Auteur Sujet: Les ténèbres du désespoir  (Lu 46079 fois)

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Mammj

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Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #15 le: 18 mai 2013 à 13:04:00 »
A  tous les Parents dans la douleur....

Je n'ai plus de mots, je n'ai  que des larmes, tant les vidéos, poèmes,  livres, odes à ces chers enfants partis bien avant l'heure -  pour qui nous ne voulions que le meilleur c'est une évidence -  me touchent  outre vos ressentis qui font écho aux miens...

Que l'amour pour nos enfants, que  ce qu'ils nous ont apporté de plus fort, de même  que les merveilleux et indicibles moments partagés puissent nous donner la force de continuer notre route, nous éclairer sur ce chemin avec eux à nos côtés, différemment.

De tout coeur avec vous.
Mj
« Modifié: 19 mai 2013 à 08:12:53 par Mammj »

N@t

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Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #16 le: 18 mai 2013 à 17:51:34 »
Je ne pense pas qu'il y ai de formule magique pour atténuer la douleur, ce serait tellement plus facile que ce soit le cas. Chacun doit trouver son propre équilibre non pas pour ne plus souffrir, on sait tous ici que ceci est impossible, mais pour s'approprier cette souffrance et la faire sienne, afin qu'en sorte quelque chose de positif, pour nous mais aussi pour les autre (nos autres enfants quand on en a, nos conjoints, nos parents, nos autres proches que ce soit famille ou amis ... )

La question de "garder des photos ou pas" ou "regarder chaque jour ces images ou pas" rejoint beaucoup d'autres comme celle de "aller au cimetière tous les jours ou pas" ou bien "garder des souvenirs ou pas" ou d'autres qui peuvent se poser.

Il n'y a malheureusement pas de réponse, cela dépend de la culture de chacun mais aussi de sa personnalité, du lien tissé avec l'être (ou les êtres) aimé (c'est d'ailleurs autant valable pour les adultes que pour les enfants) et sans doute aussi de la personnalité du disparut.

Je ne peux donc répondre que pour ce qui me concerne. Regarder les photos et les vidéos de Tristan était très douloureux au début mais c'était comme une douleur nécessaire parce que je ressentais le besoin de le voir, de l'entendre, à défaut de pouvoir le toucher. Étrangement plus je regarde ses photos et moins cela me fait mal, c'est comme un petit rayon de soleil qu'il a laissé derrière lui, de bouts de mon enfant que je peux garder à jamais avec moi, pour moi toute seule, et que personne ne peut plus me reprendre. Le voir à nouveau sourire me fait du bien. Sur ma table de nuit j'ai 2 photos, une "ancienne" d'il y a un an et demi, l'une des dernières que l'on a avec lui et qui soit bien  et une récente, quand il était à l’hôpital. Lorsque je sens le besoin de lui parler avant de dormir en fonction de ce que j'ai à lui dire je regarde l'une ou l'autre et je la caresse, comme si à travers le papier glacé je pouvais atteindre son corps et ressentir à nouveau sa chaleur. Dans le couloir il y a un "mausolée" avec des photos de lui, une carte postale qu'il m'avait envoyé, ses coupes et ses médailles et ses petits jouets préférés (des dés, des balles rebondissantes etc), tous les jours pendant une heure j'y allume une bougie, à défaut de pouvoir aller le voir au cimetière et j'y ai mis un verre avec une rose blanche (il y a également une rose blanche séchée dans ma chambre), chaque jour le lui parle, pas forcément dans la douleur ou les pleurs, parfois je lui parle juste de la journée, de ce que je ressens, de ses frère et sœur, comme lorsqu'il était en vie.

Tristan était un enfant joyeux par nature, pas de ceux qui s'exprime en riant à pleine gorge et en sautant partout, mais de ces natures calmes qui ont toujours un doux sourire aux lèvres, rendant vos fins de journées toujours plus belles. Il a perdu son arrière grand-mère (du coté de son père) l'année dernière. Elle était vieille (96 ans) mais "bien conservée pour son âge" comme on dit. Il jouait souvent avec elle au tarot, à la belote, au rami ou au scrabble (il maitrisait les jeux de cartes depuis l'âge de 4 ans), mais il nous a dit que sa mort ne l'a ps attristé, ce qui l'a attristé c'est la souffrance de sa grand-mère (qui venait donc de perdre sa maman à elle). Tristan n'aimait pas que l'on souffre ou que l'on soit triste. Je suis forte pour lui, j'essaye de ne pas trop me laisser aller au désespoir qui m'enveloppe, même si c'est souvent plus facile de le laisser nous submerger tellement l'injustice de la situation nous prend aux tripes. Dans les moments où la douleur est vraiment trop intense, je regarde ses photos et je lui parle....et cela m'aide un peu à tenir le coup.

