Auteur Sujet: Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,  (Lu 59161 fois)

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Mammj

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Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« le: 21 avril 2012 à 20:56:23 »
Mon amour de fille était inhumée il y a neuf mois...

J'en suis arrivée à me dire que je ne peux vivre sans elle, que je suis la seule à pleurer mon enfant, qu'elle et moi nous dérangeons
en fin de compte. Je vois proches et amis  aller vers leur vie, ce qui est normal mais pour moi, qu'est-ce qui est "normal" ?  
Combien ressentent ce profond sentiment d'injustice qui me tue, je sais que je ne suis pas la seule à traverser l'inexplicable,
l'intolérable, je le  sais, et j'ai honte parfois de me laisser aller ainsi à mon désespoir...

Et,  en plus de ce  manque incommensurable d'elle, des bouleversements qui s'en suivent dans nos vies, à ses enfants, à moi,
il me faut quotidiennement faire des efforts pour tenir debout, pour afficher un sourire les furtifs instants que j'arrive à
provoquer avec ses deux enfants qui l'adoraient.  Ce n'est plus possible... ce n'est plus possible... Je n'y parviens plus....

Chaque jour, je me lève en faisant des plans comme si elle était là : "Tu vois, il n'y a pas le feu, tout va s'arranger crois-moi
mais d'abord tu vas te soigner énergiquement, on fera en sorte que tu puisses voir tes enfants régulièrement , le reste n'est pas urgent et ceux qui ne sont pas contents, on les enverra fermement promener... On leur clouera le bec ! Faisons les choses à ton rythme ma chérie, prends le temps de te débarrasser de cette mauvaise dépression, nous allons y arriver, et dès que tu iras mieux
tu pourras mettre en place ton projet, pour toi, pour tes enfants. Sois-en sûre... c'est de l'ordre du possible"....
J'aurai dû te le répéter cela... quotidiennement, à longueur de temps pour que tu y croies autant que moi !

Elle a cru que j'étais fatiguée, que c'était trop lourd pour moi par ce que dans ma famille on le lui a laissé entendre, parce que
nous subissions les pressions, parce que le corps médical n'a pas su réunir les proches dans un processus de soins  d'amélioration
si ce n'est de guérison et qu'en conséquence chacun a fait et dit du n'importe quoi !
Cette famille qui n'a pas été présente pour elle.... qui, mal à l'aise, ne l'est pas pour moi aujourd'hui et, à la limite c'est aussi bien,
que peut-on en espérer d'autre  ? Tout cela me révolte.

Tu étais mille fois mieux qu'eux ma Cath, trop droite,  trop intègre... fragilisée tu t'es laissée atteindre, on n'en avait pas le droit !
Chaque jour est une torture, je ne veux pas qu'on t'oublie,  j'ai envie de hurler que tu es là, que tu existes....
Aujourd'hui, c'est à mon tour de te demander de m'insuffler  la force de me relever, alors que tu n'en avais plus pour toi-même
toi qui n'as pas reçu le soutien que tu méritais tant, toi à qui, dans la maladie, l'extrême faiblesse, on a fait mal !

Dans une  profonde solitude, ma compagne depuis que tu n'es plus à ta vie, c'est l'amour que j'ai pour toi, l'amour que tu as
toujours porté à tes deux petits, la tendresse que j'ai pour eux, qui me permettent de ne pas m'écrouler....  pas encore !
Que  de regrets tu sais, mais trop tard pour toi.... à qui j'avais pourtant  promis de lutter à tes côtés.
Tu n'aurais pas voulu me voir dans cette  douleur mais pardonne-moi pour tout, je t'aime ma Chérie, c'est toi qui devrais être là...

