FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Être un parent en deuil => Discussion démarrée par: MALAU le 16 octobre 2012 à 00:03:49
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Bien le bonsoir à vous tous, parents qui me lirez,
Je viens ici ce soir pour vous faire partager un étrange ressenti qui s'opère parfois en moi, et savoir aussi auprès de vous,si certains l'ont ou l'ont eu également ? Je m'explique....: mon unique enfant âgé tout juste de 20 ans, est décédé brutalement il y a 18 mois. Avant ce drame, mon fils suivait des études à la fac, et de ce fait, avait "quitté" mon domicile pour intégrer la cité universitaire. Bien que ce départ fût douloureux pour moi, chemin faisant, j'acceptais mieux cette situation, acceptant par la même que mon fils grandisse, et se prépare tout doux à voler un jour de ses propres ailes. Mon deuil se terminait peu à peu lorsque survint le drame...18 mois sont passés, autant dire, une goutte d'eau dans un océan, avec plus de tempêtes que d'accalmie....mais parfois, lorsque un moment d'apaisement vient à moi, je suis habitée par le sentiment étrangement identique à ceux que je pouvais avoir avant, lorsque pendant que je savais mon fils à la fac à sa vie d'étudiant, je pouvais en toute quiétude, mener moi aussi ma vie professionnelle, amicale, de mon côté, en sachant que nous n'étions jamais loin de l'autre, et que le we était le temps des retrouvailles....le temps pour lui d'être mon petit....le temps pour moi de redevenir la maman de mon "GrandPetit", la maman bichonnante....Ainsi, nous nous étions habitués à cette nouvelle vie, à distance l'un de l'autre, mais avec autant ( sinon plus) d'Amour l'un comme l'autre, l'un pour l'autre... Aussi, il m'arrive parfois de ressentir cette identique sensation, cette identique situation....comme si il était a la fac, et moi, à ma vie ( bien que je n'ai plus rien de ce que j'avais du temps de son vivant, j'ai quitté mon appartement ( je vis depuis un an chez une amie, dans l'attente d'un départ iminent et définitif dans un autre pays), j'ai quitté mon travail (15 ans dans la même boite en tant qu'éducatrice), et pourtant, bien que je l'eus vu de mes yeux, allongé, inerte, froid....bien que je l'eus accompagné dans sa nouvelle et dernière demeure, que je dû choisir son cerceuil, que je vais me recceuillir sur sa tombe, que j'embrasse inlassablement son prénom gravé sur la pierre, que je pleure à en crever, sa mort, son absence....malgrè tout, il me semble parfois, qu'il est a la fac, à sa vie...pendant que moi, je suis à la mienne, posée sereine...mais ce répis aussi bon soit-il est vite courcicuité par mes pensées qui me rappèlent à l'ordre et me disent: ne crois pas ce que tu ressens, c'est faux, ton fils n'est pas à la fac, il est mort.....Ainsi, mon temps de répis s'achève, court, mais si bon....Merci de m'avoir lu....désolée d'être parfois confuse et compliquée dans mes dires...tout me coute, parler, écrier, et pourtant, si je veux pas perdre le nord, je dois parfois faire quelques efforts, en commençant par me confier à vous, et recevoir tous les conseils, les soutiens de vous qui vous retrouvez à travers moi, qui pour certains sont aussi passés par là.... Des pensées chaleureuses à vous tous.
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Bonjour Malau,
Ton message m'interpelle parce que je ressens parfois la même chose.
Mon fils aîné est décédé brutalement il y a 10 mois et je me surprends, surtout quand je suis au travail ou à l'extérieur de notre maison, à penser qu'il est au lycée et qu'il va rentrer.
J'ai eu cette sensation très souvent au début, beaucoup moins voire plus du tout pendant plusieurs mois et cette sensation revient maintenant en force.
Je me contrains à chaque fois à "rouvrir les yeux" pour ne pas oublier.
Je suis "heureuse" de te lire, je me demandais si je ne devenais pas siphonnée...
Bon courage dans ta nouvelle vie.
B.
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Ce sentiment je le ressens aussi de plus en plus par rapport à ma fille, mais avec la certitude qu’elle est bien dans cet endroit ou cette forme où nous allons nous retrouver quand mon heure sera arrivée. Nous sentons qu’ils sont toujours là bien qu’ailleurs.
