Pâques et la pensée que je lui avais promis que l'on ferait une chasse aux œufs à sa sortie de l’hôpital pour compenser le fait qu'il avait raté celle de Pâques. Toutes ces choses à la maison prévues pour 4 personnes ... :(
« Modifié: 10 mai 2013 à 11:19:29 par N@t »

Rose-Enchantée

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Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #6 le: 10 mai 2013 à 12:10:24 »
Nat, j'ai eu le réflexe moi même de vouloir partir loin, loin, loin dans les premiers jours...
Et maintenant c'est l'inverse, je me dit que si je devais partir de cette région, loin de ma puce, ça serait difficile!

C'est ma fille aînée également, ma seule fille, ma princesse!
Je lui donnai tout ce que je n'ai pas eu, tout mon amour, mes attentions, mon dieu sans elle, comment ferais je...

Le shopping entre fille, qu'on commençait tout juste...
La nouvelle chambre qu'elle n'a quasi pas utilisée...

Ce matin je me suis réveillée en me demandant comment je pouvais faire pour continuer...
Mais comment fait on pour se lever putain!! C'est dingue ça! On est sur cette terre et on continue, quoi qu'il advienne...
Je n'y comprend rien! C'est intolérable comme sentiment!

Pour ce qui est de la culpabilité, cela m'avait échppé que tu étais médecin...
Moi je conduisai et j'ai perdu le contrôle de ma voiture.

COmme toi je rationalise. Petite vitesse, calme dans la voiture, pas pressée, etc
Il pleuvait un peu, j'avais suivi un tracteur dans les chemins peu de temps avant...
Peut être qu'un tout petit peu de terre s'est logé là où il ne fallait pas, que l'eau c'est un peu moins bien évacuée, plus un changement de direction imperceptiblement trop brusque, et c'est l'aquaplanning...

Tout c'est passé si vite ensuite, ces 2 horribles poteaux qui se rapprochaient si vite...
Mon fils a été éjecté malgrès sa ceinture et son réhausseur à dossier... On ne comprend pas trop... Juste une jambe cassée..

Ce qui est sûr, c'est que si l'accident s'été déroulé différement, tonneau ou quoi, et bien c'est peut être lui qui serait mort aujourd'hui... Et ma fille genre paralysée ou morte aussi... Il est dingue d'imaginé que ça aurait pu être pire, malgrès que ça soit tellement horrible...

Ce qui m'aide, peu importe ce qui s'est passé à cet instant. Que j'ai fait une erreur ou non, c'est que je n'ai pas voulu la mort de ma petite princesse... Nullement je ne l'ai voulu...
Je suis humaine, j'ai failli à un moment, et cette erreur à été fatale...
Les conséquences en sont désastreuses...
Mais si ça arrivait à ma meilleure amie, je lui dirait que ça n'est pas de sa faute.

Et ça ne serait pas pour lui faire plaisir, mais je le penserai vraiment...
Alors j'essai de me donner cette indulgence... Enfin c'est un objectif... Pas pour moi, pour mon fils...
Car il mérite, avec ce qu'il traverse, d'avoir une maman qui ne soit pas une mort vivante, mais qui soit là pour kiffer la life avec lui...

Autant dire que le chemin va être très long, c'est certain! Mais c'est l'objectif que je tache de ne pas lacher des yeux...

Plein de courage, encore et toujours...
Bises, Jessica

mars29

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #7 le: 10 mai 2013 à 17:01:44 »
Bonjour N@t, Jessica,

Ne pas lasser tes amis, en leur confiant encore et toujours ta souffrance, c'est tout l'intérêt d'un groupe d'entraide; lieu privilégié pour accueillir tes ressentis, tes interrogations, en partageant avec d'autres parents, la même perte.
Qui? mieux qu'eux, peut comprendre?
Nos amis, notre entourage, avec la meilleure volonté du monde, sont si souvent maladroits; parfois même totalement à côté du bien nécessaire pour nous; par une méconnaissance du deuil en général, plus encore de ce deuil inconsolable qu'est la perte d'un enfant.
Comment pourraient-ils comprendre cette horreur que nous vivons?

Nous avons, nous aurons, un immense besoin de parler de notre enfant.
J'ai choisi un groupe de paroles, pour l'échange; j'aurai pu choisir un psy; l'essentiel étant de déposer cette douleur, de l'accompagner, là où elle peut être entendue.

Le forum est d'une grande aide, sauf que.....c'est le pourquoi de certaines réticences.....c'est un endroit public.