Ta mamm'
« Modifié: 14 juin 2012 à 16:18:33 par Mammj »

Hors ligne magalilou

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #1 le: 22 avril 2012 à 00:29:21 »
Chère Mammj, comme je me reconnais dans votre écrit mais je vous en prie , il faut que vous teniez. Un jour, et peut être pas si loin que ça, puisque votre petit fils est déjà grand, un jour vos petits enfants viendront et ils vous demanderont de leur parler de leur maman. Il n'y aura que vous pour trouver les mots pour la décrire, il n'y aura que vous pour leur transmettre tout l'amour de leur maman. C'est dur, intolérable comme vous le dites si bien mais je vous en prie tenez, tenez le coup, pour eux et aussi pour nous. Nous avons tous et toutes besoin des uns, des autres.
Je vous embrasse très, très fort.
Avec toute mon affection, douce nuit
Martine, maman de Madeleine

Ce n’est pas parce que vous ne voyez pas de larmes que je ne pleure pas.
 Ce n’est pas parce qu’à nouveau je souris que j’oublie.
 Ce n’est pas parce que j’ai l’air heureuse que je vais mieux.
 Je peux vous offrir le visage qui vous fait plaisir,
 Mais il n’empêche qu’à l’intérieur, je meurs.

Mammj

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #2 le: 22 avril 2012 à 10:36:09 »
Bonjour Magalilou,
Votre petite famille vous oblige à tenir debout, vous êtes bien courageuse malgré tout  dans votre immense chagrin.
Je souhaite que vous puissiez vous relayer et qu'il vous reste un temps d'écoute pour votre fille, fatiguée elle aussi.
Après une journée déchirante, j'ai pu enfin dormir une nuit complète grâce à mon anti-dépresseur (léger) ! Nous sommes
inégaux dans bien des domaines mais que dire  face à la douleur physique mais aussi psychique ?

Après tant de recherches depuis neuf mois, je comprends qu'on puisse imploser... Pour cette raison il faut sortir ce qui
fait mal, percer l'abcès comme on dit... et ma fille si vive, si communicative, si joyeuse,  avant qu'elle ne perde tous ses
repères, (ruptures multiples et coups durs)  avant qu'elle ne sombre dans cette dépression, tout à coup s'est
enfermée sur elle-même,  tous se sont éloignés d'elle...

On est vite oublié(e)s, largué(e)s quand on a perdu la force d'aller au-devant des autres, c'est un cercle vicieux
car plus le vide  se fait autour de soi, plus on perd l'estime de soi, plus on a honte de la situation dans laquelle on se trouve
tout à coup  et plus l'on s'enferme, c'est très vite fait de perdre pied, ou de "se croire" hors de la réalité !
Il faudrait que ces dépressions (de plus en plus fréquentes)  soient  dépistées au tout début car elles font  de sérieux
ravages  dans cette société sachant que  les idées mortifères et le risque suicidaire en sont les symptômes !!!

Il faut que je m'en sorte. Je vous assure que je n'ai pas envie de finir dans un service de psychiatrie où bourrés de
neuroleptiques ont est transformés en 24 h en un robot, et après ?  Les symptômes réapparaissent mais,  plus affaiblis
qu'en y entrant, on est encore moins à même d'y faire face , après avoir  été isolé(e)s un certain temps,  sans compter
le découragement quand  on se croit  sorti(e)s  d'affaire et quelle déception pour celui qui souffre, pour les enfants qui
attendent de reprendre une "vie normale", le travail qu'il faut reprendre, quand tout et tous vous bousculent  dans cette
existence où l'on est vite taxé(e)s de manque de volonté ou de manque de courage... alors que que l'on se trouve, de par la
maladie, dans un ralentissement psychomoteur !
Même conduire devient risqué, ce qu'elle a pourtant dû faire...  son  médecin aurait pu l'avertir de ce danger comme des autres, aurait pu prévenir ses proches ! Mais voilà... jusqu'où mène la désinvolture, le manque d'empathie pour ne pas ajouter...   l'indifférence !
Désespérant.... Ecrasant.... Cruel !  
Mais qui est inconscient ?