Rose-Enchantée

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #17 le: 19 mai 2013 à 00:18:10 »
Des photos à la vue ou pas...

Mais elle est constamment dans mon esprit, donc à ma vue de toute façon...
Et je viens de passer une journée bien triste, avec bcp de personnes, d'amis...
Et pas une fois nous avons parlé de Liah... Et bien, je trouve ça très moche...

Elle existe encore, alors pourquoi ne pas la voir en photo, à défaut de pouvoir l'embrasser et la serrer fort dans mes bras...
Dur de se contenter de ça, mais le peu que j'ai, je ne veux pas l'enfermer dans un placard!

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #18 le: 19 mai 2013 à 00:45:48 »
C'est très étrange comme les gens réagissent différemment face à la souffrance de la perte d'un être aimé.

Des amis m'ont invité à sortir pique-niquer avec les enfants, j'ai donc accepté parce que ce ne serait pas juste de les en priver (les enfants bien sur), et bien certes on a parlé de plein de choses différentes (le temps, le boulot, les amis, les sorties etc) mais on a aussi parlé de Tristan. J'ai reçu ce matin les livre-photo que j'ai fait pour les mamies (ma belle mère m'avait demandé des photos de lui), on a regardé les photos ensembles et un peu plus tard quand les enfants jouaient mon amie m'a demandé si j'avais les résultats de l'autopsie, puis on a parlé de son hospitalisation, de la maladie, du dernier jour aussi.

Je réalise la chance que j'ai d'avoir des amis qui ont bien compris que je refuse d'effacer Tristan de ma vie et qui sont prêt à me prendre dans leurs bras pour me consoler si je verse des larmes en en parlant.

Bane

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #19 le: 19 mai 2013 à 09:29:12 »

Oui, N@t, ces amis là sont une vraie chance et des amis de très grande valeur qui ont compris votre besoin de parler de Tristan, qui n'ont pas peur de sa mort, qui n'ont pas peur de votre douleur, qui vous épaulent d'une manière admirable ...
Beaucoup de personnes évitent de nous parler de nos enfants car ils ont "peur de nous blesser".
Mais n'ai-je pas été comme eux ? j'ai cotoyé moi aussi des gens dans la souffrance, avec le décès de mes enfants et moi aussi, j'ai pris mes distances... je ne savais quoi leur dire, leur douleur me faisait peur je crois, mes pbs du quotidien m'apparaissait telement dérisoires face à leur souffrance, j'imaginais qu'ils voulaient être seuls et tranquilles, je ne me sentais pas "à la hauteur" pour leur dire quoi que ce soit de rassurant ...
Et puis, à l'inverse de personnes (notamment de ma famille) qui m'ont énormément déçu, j'ai découvert la face cachée d'autres personnes ( de ma famile aussi) qui étaient auparavant absents de ma vie, et qui aujourd'hui, sans insistance mais régulièrement, m'appellent pou r dire qu'ils pensent à moi...

Pour ce qui est des photos, des films, biensûr, chacun fait ce qui est bon pour lui ; c'est à travers cette liberté de faire ce qui est bon pour nous, que nous avançons dans nos deuils. 

Cela vous parait peut-être abrupt quand je dis que mes photos sont enfermées, non exposées. C'est ma façon de distiller ma douleur ... exposer les photos de léo et Albane seraient vraiment trop violent pour moi, je ne pourrais pas vivre sous leur regard permanent. Je les sens en moi, ils sont tatoués sur ma peau, leurs médailles ne me quittent pas... de plus, je vis avec un homme et son fils orphelin... mettre les photos de Léo et Albane en exposition, c'est entraver ce que nous construisons. Ce petit garçon sait que Léo et Albane ont existé, qu'ils sont décédés, que leur papa aussi, il a vu leurs photos (et en verra encore) rien n'a été caché.
 Mais pour nous construire au temps présent, je ne veux pas qu'il grandisse sous le regard des disparus.
 
Sur ce même terrain de la mort de nos enfants, nous voyons à quel point le respect de l'individualité est primordial. Chacun témoigne ici de son expérience, son vécu, ses sentiments... mais, à travers un dénominateur commun, nous sommes tous uniques et seuls dans nos douleurs intérieures.


Un rayon de soleil illumine les champs verdoyants de la Savoie ; je voudrais y voir courir Léo et Albane... j'imagine leur âme qui survole les champs de fleurs... ils me manquent tant...

