Mon amour de fille était inhumée il y a neuf mois...
J'en suis arrivée à me dire que je ne peux vivre sans elle, que je suis la seule à pleurer mon enfant, qu'elle et moi nous dérangeons
en fin de compte. Je vois proches et amis aller vers leur vie, ce qui est normal mais pour moi, qu'est-ce qui est "normal" ?
Combien ressentent ce profond sentiment d'injustice qui me tue, je sais que je ne suis pas la seule à traverser l'inexplicable,
l'intolérable, je le sais, et j'ai honte parfois de me laisser aller ainsi à mon désespoir...
Et, en plus de ce manque incommensurable d'elle, des bouleversements qui s'en suivent dans nos vies, à ses enfants, à moi,
il me faut quotidiennement faire des efforts pour tenir debout, pour afficher un sourire les furtifs instants que j'arrive à
provoquer avec ses deux enfants qui l'adoraient. Ce n'est plus possible... ce n'est plus possible... Je n'y parviens plus....
Chaque jour, je me lève en faisant des plans comme si elle était là : "Tu vois, il n'y a pas le feu, tout va s'arranger crois-moi
mais d'abord tu vas te soigner énergiquement, on fera en sorte que tu puisses voir tes enfants régulièrement , le reste n'est pas urgent et ceux qui ne sont pas contents, on les enverra fermement promener... On leur clouera le bec ! Faisons les choses à ton rythme ma chérie, prends le temps de te débarrasser de cette mauvaise dépression, nous allons y arriver, et dès que tu iras mieux
tu pourras mettre en place ton projet, pour toi, pour tes enfants. Sois-en sûre... c'est de l'ordre du possible"....
J'aurai dû te le répéter cela... quotidiennement, à longueur de temps pour que tu y croies autant que moi !
Elle a cru que j'étais fatiguée, que c'était trop lourd pour moi par ce que dans ma famille on le lui a laissé entendre, parce que
nous subissions les pressions, parce que le corps médical n'a pas su réunir les proches dans un processus de soins d'amélioration
si ce n'est de guérison et qu'en conséquence chacun a fait et dit du n'importe quoi !
Cette famille qui n'a pas été présente pour elle.... qui, mal à l'aise, ne l'est pas pour moi aujourd'hui et, à la limite c'est aussi bien,
que peut-on en espérer d'autre ? Tout cela me révolte.
Tu étais mille fois mieux qu'eux ma Cath, trop droite, trop intègre... fragilisée tu t'es laissée atteindre, on n'en avait pas le droit !
Chaque jour est une torture, je ne veux pas qu'on t'oublie, j'ai envie de hurler que tu es là, que tu existes....
Aujourd'hui, c'est à mon tour de te demander de m'insuffler la force de me relever, alors que tu n'en avais plus pour toi-même
toi qui n'as pas reçu le soutien que tu méritais tant, toi à qui, dans la maladie, l'extrême faiblesse, on a fait mal !
Dans une profonde solitude, ma compagne depuis que tu n'es plus à ta vie, c'est l'amour que j'ai pour toi, l'amour que tu as
toujours porté à tes deux petits, la tendresse que j'ai pour eux, qui me permettent de ne pas m'écrouler.... pas encore !
Que de regrets tu sais, mais trop tard pour toi.... à qui j'avais pourtant promis de lutter à tes côtés.
Tu n'aurais pas voulu me voir dans cette douleur mais pardonne-moi pour tout, je t'aime ma Chérie, c'est toi qui devrais être là...
Ta mamm'