J'avais tant à apporter à ma fille, je méconnaissais  toutes les difficultés qu'elle traversait et surtout  la sévérité de sa dépression !
Elle-même n'a pas dû voir venir. Quand on sait son parcours,  inimaginable ces changements. Combien  elle a dû en souffrir !!!
De tout coeur avec vous et votre petite famille Magalilou, que la force et l'amour soient  avec vous tous.
Bonne journée, vous pouvez et saurez  affronter le regard des autres, ce n'est rien comparativement à tout ce que vous faites....

Chaleureusement à tous.  Mammj
« Modifié: 04 mai 2012 à 20:05:11 par Mammj »

mamita

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #3 le: 22 avril 2012 à 14:51:45 »
Bonjour Mammj,

Neuf mois, oui pour moi aussi, Antoine ne vit plus avec nous depuis 9 mois aussi, et malgré des "bonnes conditions" de vie, je sombre dans le chagrin chaque jour.
Je venais d'écrire dans mon cahier, d'écrire à Antoine ... de lui confier "ma peine de coeur" et j'ouvre le forum et voilà, je lis votre message, celui de Magalilou, comme si mon fils voulait me dire, "maman, tu n'es pas seule dans la douleur d'avoir perdu un enfant, d'autres vivent des tourments terribles" ...

Moi aussi j'ai demandé à Antoine de m'aider à VIVRE, mais il a tant souffert en ces deux ans de maladie que je peux souffrir à mon tour, et quand mon corps est douloureux, que mon coeur saigne, je me dis que par rapport à ce qu'il a enduré, ce sont des broutilles.

Oui, nos enfants nous veulent fortes et heureuses de vivre, alors je partage avec vous "la douleur" pour qu'elle soit moins lourde à porter.

Bien affectueusement

MT

Hors ligne Méduse

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #4 le: 22 avril 2012 à 15:57:17 »
Chères sœurs dans la douleur,
En effet, nous arrivons à comprendre davantage ceux qui sont en souffrance et en dépression, maintenant que nous pleurons nos enfants. Devions-nous faire ce douloureux apprentissage pour que nous soyons préparées à soutenir d’autres ou pour contribuer à rendre la société actuelle plus humaine ? J’ai l’impression, que de nombreux parents désenfantés se sont engagés socialement suite à leur inhumaine perte. Peut-être auraient-ils juste profité de leur bonheur sinon. Mais d’abord, il nous faudra nous relever. J’espère que nous deviendrons plus fortes que nous l’aurons jamais été pour changer le monde, lui rendre son humanité. Nous qui savons.
Martine, maman de Madeleine, merci pour tes tendres poèmes. Le regard des autres ne doit pas nous gêner. C’est eux qui savent qu’ils risquent d’être maladroits. C’est un paradoxe : c’est nous qui devons les mettre à l’aise. J’espère que tu tiens bon pour cette journée électorale.
Pour vous, qui avez des petits-enfants : Sur un autre forum de deuil, je viens de lire le post d’une très jeune femme qui avait perdu sa mère à l’âge de 2 ans. Elle est la plus jeune d’une fratrie de trois enfants. Son père s’était remarié et sa nouvelle femme les a élevés à la dure. Le père ne semblait pas leur donner beaucoup d’amour, était juste intéressé par les notes. Personne ne lui parlait de sa maman. Sans doute, ils pensaient qu’elle souffrirait moins ainsi. Jeune adulte, elle a repris contact avec sa tante maternelle pour savoir qui était sa maman. Vous, les mamies, il est très important que vous soyez là, prête à répondre et à aimer vos petits-enfants. Que cela vous donne de la force.
Affectueusement
Méduse

