Bonsoir à tous,
je suis nouvelle sur ce forum. J'ai perdu mes 2 enfants de 7 et 5 ans il y a 3 ans maintenant, des propres mains de leur papa qui a eu la bonne initiative de se suicider ensuite. J'ai découvert les messages de Real sur le même sujet et c'est cela qui m'a incité à venir à votre  rencontre.
Grace à ce site, je viens de mettre des mots sur ce qui m'arrive depuis 6 mois environ, la période de déstructuration. c'est très rassurant de savoir que ces "symptomes" existent et sont reconnus des vrais porfessionnels. depuis peu, j'ai entrepris d'aller voir une psy, elle est gentille mais je crains qu'elle ne soit spécialisée dans le deuil... elle me cherche des solutions pour ce que je vis aujourd'hui mais elle n'a guère entrepris de me questionner sur le deuil de mes enfants.
Comment trouver le bon spécialiste ?

Y a-t-il d'autres parents sur ce site dont l'un des enfants ou les enfants sont décédés de cette manière -ci ?
Je cache mon malheur à mes nouvelles connaissances, à mon nouveau travail. Ce n'est pas la solution ... mais le dire n'est pas une solution non plus... car il n'y a pas de solution.
Je suis épuisée de donner le change, de faire croire que tout va bien, à tout assumer. 
"le chemin monte-t-il tout le temps ? Oui,
Le voyage prend-il toute la journée ?  . Oui, du matin jusqu'au soir mon ami"

Bonjour Bane,

Je t'accueille sur le forum,en espérant vivement que d'autres personnes viennent rapidement te soutenir elles aussi!

Ton histoire est très lourde.
Un psy spécialisé dans le deuil me parait indispensable.

D'autres personnes ici pourront peut-être répondre à ta question;Comment le trouver?

J'ignore si d'autres parents,autres que Réal ont perdu des enfants de cette façon sur le forum.

Ici tu peux déposer ton fardeau,montrer ta souffrance,être entendue,entendre,partager.

Nous sommes tous dans la peine,sur ce chemin épouvantable du deuil!

Je t'offre tout mon soutien,Bane,
A bientôt!
Je t'embrasse,
Marce

Merci, merci tant de vos messages.

J'habite vers Clermont Ferrand, dans le Puy de Dome.

Depuis plus d'un an, je me suis rapprochée de l'antenne de JPV (Jonathan Pierres Vivantes), j'ai rejoint celle de mon département actuel suite à un déménagement récent. Un déménagement, c'est un nouveau départ.. c'est ce que me disent les gens... c'est aussi un déracinement et une difficulté rajoutée à refaire un réseau de connaissances qui ne peuvent pas toujours comprendre. Alors, j'ai préféré taire mon drame ; cela me met en décalage permanent avec les gens autour de moi mais c'est aussi une protection face à la compassion mielleuse de certains ou leur fuite.

Je ne savais pas qu'il existait une association pour les enfants victimes, je ne manquerai pas de les contacter rapidement , merci beaucoup pour ce renseignement précieux.

JPV est aussi une formidable association... mais les horaires des permanences tenues par les bénévoles du puy de dome ne me permettent pas d'assister au groupes mensuels. Cependant, les conférences et les quelques réunions auxquelles je suis allée, sont très porteuses d'espoir et de bienveillance.
La vie nous réserve de drôle de chemin. Je repense à mon enfance si douce, ce parcours tout tracé avec mon mari qui était un homme tendre et doux et qui a sombré dans la folie, la dépression maladive, sans que personne ne voit rien... nous étions en instance de séparation depuis 8 semaines... le jour de la fête des grand'mères, il les a endormi avec des médicaments puis a mis le feu à notre maison... je n'étais pas là.. au matin, c'est moi qui l'est découvert après que la voisine m'ait téléphoné "il y a de la fumée qui sort de la chambre du petit" m'a-t-elle dit... Je ne porte pas de haine. Je suis en colère et cela ne s'exprime que par une impatience et une irracibilité accrue que je fais porter à ceux qui m'entourent.