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Merci Bluette et Méduse pour vos retours...merci de réconforter mes ressentis, grace au témoignage des votres... Avec du recul, dans le drame qui m'accable, je me dis aussi, qu'autant fût douloureux pour moi le départ de la maison de mon fils, pour intégrer la fac, ce temps aura été salutaire, pour inconsciemment apprendre à apprivoiser l' absence, comme si, sans que je le sache, cela me préparé tout en douceur, à vivre les mois à venir, l'insoutenable, l'insupportable, l'innacceptable, l'intolérable...séparation corporelle définitive d'avec son enfant... Même si cela n'enlève en rien mon horrible douleur et blessure à jamais saignante et ouverte, comment ne pas croire en une histoire écrite d'avance, dont tout le plan n'a pas pour but de m'enfoncer et/ou m'accabler...mais venir ici bas, me sauver (?)
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C'est étrange Malau, très troublant ce que tu dis.
Je me suis dit la même chose en analysant mon histoire.
Je m'explique : 39 jours avant la rupture d'anévrisme, mon fils a été renversé par une voiture. Le choc a été violent mais finalement ses lésions très modérées.
J'ai vécu ces 39 jours de façon complètement irréelle en me répétant sans arrêt "et s'il lui était arrivé quelque chose de grave, comment aurais-je survécu moi-même ?".
C'est affreux de penser que c'était une ... répétition générale.
Affreux et troublant.
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La ronde des verbes
Annick Ernoult
Perdre un enfant, couler, sombrer, toucher le fond, désespérer,
Appeler au secours, tenter d’apprivoiser la mort, l’absence,
Se heurter à la solitude, éprouver la peur, faire peur, souffrir, souffrir...
Désirer rencontrer d’autres parents...
Entrer dans un groupe, appréhender, craindre de craquer...
Oser craquer, pleurer, parler, oser dire, écouter, pleurer encore.
Ensemble crier « Pourquoi ? Pourquoi ? »… se mettre en colère,
Culpabiliser,
Respecter, ne pas juger, entendre,
Puis faire miroir, oser proposer, chercher un sens, tâtonner.
Écouter l’autre, se savoir compris, se sentir semblables, se sentir différents.
Enfin, lentement, sortir de soi, ouvrir son cœur, se remettre en cause,
Faire face à l’insupportable, s’accepter pauvre, relever la tête,
S’entraider pour avancer, s’écouter, s’entendre au-delà des larmes,
Être en lien dans la souffrance.
Savoir que c’est pour la vie, mais oser entrevoir un espoir,
Oser recommencer à vivre, faire un tout petit pas,
Commencer à « apprivoiser l’absence ».
Annick Ernoult
De tout coeur avec vous, sur ce long et douloureux chemin.... Mammj
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je n'ose croire que je ne la reverrai jamais. Moi aussi, j'ai cette sensation qu'elle est en cours...et qu'elle rentrera ce soir, mais non...et moi je vis, je lui survis et je culpabilise de continuer à vivre, alors qu'elle n'est plus....Avancer, survivre à ce drame, c'est tellement compliqué. La réalité me fait face et quelle réalité!!!! C'est tellement compliqué de se dire que je ne la reverrai plus, de devoir vivre et avancer...Sans elle, la vie a perdu de son sens et je me demande chaque jour pourquoi dois je subir tout cela???????
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L'ambivalence...une fois de plus elle me regagne....Alors qu'hier et aujourd'hui je n'allais pas trop mal je m'en faisais même la réflexion ( ?)...pour qui pourquoi je bascule ce soir, en une fraction de seconde, dans une noirceur la plus totale ??? Ma pensée du moment : quelle mère suis-je donc pour sortir de ma bouche " mon fils est mort".....comment se fait-il que ces mots, ces phrases, fassent aujourd'hui et depuis 18 mois, partis de mon nouveau vocabulaire...oú est passé celui d'avant...de quoi était-il composait....qui suis-je donc aujourd'hui, moi qui 18 mois en arrière, croyais le savoir ? Très sincèrement, peut-on avoir la certitude la plus totale que son enfant est bel et bien mort ? N'es-ce pas juste des paroles ? J'ai beau le dire, je ne l'intègre pas, je ne veux pas l'intégrer, je ne peux pas l'intégrer... Qu'on me demande tout ce qui est en mon pouvoir, mais pas ça, non, surtout pas ça... Tout me semble être illusion, je crois que je rêve, que je vais me réveiller, et que finalement, rien ne se sera passé, je retrouverais tout comme avant, et en 1er, mon fils, à qui je ne raconterai surtout pas cet affreux cauchemard, de l'avoir vu mort et séparer à jamais de moi....
Douce nuit à vous, la mienne s'annonce mouvementée....
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la journée tout comme toi, je vis à coté de la douleur...les nuits par contre le lacher prise fait son action. Je dors mal, me réveille, pense à Steph...Et la toutes les questions surgissent, toutes les colères, pourquoi moi, pourquoi elle, pourquoi nous...C'est quand meme pas possible que je ne la reverrai jamais...Cette impuissance me fait face à un point que j'en ai des douleurs au ventre et à la tête....Et le disque continue, plus rien ne s'arrête...Les pensées fusent et moi je lutte pour ne pas devenir folle. Vivre un cauchemar pareil est indescriptible....Parfois la force m'échappe et je n'aurai envie que d'une seule chose, c'est de la rejoindre pour l'embrasser, l'enlacer et m'apaiser....