Mammj

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #5 le: 24 avril 2012 à 19:52:25 »
Pour l'instant Méduse mes petits-enfants ne me posent pas de question sur leur maman, sans doute encore trop
douloureux pour eux. Alors de temps à autre je parle d'elle... Ainsi hier soir nous avons diné dans un restaurant chinois
et je leur ai dit que leur maman y venait de temps à autre pour emporter quelques petits plats , ils n'ont pas répondu...
Ce matin j'ai mis un sms à l'aîné lui disant que j'ai été heureuse de cette soirée avec eux deux et que leur maman le serait
aussi ; il m'a répondu : "je le pense moi aussi. merci, bisous"....  J'ai senti que ma fille maintenait  le lien.... elle était avec nous trois.
Cette journée a été lourde, je ne peux m'empêcher de me dire que je n'ai pas compris la détresse de ma fille, jamais envisagé
qu'elle courait un risque suicidaire ce dont j'aurais dû être informée.... Je ne peux oublier que si j'étais restée avec elle ce
soir-là j'aurais été à ses côtés, quoi qu'il se passe ;  je ne pouvais tout éviter mais au moins épargner à mon petit-fils de retrouver
sa maman morte !!!

Ne plus revenir en arrière pour m'éviter cette torture équivaudrait à devenir amnésique, à ne pas penser à la souffrance de
mon enfant, le chagrin immense de mes petits-enfants... Comment réussir à  tenir debout avec une telle douleur.... le manque
cruel de ma fille  et de tels regrets... Je n'en peux plus.

Vous arrivez à écrire à votre Antoine Mamita, moi je n'y arrive pas... je reste paralysée pour le moment ; c'est vrai que
nos enfants ont souffert... je sais que la souffrance de ma fille a été insoutenable et a eu  raison d'elle, j'aurais tant voulu lui
insuffler la confiance et la force de remonter la pente , lui donner ma vie...


Affectueuses à toutes deux, à tous.      Mamm'j
« Modifié: 04 mai 2012 à 20:16:15 par Mammj »

Mammj

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #6 le: 05 mai 2012 à 14:53:43 »
J''aurais tant voulu te dire :      "viens dans mes bras, parle, pleure, après on verra "....
comme il est si fréquent d' y  être invités  sur ce forum......    J'aurais tant voulu te dire :                        
                                                          
                                                                    La nuit n'est jamais complète.
                                                                    Il y a toujours puisque je le dis
                                                                    Puisque je l'affirme
                                                                    Au bout du chagrin
                                                                    Une fenêtre ouverte
                                                                    Une fenêtre éclairée.
                                                                                          Il y a toujours un rêve qui veille
                                                                                          Désir à combler ou faim à satisfaire
                                                                                          Un cœur généreux
                                                                                          Une main tendue
                                                                                          Une main ouverte
                                                                                          Des yeux attentifs
                                                                                          Une vie, la vie à se partager.                  Paul Eluard
Ma chérie...
J'aurais dû te dire fort,  pour toi, pour tes petits, pour moi aussi  :  " tu t'en sortiras, tu n'es pas seule, nous t'aimons".
Ta mamm'
« Modifié: 05 mai 2012 à 21:42:00 par Mammj »

Claudahoa

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #7 le: 05 mai 2012 à 15:05:21 »
Bonjour Mammj,

Comme ce poème est joli!
,si Je vois que tu as toujours très mal,que pouvons-nous faire pour faire naître un rayon de soleil dans la tristesse de ta vie?
Je viens de relire plein de messages qu'a reçus ma Loulou et je pleure Comme je comprends ta douleur mais nous devons faire en sorte que si l'au-delà existe elles soient fières de nous nos petites alors au cas où avançons les années qu'il nous reste à nous nourrir simplement de la vie.
Tes petits-enfants ont besoin de toi,je vois comme mes enfants ont besoin de mes parents depuis toujours et encore davantage depuis le départ de leur petite soeur.Je sais à te lire que tu es une mamie très aimante alors reste le plus en forme possible pour quand ils viennent frapper à ta porte...
Plein de tendresse
Claudia

Mammj

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #8 le: 07 mai 2012 à 09:16:06 »
Bonjour Claudia,