Parmi les nombreux et très bons conseils que je n'ai pas suivi et qui sont donnés dans ce site, il ya le "prendre son temps". j'aurai dû prendre le temps, mais d'un autre côté, l'activisme a été ma bouée de secours (j'ai repris le travail après 6 semaines). Pas de médicaments, un sommeil obtenu par fatigue physique (je me suis mise au sport). Une inscription directe sur Meetic pour ne pas rester seule.
A ce propos, concernant la psychiatre que je rencontre, je pense en effet qu'elle n'est pas spécialisée dans le deuil, mais de fait, je ne parle pas de ce que je ressens lors des séances et j'axe beaucoup nos rendez-vous sur mes difficultés actuelles dans mon couple. Ses conseils sont bons : prendre du temps pour moi, c'est son "mot d'ordre". Mais j'aurai aimé que, spontanément, sans que cela vienne de moi,  elle m'aide à explorer ma douleur.
Aujourd'hui, ce qui me manque le plus, ce sont des moments de solitude. Je ne suis jamais seule, mais toujours dans le tourbillon d'un quotidien dont je n'arrive pas à me défaire. J'ai un travail prenant et interressant.

Merci encore de vos messages.
Mes enfants me manquent, vous comprennez si bien vous tous ...je rêve parfois que je vais les retrouver sur le bord de la route.. j'en pleure d'autant plus que je sais que cela n'arrrive pas... il n'y a que ceux qui le vive qui peuvent entendre la profondeur d'un tel manque.
Bonne soirée à vous tous.
Je vous embrasse

OUi, Rose enchantée, tu as parfaitement raison.. il faut que cela sorte, c'est en train de sortir et cela fait si mal... l'image de l'accouchement est bien vrai. Et cela fait déjà 3 ans, la plaie est toujours aussi à vif...

Aujourd'hui, mon fils aurait eu 11 ans.
J'ai passé la journée au travail, je n'y ai que trop guère pensé.
Ces dates ... ces anniversaires, la date du décès, la fête des mères, l'arrivée du printemps, les noel, les paques... tous ces plaisirs sont devenus des épreuves.
Je rentre à la maison. Mon conjoint (il est veuf) fuit ma douleur, ne veut pas la voir. Quand je lui dis que c'est l'anniversaire de mon fils, il fait celui qui n'a pas entendu, parle d'autre chose. Ma douleur ne lui fait pas peur, elle le gêne... il me dit qu'il faut que "je passe un cap" car je ne veux toujours pas que son fils m'appelle maman. Alors je lui cache ma douleur et cela ronge notre couple en silence.
Je songe depuis des mois à fuir cette relation dans laquelle je me perds, dans laquelle ma douleur n'est absolument pas reconnu.
Je n'arrive pas à trouver ce courage et pourtant, je connais l'issue de cette relation dans laquelle j'ai tout donné mais qui ne m'a guère apporté en retour. J'ai l'impression d'avoir gaché mon temps....
Rose enchantée, je ne veux pas te dire que tu as de la chance car il te reste ton fils... cette phrase, tu l'as surement déjà entendu.. tout comme on m'a rabaché que j'aurai bien vite d'autres enfants parce que je suis jeune... j'ai 37 ans... nos enfants qui sont morts, ce n'est pas comme un gateau raté que l'on peut recommencer, c'est plutôt comme une amputation ...

Ce soir, le coeur n'y est pas, mais qu'est-ce que ça fait du bien de pouvoir vous le dire !
Merci de vos yeux tendus vers nos messages, de vos coeurs ouverts à nos douleurs.
et puis demain, le soleil sera là. J'aimais habiter dans les ALpes car chauqe matin, en regardant les montagnes, je me disais qu'elles seraient encore là le lendemain, solidement ancrées à la Terre... pas comme nos vies fluettes...

depuis le décès de mes enfants, je me pose sans arrêt des questions sur le sens de nos vies... je mesure mieux la chance de vivre dans notre pays (malgré la crise !) et souvent le matin, je me demande à quoi sert ce que je fais... pas vous ?

Bonne soirée à vous toutes et tous.
En pensées avec nos enfants devenus anges.

Bane

Oups je vous avez mis le mauvais lien...

Mes amitiés du jour
Rose enchantée

(Du nom que ma fille donnais à ses poupées lorqu'elle jouait... Elle voulait appeler ses enfants, si c'était des filles, Rose Enchantée, Rosella et Rose... :-) Je me prend à rêver que j'aimerai appeler sa future petite soeur, Rose...)

Bonjour Bane,

Nos histoires sont bien différentes. Par contre j'ai l'impression que nous avons le même "genre" de caractère. J'ai 36 ans et tu en as 37. Moi aussi, j'ai refusé et je refuse encore la médicamentation, moi aussi, je donne le change au quotidien, moi aussi, j'ai tenté de reconstruire une nouvelle vie en déménageant (et finalement, je suis revenue de là où j'étais partie)... Mais contrairement à toi, j'ai trouvé tout de suite la bonne psy, celle qui était spécialisé dans les deuils tragiques et violents.
Elle m'aide beaucoup.