Je vous embrasse chacuns chacunes.
Bane   

Rose-Enchantée

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #20 le: 19 mai 2013 à 10:43:10 »
Nat, tu as effectivement de la chance d'avoir de tes amis...

C'était le baptème des enfants de mon amie, et de sa nièce, née le jour où ma fille est morte.
J'aurai aimé qu'elle dise un ptit mot pour ma Liah.
Juste qu'aujourd'hui il manquait  quelqu'un et qu'on pensait à elle...

OK c'était le jour de SES enfants...
Mais j'ai vraiment eu l'impression que tout était comme avant, ni plus, ni moins...
Saut qu'elle était plus là, mais basta quoi...

C'est si dur...

Bane

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #21 le: 19 mai 2013 à 11:30:51 »

Rose Enchantée, en effet, le silence des autres sur notre souffrance rajoute à notre douleur... nous avons tellement peur de l'oubli... est-ce que les autres ont peur de la contagion de notre malheur ? j'ai aussi parfois ce ressenti que "faire comme si tout était comme avant", cela arrange bp de personnes :-X. Elles se mettent des oeillères pour ne pas voir, ne pas s'arrêter de croire qu'il n'y a que du bonheur sur cette terre.  apr leur mutisme, c'est comme si les gens nous disaient "ne venez pas nous embêter avec votre tristesse, laissez nous tranquille dans notre bonheur, ne venez rien gacher", cela m'énerve assez que nous soyons tout le temps contraint de nous taire, juste pour ne pas gêner.

Je suis sûre que tu trouveras quelqu'un à dit dire cette peine. Pas besoin de la planète entière, juste une personne qui saura t'écouter quand tu lui diras combien tu as mal de cette indifférence.

Rose enchantée,je te souhaite encore beaucoup de persévérance sur cet infini chemin et je t'envoie cette image que je vois de ma fenêtre, une belle buse qui plane avec légèreté et sérénité dans le ciel, au dessus des champs parsemés de pissenlits.

Bane

Rose-Enchantée

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #22 le: 19 mai 2013 à 11:44:37 »
Merci Bane

Darwin

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #23 le: 21 mai 2013 à 18:08:36 »
Coucou,
le travail de deuil est long et tellement irrégulier... Il ne faut pas s'étonner, l'énergie vient et s'en va sans cesse.

Pour ma part, il s'est avéré que ce n'est pas les gens les plus proches de moi (mon mari, ma famille et amis de longue date) qui ont été le meilleur soutien, mais des gens qui étaient juste là pour écouter, m'aider puis me changer un peu les idées (il leur en a fallu de la patience, je suis restée "larvaire" des mois!).
Il faut laisser les gens qui te tendent la main le faire, ils comprendront si ce n'est pas le moment, si tu as besoin d'être seule avec tes souvenirs.

Peu de temps après le décès, une amie m'a conseillé d'écrire les différents évènements, les dates, les mettre dans une boite et la refermer. J'ouvre cette boîte qui contient les seules photos de mon fils "mort-né" lorsque j'ai besoin de pleurer, pour ne pas l'oublier.

Il faut trouver le bon rythme entre le besoin de pleurer et tout le reste.

Celà va faire 6mois pour mon petit bonhomme, je pleure le soir ou sous la douche si souvent...

Mes pensées t'accompagnent

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #24 le: 24 mai 2013 à 20:25:57 »
Aujourd'hui j'ai pas le moral, je pensais pourtant que cela allait mieux, depuis 1 semaine les larmes se faisaient rares mais aujourd'hui je suis une vraie fontaine.

J'ai très peu dormi, ma "nouvelle" chambre étant prête j'y passais ma 1ere nuit. Cette chambre est trop grande, trop vide pour moi, mais Tristan l'aurait adoré. Moi je suis comme Ulysse, je n'arrive pas à m'habituer à cette nouvelle organisation des chambres, chacun seul dans la sienne. Seule Gaïa dort comme une marmotte dans ce qui ressemble plus à un grand bordel qu'à une chambre! Ulysse ne peut plus aller dormir avec son frère la nuit donc il vient dormir avec moi et moi je n'ose plus me lever pour aller voir si ils dorment bien, remettre les couettes comme il faut sur eux parce que "personne n'est à sa place".

Matériellement on occupe l'espace vide laissé par son départ mais les choses ne sont pas "normales", elles ne sont pas "à leur place".

Il faut dire aussi que la 1ere date anniversaire approche, dans 4 jours cela fera 1 mois qu'il est parti. Et le printemps qui n'arrive pas, en dehors d'une petite journée de soleil le WE dernier, le temps reste à la pluie, comme si le ciel partageait mon chagrin. Hier je me disais que la vie était drôlement faite, Tristan est né fin juillet apportant le soleil dans un été qui tardait à se montrer et il a emporté avec lui ce même soleil retardant l'arrivée du printemps.