Tout est encore si confus, si précipité, si bouleversant dans ma pauvre tête.... mon morne quotidien sans ma Cath.
Même lorsque je la voyais peu car elle était assez prise quand tout allait bien pour elle, elle était mon rayon de soleil !
Je n'ai eu qu'elle et l'ai élevée seule de 10 à 20 ans.... Elle est revenue vers moi faire une pause, après avoir vécu
une vie de femme - puis de maman -  pendant plus de vingt années,  sans que je sache tout de ses difficultés, ni de son mal,
sans être conseillée ne serait-ce que par un médecin qui m'aurait permis d'alerter ses proches et ne pas tomber moi aussi
dans certains travers, elle devait absolument ralentir, prendre le temps de soigner cette dangereuse dépression....
Aujourd'hui,  c'est à mon tour de connaître le vide autour de moi, voilà le résultat de la méconnaissance de cette maladie,
l'entourage se sent mal et a fui... car tous savent que ma Cath - qui finissait par craindre de déranger -  voulait vivre...

Hélas, je ne crois pas à " l'Au-delà" je n'adhère à aucune religion, j'ai toutefois besoin de me dire qu'elle n'est pas loin de nous ;
je lui parle, je l'appelle, en sanglotant,  chaque jour... depuis le 10 juillet dernier... Il me reste surtout  l'amour que je lui porte,
son amour pour nous tous... son amour pour ses enfants adorés,  que je vois peu mais  dans le fond je me dis que c'est
peut-être un bien pour eux, vu mon chagrin, vu le manque indicible de leur maman que je ressens à fleur de peau du matin au soir....
Ses derniers jours dans les pleurs et la plainte de ne plus remonter la pente, dans  l'incompréhension de tous, me hantent...

Que votre association puisse apporter le soutien et le réconfort à de jeunes en difficulté....
Douce journée à vous Claudia, à ceux que vous aimez....  Mamm'j

« Modifié: 07 mai 2012 à 19:51:35 par Mammj »

Mammj

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #9 le: 12 mai 2012 à 11:51:55 »
Dix mois se sont écoulés, dix mois que mon unique enfant, ma fille, manque à nos vies....  à ses enfants,  à moi !
Je vais relire le livre de C. Fauré, réécouter sa conférence (d'octobre 2011) même si j'ai le sentiment de ne plus rien absorber !
Où en suis-je de la "cicatrisation" sa métaphore de la blessure ? Comment le savoir ?

Psy, groupe de parole, forum, appels parfois sur des lignes d'écoute, bref, rien n'y fait.... ce ne sont que des pansements pour
le moment qui tiennent plus ou moins bien, qui me permettent de tenir les quelques heures dans le mois où je peux voir l'un
de ses enfants, quelquefois  les deux.... ! Et juste après, je  me retrouve de plus belle brisée, en mille morceaux... l'absence de ma fille reste déchirante.... plus rien ne m'intéresse.... je ne fais plus rien !
Il m'arrive d'en avoir honte, car c'est elle qui a souffert, c'est elle qui a été incomprise de tous, non entourée, craignant de déranger !
Le désespoir qu'elle a vécu, je l'éprouve à mon tour .... les autres, ceux qui ont ajouté de l'huile sur le feu... ne sont plus là !
Mais que faire maintenant  quand c'est avant qu'il fallait intervenir ?

Une maman dans une terrible  douleur, toujours dans la culpabilité, qui n'a plus d'horizon, plus de raison de continuer...

« Modifié: 12 mai 2012 à 11:58:18 par Mammj »

