Je ne pense pas qu'il y ai de formule magique pour atténuer la douleur, ce serait tellement plus facile que ce soit le cas. Chacun doit trouver son propre équilibre non pas pour ne plus souffrir, on sait tous ici que ceci est impossible, mais pour s'approprier cette souffrance et la faire sienne, afin qu'en sorte quelque chose de positif, pour nous mais aussi pour les autre (nos autres enfants quand on en a, nos conjoints, nos parents, nos autres proches que ce soit famille ou amis ... )
La question de "garder des photos ou pas" ou "regarder chaque jour ces images ou pas" rejoint beaucoup d'autres comme celle de "aller au cimetière tous les jours ou pas" ou bien "garder des souvenirs ou pas" ou d'autres qui peuvent se poser.
Il n'y a malheureusement pas de réponse, cela dépend de la culture de chacun mais aussi de sa personnalité, du lien tissé avec l'être (ou les êtres) aimé (c'est d'ailleurs autant valable pour les adultes que pour les enfants) et sans doute aussi de la personnalité du disparut.
Je ne peux donc répondre que pour ce qui me concerne. Regarder les photos et les vidéos de Tristan était très douloureux au début mais c'était comme une douleur nécessaire parce que je ressentais le besoin de le voir, de l'entendre, à défaut de pouvoir le toucher. Étrangement plus je regarde ses photos et moins cela me fait mal, c'est comme un petit rayon de soleil qu'il a laissé derrière lui, de bouts de mon enfant que je peux garder à jamais avec moi, pour moi toute seule, et que personne ne peut plus me reprendre. Le voir à nouveau sourire me fait du bien. Sur ma table de nuit j'ai 2 photos, une "ancienne" d'il y a un an et demi, l'une des dernières que l'on a avec lui et qui soit bien et une récente, quand il était à l’hôpital. Lorsque je sens le besoin de lui parler avant de dormir en fonction de ce que j'ai à lui dire je regarde l'une ou l'autre et je la caresse, comme si à travers le papier glacé je pouvais atteindre son corps et ressentir à nouveau sa chaleur. Dans le couloir il y a un "mausolée" avec des photos de lui, une carte postale qu'il m'avait envoyé, ses coupes et ses médailles et ses petits jouets préférés (des dés, des balles rebondissantes etc), tous les jours pendant une heure j'y allume une bougie, à défaut de pouvoir aller le voir au cimetière et j'y ai mis un verre avec une rose blanche (il y a également une rose blanche séchée dans ma chambre), chaque jour le lui parle, pas forcément dans la douleur ou les pleurs, parfois je lui parle juste de la journée, de ce que je ressens, de ses frère et sœur, comme lorsqu'il était en vie.
Tristan était un enfant joyeux par nature, pas de ceux qui s'exprime en riant à pleine gorge et en sautant partout, mais de ces natures calmes qui ont toujours un doux sourire aux lèvres, rendant vos fins de journées toujours plus belles. Il a perdu son arrière grand-mère (du coté de son père) l'année dernière. Elle était vieille (96 ans) mais "bien conservée pour son âge" comme on dit. Il jouait souvent avec elle au tarot, à la belote, au rami ou au scrabble (il maitrisait les jeux de cartes depuis l'âge de 4 ans), mais il nous a dit que sa mort ne l'a ps attristé, ce qui l'a attristé c'est la souffrance de sa grand-mère (qui venait donc de perdre sa maman à elle). Tristan n'aimait pas que l'on souffre ou que l'on soit triste. Je suis forte pour lui, j'essaye de ne pas trop me laisser aller au désespoir qui m'enveloppe, même si c'est souvent plus facile de le laisser nous submerger tellement l'injustice de la situation nous prend aux tripes. Dans les moments où la douleur est vraiment trop intense, je regarde ses photos et je lui parle....et cela m'aide un peu à tenir le coup.