le 13 Juillet, ma fille décède dans un accident de voiture....Je suis en CDD en tant qu'éducatrice dans un foyer....avec un contrat CDD mais sans date. Là vu les circonstances, alors qu'en 3 ans jamais en arrêt maladie, je suis en arrêt jusqu'au 9 septembre. Aujourd'hui  ma directrice m'appelle pour me dire qu'elle mettait fin au contrat le 31 Aout. Je suis dégoutée, écoeurée....J'ai même été choquée sur le coup. De plus avant que Steph décède j'ai encore donné à fond pour le foyer, suis partit en camp pour le boulot et ai appris le décès de ma fille pendant ce camp. Je suis vraiment en colère contre moi même, j'ai tout donné pour ce p.... de boulot au lieu de profiter des dernières heures de vie de ma fille. Le mois de juin est toujours un mois chargée et moi bonne professionnelle, j'ai priviligié le boulot à mes enfants....Je suis dégoutée, écoeurée....par cette façon de faire....Vraiment choquée. Car je ne peux plus rattraper le temps perdu avec Steph, c'est ça qui me désole et qui me fou en rogne contre moi même....J'ai vraiment été une idiote, une grosse idiote....

Sylvie, comme toi j'ai perdu un enfant, mon unique enfant qui n'avait alors que 20 ans lorsque le 9 avril 2011 la mort l'a subitement pris au passage.....Comme toi je suis, du moins, j'étais éducatrice....+ de15 ans d'accompagnement dans le même établisssement....Comme toi j'ai également ce sentiment d'avoir donné beaucoup trop de mon temps à mon travail, ce métier qui pour moi n'en est pas un, tant je l’exerçais passionnément.....Aujourd'hui, il n'en ai plus question, j'ai tout lâché, parce que le sens que j'y mettais à l'époque n'a plus lieu d'être à présent.....et pourtant, je n'oublie pas une seconde toutes les années passées dans les structures, auprès des usagers et de leurs familles. Tout ceci ne m'appartient plus, je suis en invalidité.....et moi qui n'avait de cesse de dire et de me dire, que personne n'est à l'abri, que la vie peut basculer en une fraction de seconde, qu'on peut à tout moment se retrouver de l'autre côté...à savoir, passer de "soignant" à "soigné".... Je suis de tout coeur avec toi.

Je suis en colère contre moi même....Quand je pense à toutes les heures que j'ai consacré  à ce foyer, au détriment de ma fille....Je suis dégoutée....Avant de partir en camp, j'avais encore des rapports à terminer, fermer les studios des filles....et moi je courais, courais, courais....Steph passait son Bac, je n'avais que si peu de temps pour l'écouter, mais on se téléphonait....j'aurai pu vivre ces dernières heures avec elle, oui avec elle au lieu de penser aux autres...Non je m'étais proposée pour un camp. Que j'ai été naive...Et voilà le merci. La perte d'une enfant est la pire chose qui peut nous arriver, mais la ce manque de compassion, je suis outrée....Bien sur je ne discute même pas de l'aspect financier, la CAF qui vous sucre les allocations, une perte de 25% du salaire....et les factures du décès....Psychologiquement, c'est difficile à assumer tout cela coup sur coup...Je suis choquée, choquée, choquée....