Hors ligne Méduse

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #10 le: 12 mai 2012 à 17:54:47 »
Non, Mammj, vous n’êtes pas responsable. Vous avez donné tout ce qui était possible et votre fille le savait. Nous pensons avoir notre destin en main, mais ce n’est pas vrai. Nous ne pouvons pas nous reprocher notre ignorance ni notre imperfection. Heureusement, que nous ne savons pas ce qui nous attend, sinon nous n’aurions pas pu profiter des bons moments que nous avons pu partager avec nos filles.
Chère Mammj, effectivement, avant c’était votre fille qui était au plus mal, maintenant c’est vous. Mais votre fille, elle, ne souffre plus à présent. C’est important de se le redire sans arrêt. Moi aussi, j’ai compris pleinement la souffrance de ma fille qu’après son décès quand c’est moi qui souffrais. Nous avons vécu le pire qui puisse arriver. Mammj, plus rien ne pourra égaler cette peine pour vous.
Le Dr. Fauré a également écrit un livre qui s’adresse tout particulièrement aux proches de personnes qui ont mis fin à leur vie : « Après le suicide d'un proche : Vivre le deuil et se reconstruire ». C’est un des livres où je me sentais le plus compris.
Tenez bon, Mammj. Il est important que vos petits-enfants puissent venir vous voir. Je suis sure que votre fille y comptait.
Courage Mammj, un jour après l’autre
Méduse

Mammj

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #11 le: 12 mai 2012 à 20:51:35 »
Je voudrais tant Méduse me dire qu'elle ne souffre plus, que j'ai fait ce que j'ai pu... Mais tout a été si brutal pour elle,
lorsqu'elle luttait pour se reconstruire une existence avec ses deux enfants adorés, elle-même  était loin de se douter qu'elle allait sombrer dans cette maudite dépression qui l'a terrassée en à peine quatre mois ! Elle ne la  prenait pas au sérieux, personne ne l'a prise au sérieux... Elle se désolait de se voir hypersensible, d'avoir de drôles d'idées dans la tête, j'étais dans le faire pas assez
dans l'écoute, c'est surtout sa psy qui aurait dû l'être mais elle nous a laissés tous dans l'ignorance de ce mal !
Aux obsèques de ma mère, sept semaines avant les siennes, à côté de moi à l'église elle me serrait fort la main pour me soutenir....

Nous venions de terminer les achats pour l'aménagement de sa petite maison, elle allait pouvoir  s'installer, reprendre la garde
de ses enfants qui lui manquaient tant, j'ai pensé  qu'elle était tirée d'affaire alors que  ce n'était pas le cas... Je n'ai pas compris ses larmes son dernier jour.... je n'ai pas compris son message.... ni moi ni les proches.... alors qu'elle était au plus mal, craignait de rester seule ;  elle s'est retrouvée seule ! Son fils est sorti  et est  rentré  trop tard ! Tout l'entourage a  failli, j'en suis consciente.....

Où, comment, trouver  le courage de continuer avec cette réalité....de continuer sans ma seule enfant ?  j'ai surtout le sentiment d'avoir manqué ce rendez-vous avec elle qui, après avoir vécu 22 ans de vie de couple de famille,  était revenue chercher mon aide ! J'ai dû faire  beaucoup de démarches et maintenant je m'écroule.... Par trois fois la nuit dernière, je me suis réveillée en criant :  pardon pardon ma Cath !
Ce cap des 10 mois ne passe pas,  fait encore plus mal. J'ai l'impression qu'elle était parmi nous hier, que je suis seule à la pleurer !
Personne pour elle, plus personne pour moi depuis ce drame trop dérangeant.  Mais pourquoi cette dureté, qu'avons-nous donc fait ?
Je relis le  livre du Dr Fauré et surtout je vais reprendre un anti-dépresseur pour me reposer un peu cette nuit...

Merci Méduse... Douce soirée à vous, à tous.
« Modifié: 12 mai 2012 à 22:30:48 par Mammj »

Mammj

  • Invité
Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #12 le: 02 juin 2012 à 12:38:00 »
Ce jeudi  ma petite fille m'a dit : "tu sais, papa était en train de ranger  des papiers de maman et  tout à coup il a éclaté
en sanglots, mais tu ne le dis pas hein ?"

Ell a ajouté : " Maman voulait revivre avec papa !".  Lorsque je lui ai demandé comment elle le savait, elle a répondu  :
"parce que j'étais-là quand maman  lui a téléphoné ,  j'entendais"... puis elle est repartie à son film,  (9 ans 1/2 !!!).