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Marion nous a quitté il y a 5 ans ...
Pendant très longtemps j'ai eu cette pensée : "Marion est en colo, elle va bientôt rentrer, c'est juste un peu plus long que d'habitude" ...
Aujourd'hui cette "étrange sensation" n'est plus présente, mais je me rends compte qu'elle m'a permis de "passer plus doucement" le cap de "croire" (pour de vrai) à son départ définitif ...
Affectueuses Pensées
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Oui, moi aussi j'ai fait cela, j'imaginais Antoine chez lui, dans leur maison, puis partant au boulot, occupé comme avant à son quotidien de jeune papa, emmenant ses enfants à l'école.
Mais on ne peut longtemps "jouer à ce jeu", la réalité nous rattrape bien vite mais c'est vrai cela peut aider à survivre à son chagrin.
Hier, préparant mon dossier retraite, j'ai rempli des formulaires, répondu à tout un questionnement sur mes enfants, leur identité, date de naissance et quand il a fallu écrire les dates de naissance et du décès d'Antoine, mon dernier né, j'ai fondu en larmes devant la personne qui me recevait ... je n'ai rien senti venir, rien contrôlé, cela m'a submergé.
Je me suis confondue en excuses et le pauvre homme devant moi a été terriblement ému, il me disait "c'est pas grave, ne vous inquiétez pas", il m'a donné le temps de me reprendre car je ne parvenais plus à écrire, tellement je tremblais.
J'ai senti une grande empathie dans son regard et dans la manière dont il m'a dit au-revoir.
Comme quoi, cela nous rattrape toujours ... mais tant mieux car ainsi nos enfants sont encore parmi nous.
Pensées amicales
Marithé
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cela fait maintenant 8 mois que mon fils s'est noyé , mais je suis comme vous toutes maman, régulièrement, je ferme les yeux ,j'ai l'impression que mon fils est là dans la pièce , il joue au UNO, il rit !!! je n'ose ouvrir les yeux ......
étant divorcé, mon fils partait souvent le week end ou les vacances chez son père, dès fois , je pense qu'il est là bas et qu'il va bientôt rentré, j'espère ...la désillusion revient vite et je ne suis que plus abattue !!
la toussaint approche , son anniversaire aussi , et en faisant mes courses , j'ai vu les rayons de Noël installés, ça m'a fendu le coeur !!
pas de Noël cette année, pas de sapin, de cadeaux , je me refuse à la fêter sans mon fils !! je me rapelle trop sa joie d'ouvrir les paquets , de déchirer à toute vitesse les papiers cadeaux !!
c'est difficile de vivre sans lui !!
je perds espoir et courage
salutations aux parents désenfantés
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Bonjour Malau. Si tu ressens que ton fils est toujours à la fac, c'est que très certainement il est toujours étudiant dans ce monde parallèle qui pour moi ne fait aucune doute. Je ressens la même chose pour Rose décédée à 5 ans, il y a 2 ans 1/2. Je ne pense pas qu'elle est à son ancienne l'école (quoique je sais qu'elle va y aider ses amis parfois), mais qu'elle étudie des savoirs qui ne sont pas de notre compétence ou de notre dimension. Donc comme toi je me sens en paix dans ces moments là car je sais que le liens qui nous uni est inaltérable et que "ça communique" entre nous, mais sans parole. Uniquement en ressenti et en amour. En revanche j'en ai une profonde certitude. Parfois je ressens Rose plus proche, quasi présente dans la pièce. Et là je lui parle en pensées, lui demandant s'il avait bien étudié avant de venir me voir. Un peu comme si elle rentrait de l'école et que je me préoccupais si elle avait bien appris. Elle ne me réponds jamais en parole, mais la présence plus forte me fait comprendre que si elle est là, c'est qu'elle le peut... Je sens qu'elle a beaucoup évolué, beaucoup changé, que si elle revenait sur terre ce ne serait plus du tout la petite fille que j'ai connu. Elle va prendre ses 8 ans terrestre dans quelques jours. Mentalement je sens qu'elle est d'un niveau indéfinissable, incomparable avec nos valeurs... mais cela ne veut pas dire supérieur, bien qu'il le soit en somme. Comme toi je ressens une sorte "d'accord" entre mon âme et la sienne dans des moments de la journée. Mais j'ai encore de bien grandes souffrances malgré que je sais qu'elle est bien.