Bonjour Magalilou,

Bien sûr qu'aucun enfant n'en remplace un autre. De même qu'aucun être humain n'en remplace un autre (je pense ici à ceux qui ont perdu leur compagnon, compagne, mari, femme). Moi aussi, je me pose la question de savoir si on parlera encore de ma soeur d'ici quelques mois. Et je sais que la réponse est non. Les gens attendront que j'en parle, tout simplement, par pudeur, pour m'éviter de souffrir. A Noël, je suis allée dans ma belle-famille, et aucun d'entre eux ne m'a parlé de ma soeur. De même, le neveu de mon mari a perdu son demi-frère de 30 ans en début d'année. Personne n'en a parlé, et surtout pas lui. La pudeur. La peur de craquer. Je peux le comprendre. Moi, ça ne m' a pas dérangé de sangloter dans les bras de ma belle-soeur qui m'a juste dit "Faut pas pleurer, Pascale". Les gens ont peur du chagrin. Ils ne savent pas que pleurer aide à respirer à nouveau. C'est à nous de le leur apprendre. Et c'est à nous d'entretenir le souvenir de nos défunts. Je le fais pour mon père et ma mère (je suis toujours fière de la blanquette que je fais qui est la meilleure parce que c'est celle de ma mère, et si je m'y connais tant en aromathérapie, c'est grâce à mon père) et je le ferai pour ma soeur aussi. Je dis à mes amis "on s'tient au courant", et je rajoute systématiquement "comme disait Carole", alors que je sais qu'ils savent que c'était une de nos phrases à Carole et moi.
Voilà Magalilou, il nous reste la liberté d'évoquer nos défunts comme bon nous semble, de leur parler…C'est à nous de comprendre, que s
s'il y a perte physique, il n'y pas perte spirituelle. Le lien existe à jamais, bien au-delà de leur mort et de la nôtre…

Je t'embrasse,

Madâme

Bonjour Magalilou,

Excellente initiative que celle de t'inscrire à un cours de méditation! J'ai lu pas mal de livres ou d'articles sur la méditation de pleine conscience, qui te permet justement d'apprécier certains moments de ta vie, de "suspendre le temps" en respirant, tout simplement. Et ça m'aide. Enormément.
Si je puis me permettre, tant qu'on se pose des questions sur "comment ça a pu arriver, et surtout pourquoi", on ne peut pas vraiment avancer. C'est quand on est dans l'acceptation qu'on peut commencer à aller de l'avant. Tu vas me dire "comment peut-on accepter de perdre son enfant?" Je vais te répondre "comment peut-on accepter de perdre sa "petite" soeur, morte à 45 ans?", "comment peut-on accepter de perdre sa mère, morte à 57 ans?", comment peut-on accepter de perdre son père après l'avoir vu souffrir allongé sur un lit pendant 3 ans et demie, suite à un accident de voiture (à 60 ans) dont on ignore complètement les circonstances?". Je vais mieux pour ma soeur, après 16 longs mois. Pourquoi? Parce que j'ai arrêté de me poser des questions. Pourquoi elle, en pleine santé, terrassée par la souffrance indicible pendant des mois? Pourquoi la vie m'a-t-elle imposé ces moments qui restent gravés dans ma mémoire, avec les tripes qui se tordent, comme si c'était mon enfant? J'ai compris que si je ne travaille pas l'acceptation de son agonie et de sa mort (comme je l'ai fait pour mes parents), je ne pourrai pas vivre pleinement la vie qui me reste à vivre. J'ai compris que vivre pour les autres ne suffirait pas, mais qu'il me fallait vivre en pleine conscience pour moi, pour être par ricochet meilleure pour les autres. Et surtout qu'on ne me dise pas, oui mais toi tu as perdu ta soeur, pas un enfant ou ton mari. Cessons de "hiérarchiser" la perte d'un être aimé et respectons l'attachement.
Il faut regarder les choses en face. Nous sommes mortels, nous avons chacun un chemin plus ou moins long, selon notre incarnation. Et la seule façon de se sortir d'un deuil et de ne pas subir notre vie, après avoir subi la mort d'un être cher, c'est l'acceptation. Sans elle, point de salut, nous sommes condamnés à errer dans la vie qui nous a été donnée.
Pardon d'être directe, Magalilou, il fallait que ça sorte.
J'interviens sur ton fil parce que je pense à toi régulièrement et que j'aimerais que tu sois apaisée un jour, pour les tiens, mais aussi pour toi.