J'étais allée la chercher à la sortie de l'école, avec la permission du père, pour l'amener chez moi... Pour la première fois depuis
le 20 juillet dernier (jour des obsèques de ma fille, de sa maman) je l'ai emmenée avec moi au cimetière,  où elle a voulu arroser
les fleurs, puis au retour elle insistait pour savoir de quoi sa maman est morte car on ne lui a pas encore dit !
Que répondre sinon que j'allais en parler à son papa, du fait qu'elle me dit qu'elle l' a appris mais veut en être sûre....

Et là j'entends : "non tu ne lui en parles pas car il me demande à chaque fois : de quoi tu as parlé avec mamie ?"

C'est idiot d'occulter ce drame quand elle apprend tout,  soit par des voisins soit par des copines à l'école....

Voilà pour une petite-fille qui se pose bien des questions, alors que son  grand frère évite le sujet...
Deux enfants de ma fille chérie que je voudrais tant voir détendus et en paix...

Pensées amicales.   Mamm'j

« Modifié: 13 août 2012 à 08:56:59 par Mammj »

mamita

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #13 le: 02 juin 2012 à 15:47:54 »
Bonjour Mammj

Je lis votre message et je me réjouis de  constater que votre petite fille se confie à vous ... vous "cheminez" ensemble dans l'amour de sa maman, de votre fille, elle vous éclaire et quand le moment sera venu de dire à votre petite fille la vérité, vous le saurez.

Surtout ne rien cacher aux enfants, ce n'est pas à son grand frère de décider de ce qu'elle doit savoir ou pas ... de toute façon cette petite sait déjà dans le fond de son coeur, alors si vous ne lui dites pas, elle ne vous fera plus confiance. De plus, les enfants ont des petites oreilles qui entendent tout alors qu'on les croit occuper à jouer, ils captent tout.

Je me souviens toujours de ma petite fille (3 ans) qui avait dit avant de se coucher à sa maman "c'est bien parce que à moi aussi vous avez parlé" ceci après que mon fils et son épouse leur aient expliqué que "papa n'allait pas guérir, qu'il allait mourir" . et mon petit fils alors âgé de 7 ans a bien compris que son papa n'en pouvait plus de souffrir, de vivre si lourdement dépendant, (ne pouvant même plus communiquer normalement avec les siens) et qu'il préférait mourir dignement n'ayant plus aucune solution, que celle de souffrir, souffrir encore et encore physiquement et psychologiquement !

Les enfants sont capables d'entendre  la vérité et bien souvent si on ne leur dit pas, ils imaginent dans leur petite tête des choses bien plus horribles encore.

Avec mon soutien chaleureux

Marithé

Hors ligne magalilou

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Re : Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai toujours,
« Réponse #14 le: 02 juin 2012 à 16:21:04 »
Bonjour Mammj, bonjour Mamita,
C'est bien, très bien que votre petite fille vous parle, vous fasse confiance. Elle a besoin de vous, le seul et vrai lien avec sa maman c'est vous. Vous voyez cela semble difficile aussi pour votre gendre. Il doit faire comme le mien (gendre) fuir, tourner la page mais la réalité les rattrape de temps en temps et ça leur fait mal.
Demain va être une dure journée pour nous, maman désenfantée. Je ne veux plus rien que l'on m'offre, plus jamais. Demain j'irais voir ma mère qui ne m'est pas d'un grand secour. Elle ne pense qu'à mon père parti en janvier, je ne lui en veux pas c'est trop dur de faire deux deuils. Moi même je réagis différement à celui de mon petit papa, je pense à lui sans aucune tristesse mais en paix.
Je vous souhaite un week-end le plus paisible possible,
Martine, maman de Madeleine
Ce n’est pas parce que vous ne voyez pas de larmes que je ne pleure pas.
 Ce n’est pas parce qu’à nouveau je souris que j’oublie.
 Ce n’est pas parce que j’ai l’air heureuse que je vais mieux.
 Je peux vous offrir le visage qui vous fait plaisir,
 Mais il n’empêche qu’à l’intérieur, je meurs.