Je repense à ce poème de Victor Hugo, extrait de son œuvre "les contemplations"

"Oh! je fus comme fou dans le premier moment,
Hélas! et je pleurai trois jours amèrement.
Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance,
Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance,
Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé?
Je voulais me briser le front sur le pavé;
Puis je me révoltais, et, par moments, terrible,
Je fixais mes regards sur cette chose horrible,
Et je n'y croyais pas, et je m'écriais : Non! --
Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom
Qui font que dans le cœur le désespoir se lève? --
Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve,
Qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté,
Que je l'entendais rire en la chambre à côté,
Que c'était impossible enfin qu'elle fût morte,
Et que j'allais la voir entrer par cette porte!

Oh! que de fois j'ai dit : Silence! elle a parlé!
Tenez! voici le bruit de sa main sur la clé!
Attendez! elle vient! laissez-moi, que j'écoute!
Car elle est quelque part dans la maison sans doute! "

Hors ligne coeur

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Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #25 le: 24 mai 2013 à 23:51:53 »
Le 14 avril dernier, j'ai pris conscience qu'un mois venait de passer !
je me suis demandée comment j'avais pu vivre ce mois de cauchemar !
et comment envisager tous ces mois à venir.......

Je ne cherche plus, je fais ce que j'ai à faire au jour le jour, je ne me pose pas la question.
J'ai juste décidé d'accepter toutes les invitations qui se présentaient.
Pour lui,
Pour ma façon à moi  de lutter contre le désir de finir aussi.
Parce qu'il y a encore à faire pour laisser place propre si je puis dire.

Je me suis juste projetée sur quelques mois pour "tenir !" des pauses dans le travail pour garder la tête froide (et le coeur incendié).
C'est ma façon à moi.
De toute manière, trois pas en avant, deux pas en arrière, c'est toujours avancer.
La question, c'est avancer vers quoi ?

Nul ne peut répondre !!!!
"Tenir, toujours tenir ! Tenir le cap ! Envers et contre tout ! Dans la continuité de ton Amour !"

Bane

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #26 le: 25 mai 2013 à 05:40:18 »
N@t,
je viens de lire de votre premier post et votre dernier courrier... et je pleure avec vous... sur la douleur de Tristan, sur votre détresse, et je joins nos douleurs dans des larmes qui me font tant de bien

Déjà un mois dites-vous.... déjà 3 ans que j'ai perdu mes 2 enfants...
Vous écrivez "je pensais pourtant que ça allait mieux".... un mois après... un an après... trois ans après... dis ans après.... pour toujours, nous serons rattrapées par des instants de douleur, de souffrance, de manque... peut-être plus espacés, peut-être moins insupportables mais de la même intensité... 

Alors que j'étais en réunion avec des parents endeuillés, une maman agée parlait d'une anecdote concernant son fils disparu il y a 20 ans... cette anecdote se déroulait 3 ans après le décès de son fils, et en racontant, spontanément, elle dit "c'était tout récent"... 3 ans, c'est tout récent...alors, un mois ... 

             OUI, 3 ANS POUR UN DEUIL D'ENFANT, C'EST " TOUT RECENT "
                        COMMENT LE CRIER SUR LES TOITS ?
                         COMMENT LE FAIRE COMPRENDRE ?
Je vous embrasse.
Ce poème de Victor Hugo est merveilleux...
Bane

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #27 le: 26 mai 2013 à 14:20:23 »
Depuis 3 jours je ne fais à nouveau que pleurer, cela fait tellement mal, je suis en colère contre moi même, je veux, non j'exige qu'on me le rende, je promet que cette fois-ci je ne laisserais pas la maladie le torturer, la phase de négociation est revenue. J'échangerais bien tout ce que je possède contre un moment avec lui, il me manque tellement.
Je me moque de savoir qu'il va bien, qu'il est heureux là où il est, que c'est mieux pour lui, qu'il ne souffrira plus jamais, qu'il me voit et veille sur nous, qu'on se retrouvera un jour et de toutes ces paroles "réconfortantes" que l'on peut bien me dire (et que je me répète à moi-même à longueur de temps, comme si je n'en étais pas vraiment convaincue), tout ce que je veux c'est mon fils, voir son si beau sourire, l'entendre à nouveau rire et même se chamailler avec sa sœur, je veux le trouver dans son lit le soir, je lui donnerais même le mien avec la grande chambre comme il aurait tant voulu, je vendrais même mon âme au diable juste pour pouvoir le voir à nouveau vivre heureux et en bonne santé, je lui donnerais même volontiers pour tenir toutes ces promesses que je lui avais faite pendant son hospitalisation ...