Bonjour à toutes
Comme vous, je travaillais dans le social, secrétaire dans un établissement où sont placés les jeunes en difficulté. J'ai beaucoup donné dans ce travail que j'aimais. L'ambiance était difficile mais je m'accrochais. Puis mon fils qui allait avoir 20 ans s'est suicidé le 22 avril 2011, j'ai repris rapidement car mon médecin pensait que cela m'aiderait, je n'ai pas tenu longtemps. A mon retour, après un arrêt de 3 mois, le directeur m'a convoquée pour me dire qu'il avait un établissement à faire tourner, blablabla... et de fait me retirait mon poste. En bref, j'étais au placard après 4 ans de service.
Je me suis écroulée et j'ai demandé une inaptitude au poste par la médecine du travail, ce qui m'a permis de conserver mes droits au chomage. Je ne voulais plus retourner dans un établissement dit "social" où il fallait se battre tous les jours pour être considérée. Je ne regrette pas mais je ne sais pas comment faire maintenant pour reprendre ailleurs avec le peu d'énergie qui me reste. J'ai encore du temps alors je ne me mets pas la pression et j'essaie de me concentrer sur ma famille qui ne vas pas trop bien et mon deuil.
Je comprend aussi que vous ne souhaitiez pas vous battre contre vos employeurs, j'ai réagi de la même façon. S'engager dans une bataille qui demande une grande énergie alors que nous avons déjà tellement de mal à tenir debout...
Je crois que ces personnes ne valent pas grand chose et qu'il vaut mieux passer son chemin et tenter de les oublier. Je ne veux plus me rendre malade pour des choses qui n'en valent pas la peine, il y a des choses bien plus importantes dans la vie mais je crois que ces gens là ne le savent pas encore...
De tout coeur avec vous
Corinne

Je pense que cette société serait plus humaine si tous avaient déjà perdu un proche.

Sylvie, c’est vrai que je n’aurais pas eu la force de me battre contre mon employeur. Je l’avais fait, mais avant la perte de mon ainée.
Prends ton temps pour t’occuper de toi et des tiens. Fais-toi mettre en arrêt maladie si nécessaire. Tu t’en veux de ne pas avoir plus de temps pour ta fille. Tu pensais bien faire. Nous apprenons à être appliqués, contentieux. Tu ne pouvais pas savoir. Nous ne pouvons que faire mieux maintenant.

Courage, surmonte un jour après l’autre.

Corinne, tu as tout-à-fait raison.

Claudia, je me demande aussi ce que nous faisons ici et que nous sommes de simples marionnettes qui croyons avoir notre libre arbitre alors que tout est déjà écrit ?!

Une petite réflexion encore : Nous avons vécu (vivons) le pire, rien ne nous fera plus peur, surtout pas la mort !

Je vous envoie de la force pour cette journée
Méduse

Bonjour Sylvie,

Prends tout le temps qui te sera nécessaire pour "ta douleur", tout cela est si récent ... oui perdre un enfant c'est un tsunami dans une vie.

J'ai connu, moi aussi cette phase pendant laquelle on culpabilise de n'avoir pas fait ceci, cela : pas assez pris le temps d'écouter, pas  assez été tendre ... nous ne sommes que de pauvres humains bien imparfaites, hélas ; ne regrette surtout pas le temps que tu as passé pour les autres, tel était ton chemin. De plus, ta fille n'aurait pas aimé que tu sois toujours dans son sillage, nous ne devons pas étouffer nos enfants.

Avec le temps, une aide psychologique, mes lectures ressourçantes je me suis apaisée ... j'ai donné beaucoup d'amour à mon fils, (mon petit dernier) comme toi tu en as donné à ta chère fille, il m'en a donné beaucoup aussi, comme ta fille t'en a donné et ce lien d'amour tissé solidement est éternel. Je n'ai plus peur de la mort moi non plus, elle viendra à son heure au bout de "mon chemin".

Attachons-nous à tous les bons moments vécus ensemble plutôt qu'à tout ce que nos enfants ne verront pas, si nous vivons dans le regret, nous ne pouvons pas avancer ... ma belle-fille m'aide beaucoup à "aller de l'avant", avec "leurs" petits elle n'a pas d'autre choix.
Elle ne se croyait pas capable de tout assumer seule et souvent elle me dit :"c'est Antoine qui me donne la force, c'est évident, sinon je n'y arriverais pas"

Mon fils était parti de la maison, la situation est différente pour toi dont la fille vivait encore au foyer familial ... Antoine était dans sa vie d'adulte. Je comprends l'intensité de la douleur dans l'absence quotidienne, ce chemin du deuil est long, très long ... mais nous n'avons pas d'autre choix que de le suivre cahin-caha.

Je t'embrasse et renouvelle mon soutien solidaire à toutes les mamans désenfantées du forum,

Marithé