Oui, où que tu ailles, ta peine te suivra.
Nous devons la vivre! la porter! quoi que nous fassions.
Le chagrin pèse lourd, tout nous fait mal!
Nous devons nous accrocher à tous les soutiens possibles.
Chaleureusement,
Marce

Bane

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #8 le: 10 mai 2013 à 20:55:18 »
Oh N@t, comme ton histoire me bouleverse...

Si tu lis mon premier post, tu y découvriras que j'ai perdu mes 2 enfants de 7 et 5 ans des mains de leur père. Je survie en me forgeant un masque aux autres afin de pouvoir souffrir "trnaquille" et je m'accroche toujours à l'idée qu'ils n'ont pas souffert, qu'ils ont été heureux jusqu'à leur dernier souffle.

Dans mon entourage proche, une amie avait perdu sa fille de 6 ans d'un cancer, après des mois de lutte.
J'ai toujours pensé que je n'aurais pas "survécu" à la mort de mes enfants par maladie car il faut être une maman si forte pour être près de son enfant qui souffre, avec l'impuissance comme compagne... Déjà au moindre rhume, à la moindre opération banale, j'aurais tout fait pour enlever la douleur de mes enfants et la prendre pour moi... alors, oui, j'admire ta détermination à être auprès de Tristan et de sa douleur, et j'entends la profondeur de ton désespoir.
Comme ton Tristan chéri, mon fils aussi était de ces enfants raisonnables et gentil naturellement, ouvert aux autres. cela nous fait d'autant plus mal que l'avenir leur était tout grand ouvert, que nous les imaginions déjà adolescent et tous nos rêves s'écroulent.
Je ne sais pas si mes enfants sont "ailleurs", je n'ai jamais eu aucun signe... je crois que j'ai tellement mal, que j'ai coupé tout "canal" vers eux, même s'ils voudraient m'approcher...

Vraiment N@t, je prie pour ton enfant, soulagé des souffrances de son corps mais privé de l'amour que tu avais à lui donner, privé de la belle vie qui l'attendait...
Il faut accepter de souffrir encore, accepter d'être triste du matin au soir parfois.... hurler au ciel que l'on veut qu'ils reviennent, prononcer leur prénom tout haut...

Et puis, un matin, tu vas t'étonner toi même de trouver que ces fleurs du printemps sont toujours aussi jolies, juste avant de repenser à Tristan et reprendre de mornes pensées... mais ce petit bout d'émerveillement, c'est déjà avancer un peu, sans le trahir. J'ai eu cette première sensation devant un paysage des Alpes grandiose...

N@t, personne ne peut nous comprendre, hormis ceux qui ont vécu la même chose, personne, pas même notre propre mère, pas même les psys, pas même les meilleurs amis du monde... j'ai mis 3 ans à le comprendre....écris-nous, écrivons nos peines sur ce forum bienveillant.
Merci à tous de nous lire.
Bane



0388nanie

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #9 le: 10 mai 2013 à 20:58:01 »
je comprends ce sentiment de culpabilité et de souffrance ;j'ai perdu mon fils fauché et arraché à la vie par un chauffard ivre et sans permis il ya 6 mois , j'avais des jumeaux extraordinaires , je vis dans une souffrance perpétuelle , avec une multitude de questions et toujours ces pourquoi lui !!!pourquoi je n'ai rien pu faire pourquoi et pourquoi;;;;;;;;;;; je connais au procès en tant que partie civile nous sommes à peine toléré !l'auteur a été victimisé
nous sommes amputés sans notre Jean être lumineux et brillant; sportif accompli en première année de kinésithérapie
il a fallu d'une seconde pour que notre vie bascule dans l'horreur , l'auteur de la mort de notre enfant habite à 100m de chez nous !nous aussi nous nous demandons si nous devons déménager !!!nous nous couchons avec notre souffrance nous nous relevons avec !
nous sommes en mode survie ! ??? ??? ??? ??? ;

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #10 le: 17 mai 2013 à 01:35:00 »
bonjour a tous

Les jours passent, les uns après les autres, cela fera 19 jours dans quelques heures que Tristan est parti. Je n'arrive toujours pas à dire le mot qui commence par un "m", c'est trop dur.

Les ténèbres semblent un peu moins denses à chaque jour qui passe, les petits me donnent de la force et du courage et à certains moments me donnent même le sourire. Comment résister à la spontanéité d'un petit bonhomme de même pas 5 ans qui vient se coller contre vous en disant "maman je t'aime très fort" puis repart en sautillant, son rire cristallin remplissant la pièce. Mes amis disent qu'ils sentent ma profonde tristesse et que cela explique qu'ils passent tant de temps à venir me faire des câlins. Le matin lorsque des larmes silencieuses coulent sur mon visage pendant que je prépare le petit déjeune, ma fille vient me serrer dans ses bras. Les enfants sont une incomparable source d'amour et de courage, ils sont tellement meilleurs que nous, plus forts aussi.