Rose-Enchantée

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #28 le: 26 mai 2013 à 15:21:26 »
Je ne connais pas cette phase... et je ne sais que te dire...
Tout ce que tu demandes est impossible alors pourquoi perdre de l'énergie à te faire du mal...

Je ne sais pas si nos anges nous voit et tout ce qui va avec...

Mais oui, ce qui est sûr, c'est qu'il ne souffrira plus jamais... Ne connaitra jamais la douleur que l'on peut connaitre actuellement...
Ils seront nos petits rayons de soleil pour toujours... Je m'attarde le moins souvent possible à imaginer tout ce que je ne connaitrai pas avec Liah et je chéri tout ce que j'ai eu avec elle...
Quel bonheur immense d'avoir partager ces 6 années avec elle...

Ce qui est fait ne peut être défait, et pourtant c'est moi qui l'ai conduite à cette fin prématurée...
Mais je me dit qu'il faut que je sois sur cette terre pour quelque chose et je vais essayer de m'y employé...

Je ne pense pas que mes paroles soit réconfortante, pourtant j'y met mon coeur...
Tout ce que tu dis je sais que tu le ressens, et je sais que tu ne te fais pas du mal exprès mais j'ai envie de te dire d'être plus douce avec toi même.

Je te souhaite tout plein de courage... Laisse couler toute les larmes dont tu as besoin...
Amicalement

N@t

  • Invité
Re : Les ténèbres du désespoir
« Réponse #29 le: 27 mai 2013 à 18:52:08 »
Je sais bien que je ne peux pas avoir ce que je souhaite :( Mais c'est c'est bien au delà de ma volonté, je me sens telle une enfant qui pense que parce qu'elle souhaite très fort quelque chose, elle peut modifier la réalité. Quand la douleur est trop forte j'ai l'impression que si je ferme les yeux assez forts et que je souhaite encore plus fort me réveiller, alors là je m'éveillerais de ce cauchemar dans la "vraie réalité", parce que cette réalité-ci est bien trop difficile à supporter donc cela ne doit pas être la "vraie réalité"

Plus notre vie se réorganise sans lui et plus c'est dur, déjà qu'il n'est plus physiquement avec nous alors voir petit à petit ce qui faisait que Tristan était Tristan, toutes ces petites choses auxquelles il accordait de l'important, tous ces souvenirs qu'il collectionnait (billes, cailloux, châtaignes, fèves ... ), ces petits jouets qu'il gardait précieusement sans en avoir vraiment besoin, juste parce qu'il aimait cela (genre jouets mc do ou kinder), tout cela disparait de notre vie comme Tristan a disparut lui intensifie le manque et amplifie la douleur, la multipliant à chaque nouveau changement, aussi infime soit il. Je souffre nettement plus maintenant que avant.

En fait je ne pense pas tellement à ce qu'on aurait pu faire ensemble mais à ce que l'on aurait du faire ensemble. Toute ces promesses faites sur son lit d’hôpital, toutes ces promesses non-tenues me rongent. chaque jour il y a quelque chose pour me les rappeler, aujourd'hui encore mon petit est venu me voir en me demandant "maman, je peux boire le jus de pomme?" Et moi de répondre "mais il n'y a pas de jus de pomme" et puis le souvenir.... mais si, il y a du jus de pomme, je l'avais acheté le semaine juste avant qu'il s'en aille, en prévision de son retour à la maison, parce que mon Tristan il adore le jus de pomme et que à l'hôpital il en avait été privé (régime sans sucre à cause des fortes doses de corticoïdes), alors comme il venait d'avoir à nouveau l'autorisation d'un régime avec sucre, je lui avais fait cette surprise d'acheter du jus du pomme et du jus de raisin.

En plus même si je sais que la culpabilité est "normale" dans le processus de deuil et même si je sais qu'elle est illogique, que je n'aurais rien pu faire, mon esprit ne cesse de me torturer. Je me souviens encore de ce jour de Pâques où je lui ai promis que à sa sortie de l’hôpital on ferait une chasse au œufs, juste pour lui, je me souviens encore de cette terrible question ce jour-là "maman, pourquoi je dois autant souffrir pour guérir?" et ce terrible constat d'impuissance aujourd'hui, il a énormément souffert mais il n'a jamais guérit, il a souffert pour rien pendant toutes ces semaines :(

Je m'arrête là car les larmes inondent mon clavier
« Modifié: 27 mai 2013 à 18:55:57 par N@t »