Bonjour vous tous qui me répondez... ça me fait tellement de bien de vous lire...
Vous savez exactement tout ce que je ressens c'est assez fou comme à la fois ça me fait beaucoup de peine que vous aussi soyez dans cette douleur là et à la fois ça me fait du bien parce qu'au moins vous, vous savez...
oui Marc je crois que perdre nos enfants après tant d'années passés à les soigner, à les emmener de rendez-vous en rendez-vous dans les différents services de l'hôpital, au sessad, à l'école aussi où il faut adapter leur scolarité faires des PAI et j'en passe... c'est tellement prenant que le vide est encore plus grand maintenant... mon colin était suivi par 4 médecins à l'hôpital neuro, cardio, ortho, diabéto, plus trois au sessad , pédiatre, psychiatre et rééducation fonctionnelle... idem pour ninon mais en pédiatrie donc pas les mêmes ppfff sans compter le kiné, l'ergothérapeute, la psychomotricienne etc etc...
en fait toute ma vie n'était plus qu'organisée autour d'eux... je ne travaille plus depuis plusieurs années... je suis prof des écoles et j'ai fait toute ma carrière en maternelle... la dernière année où je bossais les petits qui pleuraient me faisait pleurer... ce n'était plus possible...
et puis mes petits roulant avaient besoin de moi à la maison dès qu'il rentraient de l'école, plus tous leurs rendez vous... depuis que Colin était à la fac ce n'était plus gérable parce que les horaires de fac c'est très décousu... et puis la première année je me suis battu toute l'année pour que le conseil général lui paye un taxi pour y aller (c'est à 25km de chez nous)... jusqu'au bac pas de soucis (pareil les km pour aller au lycée mais il ne pouvait pas prendre le bus avec son fauteuil forcément) et arrivé en fac ils me demandaient 6000 euros pour transporter mon fils... je ne sais pas où je les aurait trouvé
alors j'ai écrit partout, remué ciel et terre et j'ai obtenu gain de cause en les menaçant d'aller au tribunal administratif parce qu’ils étaient hors la loi qui prévoit que le surcout lié au handicap doit être pris en charge pas la collectivité... seulement en attendant j'ai fait tous les trajets pour l'emmener et aller le rechercher chaque fois 50km c'était épuisant et j'ai gagné au mois de mai il ne lui restait que 2 semaines de cours ppfff mais au moins c'était acquis pour cette rentrée ci... et pour tous les autres étudiants handicapés à venir !!!
mon grand n'aura profité de son taxi que deux mois... lui qui était si fière d'avoir réussi sa première année de droit sans même aller au rattrapage... c'est vraiment injuste... il avait plein de projets, il en voulait, c'était un bosseur, il adorait apprendre, il avait une mémoire phénoménale...
pareil il ne pouvait plus écrire depuis très longtemps mais tapait à l'ordi... mais assez lentement et ça lui demandait pas mal d'efforts... en rentrant de la fac un jour il me dit qu'un de ses copains avait mis 2 heures pour faire un commentaire d'arrêt et lui 6h
alors je me suis renseigné, j'ai fait des recherches et je lui ai acheté un logiciel de reconnaissance vocale bien adapté à son élocution qui petit à petit allait se détériorer aussi... je n'ai pas regardé à la dépense, il a appris à s'en servir tout l'été... c'était génial il nous envoyait de long mails sans fatigue, il écrivait un roman aussi et là il avançait vitesse grand V... il était fin prêt pour cette année...
cette fois il va servir à Ninon…
mon Colin a été fauché en plein vol... mais je n'arrive toujours pas à y croire... je suis comme s'il était juste parti en voyage... sauf les dimanches où je m'autorise à le pleurer... en semaine je tiens... sauf s'il arrive encore un ennuis où là parfois je craque... mais je ne m'autorise pas à pleurer devant la famille ni les amis... je crois qu'ils ne comprennent pas... alors je fais ma forte... comme toujours... il n'y a que dans les bras de mon amoureux que je peux pleurer en sécurité... mais il est loin et on ne se voit pas souvent...
parfois j’entre dans sa chambre et ça va… je lui parle… devant son urne…j’y pose ma main… d’autre fois mon cœur se serre tellement que ça me fait mal physiquement… comme si mon cœur se déchirait en deux… et je me dit que ce n’est plus lui de toute façon…
Marc, raconte moi ce qu’il avait ton Pascal… tu veux bien ?