J'ai lu ton histoire avec effarement. Je ne cherche pas à trouver les mots justes pour t'apporter du réconfort, car je sais qu'ils n'existent pas.

Tu disais que ton conjoint ne comprenait pas ta douleur. C'est aussi ce que je ressens au quotidien. Mais les autres peuvent-ils comprendre ? Je ne le pense pas. Même quelqu'un qui aurait vécu le même drame ne réagirait pas de la même façon. Mais il faut parler, parler et encore parler.

Parfois, je hurle dans mon jardin, seule.
Je m'en prends aux étoiles, aux Dieux divers et variés, à la vie.
Et je rentre avec un sourire pas très franc mais présent quand même.

J'ai, par le passé, joué avec le malaise des gens, en leur racontant mon histoire avec des mots crus et une violence volontaire. Mais après tout, je n'ai fait que retranscrire la violence que j'avais éprouvé. Ca me donnait une espèce d'aura étrange auprès de "ces gens", un sentiment de puissance. Aujourd'hui, avec le recul, je m'en veux un peu d'avoir agit de la sorte. Parce que justement, personne ne peut comprendre.

Bane, il y a une chose qui est sûre, c'est que ta douleur se ressent dans tes mots. Je voulais t'apporter toute mon amitié, si digitale et virtuelle soit-elle. Ce que tu as vécu, personne ne le mérite. Je souhaite de tout coeur que ta souffrance trouve écho dans quelque chose de constructif, qui t'aidera à avancer.

Amicalement,

Merci de vos messages,
je ne me rendais pas compte à quel point ma douleur transparaissait dans mes écrits... mais c'est vrai que je souffre.
J'habite aujourd'hui à Clermont Ferrand, je m'y sens plutôt seule.


Je suis au travail et je ne peux pas vous répondre longuement,

A demain, à vous toutes.
Je vous embrasse

Bane

Bonsoir, et merci Real, j'espère que tu as bien reçu mon message.

Aujourd'hui, j'accompagnai le fils de mon conjoint au parc...dans le parc, plein d'enfants jouent... il y en a deux qui happent mon regard, je sens que je commence à les regarder comme des extra terrestres...car  ils ressemblent à ce que serait devenus mes enfants..; leur 2 ans de différence, la douce complicité d'un frère et d'une soeur qui s'aiment, la fille a la même coupe de cheveux qu'Albane, le garçon est bienveillant comme Léo... je me mets à pleurer, devant tous, mes larmes coulent, mes pensées s'emballent, si la fille se retournaient et découvrait le visage de ma fille...c'est tellement fou et douloureux que mes larmes redoublent...

Ce qui me fait très mal aussi, c'est de me savoir seule.
Plus d'enfants, pas d'avenir de grand-mère pour moi, personne qui veillera sur moi quand je vieillirai, pas d'enfant à admirer devenu adulte...

Mon conjoint acuel ne veut pas d'enfant; Moi j'aurai voulu, mais sans le soutien d'un homme, je n'aurai pas la force (ni l'imbécilité égoïste) de faire un enfant seule... et j'ai déjà 37 ans.... et me voilà face à mon avenir de femme seule. Et puis j'ai peur de la maladie, du handicap pour un enfant à venir...

Je me sens dans une vie étriquée alors que je devrais me foutre de tout, dire "merde" au travail et embrasser la vie à bras le corps.
Je n'y arrive pas, je continue "métro-boulot-dodo" un semblant de vie de couple avec la lourde responsabilité d'élever l'enfant de mon conjoint, à la place de sa maman défunte. Mais je le sens bien, cet enfant m'insupporte et me fait pitié à la fois, rien de bien réjouissant pour lui...

j'ai tant d'idées moroses ce soir, cela fait 3 ans et j'en suis au même point, si ce n'est pire qu'il y a 3 ans en arrière.
Je suis en manque de mes enfants, comme en manque d'une drogue...Ce soir, je pleure, je pleure, je pleure encore...je voudrai pleurer dans les bras de quelqu'un suffisant fort pour entendre et écouter ma douleur.

 je pense à cette journée de travail qui m'attend demain, je n'y arrive plus...je voudrai un travail tranquille où je n'ai pas à manager du personnel, tous ces conflits me rongent

...     Ah Bon dieu, que ça fait mal... 

Merci de votre lecture.
Demain, ça ira mieux, je le sais.

je pense que la méditation ou le yoga (ou la sophro) pourraient m'aider ; qui a de quelques conseils à ce propos ?
Bonne soirée à vous tous

Bane