Madâme

Bonsoir Madâme,
J'ai réfléchi à ce que tu as dit "arrétez de hiérarchiser les deuils". L'amour que l'on a pour ses proches est total. J'aimais, j'adorais mon père. J'allais le voir plusieurs fois par semaine. Mon père étant invalide depuis longtemps je m'en occupais le plus possible, toilette, change, j'aimais discuter avec lui, il riait tout le temps nous étions vraiment très proches. J'ai perdu mon papa 3 mois après Madeleine. Je suis désolée mais je n'ai pas souffert pour mon petit père, la souffrance pour ma fille est tellement forte que plus rien ne peut me toucher, même la souffrance physique ne m'angoisse pas. J'ai même été heureuse quand il est parti je l'avoue car Madeleine n'allait plus être seule. J'essaye d'être un peu présente pour ma mère mais maintenant le coeur n'y est plus et c'est une de mes soeurs qui a pris la reléve auprès d'elle. Chacun réagit comme il peut face à son deuil que ce soit pour un parent, un frére, une soeur ou même un ami (je vois la souffrance de ma fille Fanny, le mal qu'elle a à continuer depuis le départ de sa soeur) mais ne minimise pas l'amour d'une mère, d'un père pour son enfant, je t'en prie, toi qui est maman.
Douce nuit à toutes et tous.
Martine, maman de Madeleine
   

Bonsoir Magalilou et Mamita,

Je viens de poster sur le fil de Lulupetitange, et puis je suis allée dire bonne nuit à ma fille cadette de bientôt 11 ans, et j'ai imaginé vivre ce qu'Audrey a vécu. J'ai compris ton message Magalilou. Je t'ai entendue Mamita. L'horreur de perdre un enfant.
J'aimerais juste que vous soyez plus apaisées…

Madâme

Bonjour Martine
un petit mot pour te dire que c'est pareil pour moi. Après un mois de décembre éprouvant, un peu de calme fait du bien.
J'essaie d'en profiter pour faire des choses que j'aime et m'occuper des miens. Tu as raison, ça ne sert à rien de combattre la tempête, mieux vaut se rouler en boule en attendant que ça passe.
As tu essayer la séance d'hypnose que Sylvie a mis en ligne sur ce fil. Je n'y croyais pas trop mais finalement cela m'apaise réellement quand je sens que la douleur monte en puissance...
Je suis heureuse que Lorette soit mieux et te souhaite de bons moments avec tes petits, même si je pense comme toi que les moments de joie pure ne sont plus pour nous.
Je t'embrasse.
Corinne

"Ce que j'ai perdu est irrattrapable ... je ne parle ni des objets, ni des biens, ni de l'argent mais des êtres. J'ai perdu des êtres qui étaient pour moi, sources de soleil. Ce soleil a été mis en terre. Apparemment mis en terre. Moi je continue à en recevoir les rayons. Mais je sais aussi en même temps que c'est une perte et qu'elle est irrattrappable. Je sais les deux choses. Que dire de plus ?"
 Christian Bobin "L'homme joie"

Bonjour Magalilou,

Je te rejoins tout à fait dans  tes propos : nous avons la grande chance d'être mamies et c'est un merveilleux cadeau que nous ont fait nos enfants !

Alors, oui donnons leur beaucoup d'amour, pour que "ces petits" croient en la Vie, pour qu'ils gardent l'insouciance de l'enfance et vivent des moments heureux ... pour qu'ils se construisent dans un bon équilibre, tout simplement.

Avec mon amitié,

Marithé

 

Bonjour Magalilou, bonjour à toutes et tous,

Que vous réussissiez  à récupérer quelques forces pour vous occuper et moins penser à votre douleur ne peut que vous être salutaire (je n'en suis pas là hélas) ;  vous serez un peu moins fatiguée et mieux préparée  s'il vous fallait intervenir pour la santé de la petite Lorette de Madeleine.
Elle est bien courageuse quoi qu'il en soit, je souhaite que sa scolarité ne soit pas trop compromise... Ce qui l'aide indéniablement c'est de se savoir aimée de toute sa famille, c'est tellement  important, on ne le dira jamais assez.... Vous est-il possible de communiquer avec elle ?
Non seulement la situation est difficile mais il nous faut en passer par nos gendres (ex, pour ce qui me concerne) pour parvenir à préserver les liens avec les enfants de nos filles bienaimées, ce qui devrait pourtant aller de soi ! Extrêmement  lourd tout cela...
Vous nous direz ce que vous ressentez comme bienfait après les séances de sophrologie que vous allez entreprendre.... C'est un premier pas, vous pourrez toujours envisager autre chose par la suite....
Prenez soin de vous Magalilou et profitez le plus possible de l'affection de vos proches.
 
Affectueuses pensées.
Mammj