Auteur Sujet: En manque de ma fille  (Lu 4140 fois)

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julinette

  • Invité
En manque de ma fille
« le: 07 août 2013 à 23:39:30 »
J'avais posté mon message sur une autre rubrique mais il m'a été conseillé de l'envoyer à cette rubrique.
Ma fille de 33 ans est décédée en avril dernier suite à un cancer du sein depuis février 2012. Elle laisse une petite fille de 3 ans. Pour moi ça a été l'horreur , l'impensable, comment cela peut-il arriver? Je n'arrive pas encore à y croire et le fait d'écrire sur ce forum m'oblige à faire face à cette réalité. Jusqu'à présent je crois que j'occultais ce drame, au fond de moi je croyais que ma fille s'était juste absentée. Il faut dire que je n'ai pas le temps de bien réfléchir, une semaine sur deux je vais chez ma fille, ou plutôt chez mon gendre, mais c'est quand même toujours chez mas fille, pour m'occuper de ma petite fille , en alternance avec l'autre mamie. La semaine suivante je reviens chez moi, m'occuper de ma maison, me reposer et souvent aller voir mon fils qui habite à 500 km de chez mois. Ce qui ne me laisse que peu de temps pour cogiter et m'apitoyer.  Mais ma fille me manque, j'ai l'impression d'être une droguée en manque. Je fais semblant  à longueur de temps. Je pense que l'on ne peut pas faire porter son chagrin et sa peine par l'entourage et qu'il faut faire semblant d'aller bien. Ma petite fille a besoin d'une mamie gaie et vivante. J'ai vu une psy très bien et très compréhensive mais personne ne peut enlever le chagrin qui m'habite. Merci de m'avoir permis de dire tout cela.  Vous qui êtes dans la même situation vivez-vous la même chose, est-ce que cette douleur physique, ce manque s'estompe  au fil du temps?
Merci pour votre réponse.


Rose-Enchantée

  • Invité
Re : En manque de ma fille
« Réponse #1 le: 08 août 2013 à 00:51:05 »
Bonsoir julinette...

Je te souhaite malheureusement la bienvenue parmi nous...
Ma fille de 6 ans est partie en décembre dernier et c'est toujours l'horreur... Je pense que ça sera toujours comme ça...
A la douleur de la perte d'elle, s'ajoute la perte d'un avenir...
La perte de ma famille "avant"...

Moi je ne pleure pas souvent... Ca me manque...
Quand je suis chez moi avec mon p'tit garçon, avec mes amis, j'arrive à être à peu près normale sans trop forcée sur le masque "je vais bien, tout va bien"... Car on me permet (je n'en abuse pas, pour pas les saouler) de parler d'elle et de mon mal être...

Mais en dehors de ce "cocon" je n'arrive pa bien à porter ce masque...
Je suis loin d'être gaie et vivante au contact des autres gens... C'est un peu bizarre comme sentiment...
Je trouve injuste qu'eux se plaignent constement de p'tit trucs et que moi je n'aurai le droit que d'écouter et de ne pas parler de mes bobo à moi... Résultat j'écoute et ne parler à plus grand monde... :/

En ce moment je me bourre la tête de projet et je n'ai ainsi pa de  temps de répit pour sentir ce manque, cette douleur ( je ne peux jamais pleurer de toute façon, c les vacances et il y a mon fils et mon mari...)...

Il parait qu'avec le temps la douleur se transforme plus que s'estompe...
Je crois qu'on souffre toujours autant, mais seulement par moment... Et que le reste du temps on a le droit à une acalmie dans la douleur et le manque, qui sont là, mais ressenti de façon un tout petit peu plus légère...

Je te souhaite tout le courage du monde pour vivre avec cela le reste de ta vie...
Que la présence de ta petite fille et de ton fils puissent t'aider à panser quelque peu tes plaies...

N@t

  • Invité
Re : En manque de ma fille
« Réponse #2 le: 08 août 2013 à 01:52:05 »
bonjour et malheureusement bienvenue chez nous

j'ai perdu mon fils d'un cancer aussi, je ne peux pas dire si cela s'estompe au fil du temps car pour moi cela ne fait que 3 mois, certains disent que oui d'autres disent que non, seul l'avenir me dira ce qu'il en est pour moi mais le chemin est encore long et sinueux. Les petits nous aident par leur spontanéité à tenir le coup, enfin parfois, pas toujours, par moment ils nous poussent vers l'avant, aussi bien moi que les autres membres de la famille comme les grand-parents à qui notre grand manque énormement. Mais ils ne gomment pas le manque et l'absence pour autant, ils ne remplissent pas le vide laissé, ils n'effacent pas la douleur qui nous déchire jour après jour.

Pour ma part j'ai perdu l'envie de vivre, de me battre, de construire un avenir. J'avais fait tant de projets et tout à été anéanti si vite que je ne vois pas l'intérêt d'en refaire d'autres, pas sans lui, et pas pour qu'ils soient eux aussi anéanti dans 1 an ou 2 ou 3 ou 5 parce que le destin joue à la roulette avec nos vies. Mais la vie continue et chaque jour me rapproche du monde des vivants, je le sens au fond de moi, l'instinct de survie. La force de refaire des choses revient mais comme je l'ai dit à mon psy  l'envie elle n'est plus là, ce sont juste des automatismes, faire les choses parce qu'elles doivent être faites et non pas parce que j'ai envie qu'elles soient faites. Voir la famille, les amis, maintenir des liens sociaux parce que c'est ce qui doit être fait, parce qu'il faut bien continuer à vivre et aussi parce que mon fils n'aurait pas voulu que je sombre à nouveau après tout ce que l'on avait fait ensemble pour s'en sortir. Je l'ai déjà perdu physiquement, je ne peux pas en plus le trahir.

beaucoup de courage à toi et toutes mes pensées affectueuses