Après le choc des premiers jours et une demi-prostration, je me laisse envahir à nouveau par un peu de vie. Le désespoir hante toujours mon âme mais la vie reprend son cours, j'ai fini par retourner dormir dans mon lit (alors que auparavant je ne "dormais" que 2h au max, toute habillée, sur le canapé) et après quelques nuits mouvementées, depuis 2 ou 3 jours j'arrive à dormir presque correctement. Je ressens même à nouveau la fatigue.

Par moment je continue à chercher sa présence mais la plupart du temps j'ai accepté qu'il soit parti.... mais pas m***, juste parti, comme si il allait revenir. Penser qu'il ne reviendra pas est beaucoup trop douloureux, d'ailleurs rien que de l'écrire mes larmes mouillent mon clavier. Alors j'évite d'y penser.

Tous les jours je lui parle, dans ma tête et à haute voix. La colère commence à prendre la place de la consternation et de l'incompréhension. Je suis en colère contre la vie, contre mère-nature, contre le seigneur, contre moi-même et contre lui. Mes sentiments se mélangent et ne semblent plus ressembler à rien.

Je suis en colère contre moi pour lui avoir menti en lui disant que cela irait bientôt mieux, qu'il rentrerait à la maison. Je suis en colère contre moi parce que j'ai l'impression de l'avoir laissé tomber. Je suis en colère contre lui parce qu'il m'a laissé tomber, parce qu'il m'a laissé seule ici. Je suis en colère contre la vie qui me l'a pris, la vie qui lui imposé une telle souffrance pour rien puisqu'il n'a même pas eu la chance d'avoir une petite amélioration pour rentrer un peu à la maison, la seule chose qui lui faisait vraiment envie.

Je suis aussi en colère contre moi parce que je me trouve terriblement égoïste. Égoïste a rester là à pleurer sur mon sort, à me demander comment je vais vivre sans lui, à me plaindre de ma solitude, de ma douleur, de ma peine. Tellement égoïste en repensant au courage avec lequel lui il a affronté sa maladie, tellement égoïste à vouloir qu'il ne soit pas parti alors que si il était toujours là il souffrirait à nouveau, tout cela juste parce que moi je ne supporte plus ma propre souffrance.

J'ai vu la vidéo de rose, cela m'a rappelé celle que j'ai fait 2 jours après son départ, pour lui rendre hommage. Je suis en train de travailler sur un autre montage avec les bout de vidéo (trop rares) que l'on a de lui, je prépare aussi un CD pour les mamies.
Je vous met ici la 1ere video
http://youtu.be/Rco3Ac49nAc
« Modifié: 17 mai 2013 à 01:44:50 par N@t »

Rose-Enchantée

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #11 le: 17 mai 2013 à 02:01:45 »
Oooh comme ta vidéo est émouvante!!
Ta petite plume s'est envolée à tout jamais...

Mais ce n'est pas un vide que Tristan laisse derrière lui...
Son visage inspire tant de douceur...
On voit tant d'amour partagé avec ses frère et soeur... Avec toi...

Oh non, ça n'est pas un vide qu'il laisse!!
Mais une montagne de magnifiques souvenirs!!
Quelle chance tu as eu d'avoir était sa maman , quelle fierté tu dois ressentir!!

C'est cela qui doit rester derrière lui il me semble, courage, tu y arrivera!!
En écrivant ces mots, j'essai de m'en convaincre également!!

cilaosse

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #12 le: 17 mai 2013 à 08:21:49 »
Bjr N@t,

J'ai moi aussi perdu mon fils de 20 ans,  Davy, en octobre dernier, emporté par une encéphalite sclérosante en moins de trois ans. J'ai, comme vous, comme nous tous, traversé des moments de révolte à l'idée même de perdre son enfant, surtout après une maladie aussi cruelle. Après 7 mois de deuil la douleur est toujours présente et, parfois, paralysante. Il faut lutter en permanence contre son propre égoïsme (l'absence insoutenable) et le mettre en parallèle avec les souffrances que notre enfant aurait du encore subir si le destin en avait décidé autrement. C'est une piètre consolation et elle vaut ce qu'elle vaut, je le sais bien.
Pour vous tous, un message d'espoir avec ce poème de Françis Jammes, mis en musique par Georges Brassens, et de Davy écoutait souvent. En espérant que nos enfants soient guéris ans la nouvelle dimension qui est la leur.
Le papa de Davy

La Prière

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent Je vous salue, Marie.

Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée Je vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S'écrie: " Mon Dieu ! " par le malheureux dont les bras
Ne purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne Je vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins Je vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid
Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée
Par le baiser perdu par l'amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie Je vous salue, Marie.

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #13 le: 17 mai 2013 à 11:08:53 »
magnifique texte que voilà

Oh oui je suis très fière de mon petit homme, je l'ai toujours été, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai dis à mon entourage, mes amis, mes collègues combien j'étais fière de lui, combien il était gentil et mature, je leur disais toujours que sans lui je n'aurais jamais réussi à refaire ma vie après avoir quitté mon ex, que je ne m'en serais jamais sortie sans son aide et sans son soutien. J'ai toujours été tellement fière de lui, de la façon dont il s'occupait de ses frère et sœur, de ses excellents résultats scolaires tout en restant humble et disponible pour ses camarades et de ses performances sportives. Tristan est un cadeau tombé du ciel, j'espère que bientôt il aura l'occasion de donner à une autre famille tout ce qu'il nous a donné ici-bas parce que ce serait dommage qu'une aussi belle âme ne puisse plus répandre le bonheur sur terre.

Parfois je l'entend encore rire avec les petits dans le salon ou dans la chambre, ou je le revois pleurer dans mes bras la semaine juste avant son hospitalisation parce qu'il avait mal, presque la dernière fois où j'ai pu le prendre dans les bras car après soit il était trop immunodéprimé par la chimio soit il avait tellement mal partout qu'il ne supportait plus que l'on le touche, même pour lui prendre la main, en 7 semaines j'ai juste eu la chance de le serrer dans mes bras une seule fois, la dernière fois, la veille de son retour en réa, jour merveilleux de nouvel espoir où tout allait mieux (moins de douleurs, meilleurs résultats biologiques, moins de saignements)

J'aimerais tant le prendre à nouveau dans mes bras.

Bane

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #14 le: 18 mai 2013 à 11:45:57 »
Bonjour N@t,
Bonjour à vous tous et toutes

Bonjour... Bon-jour... Bon...Jour.... un bon jour, un jour bon.... est-ce que cela existe encore...
machinalement nous répondrons Bonjour! à ceux qui nous adressent le leur, mais ce mot devient vide de sens..


N@t, c'est une très jolie vidéo que tu as fait, ton fils est très beau...
Comment avez-vous ce courage de regarder les vidéos de vos enfants ? je n'ai jamais plus reagrder celles de mes enfats ; les voir bouger, les voir et entendre rire, je crois que cela ne fait que raviver nos douleurs.
Je sais que je vais en choquer quelques uns et quelques unes...
               mais si l'oubli de certains souvenirs douloureux me permets d'être moins malheureuse, alors pourquoi pas....

Il est vrai que parfois, je cherche, à travers des quelques photos, à replonger au coeur de ma douleur, c'est un moyen d'être encore en contact avec eux mais aussi "d'extirper" cette douleur, de la faire sortir de moi dans le but... d'aller mieux biensûr.

Et il est vrai aussi, qu'à l'inverse, parfois, je n'ai pas envie d'être dans la souffrance, et, tout aussi volontairement, je ne regarde pas les photos. D'ailleurs, je n'ai aucune photo de mes enfants "à la vue" : toutes les photos sont dans des albums, sur l'ordinateur, dans des meubles fermés. Je les ouvre à MA demande, les jours ou les heures où je me sens prête à accepter et supporter la douleur...
Je ne cache pas ces photos aux autres, je les cache POUR MOI, POUR MON SALUT.

Je ne veux pas sombrer dans une douleur masochiste, ce serait si facile...et nous sommes toujours "sur le fil" : d'un côté la Vie, de l'autre côté le Néant, l'anéantissement de nous.


Face à la culpabilité, je sais qu'il est  très dur de s'autoriser à ne pas regarder les photos, les films... mais je crois qu'il faut être doux avec notre esprit et ne pas le torturer sans arrêt, sans arrêt, avec ces souvenirs à vif.
Il faut écouter notre "cerveau", notre "âme" ; eux aussi nous disent parfois "stop, ça fait trop mal" et c'est à notre pleine conscience de nous donner le droit de ne pas regarder les photos.
Je ne l'ai jamais expérimenter, mais c'est à cela que sert la méditation je crois ; dire STOP au flot déferlant de pensées douloureuses...


Qu'en pensez-vous ?

Le temps est bien maussade et le moral suit, je sais bien...
Je vous embrasse toute tendrement.
Bane