Bonjour à tous
Je viens juste de découvrir ce site, ai tenté de laisser un message sans réussite... Peut-être ai-je enfin trouvé la porte...
Je me sentais si seule que j'ai lu avidement vos témoignages, je vois que ma douleur est vécue par beaucoup et j'ai envie de partager et d'exprimer tant d'émotions!
Je me sens seule et pourtant je suis entourée par des amis adorables et fidèles mais je ne peux sans cesse leur confier mes sentiments et émotions. Ils m'aident car leur présence me permet de vivre des moments "normaux" où je peux m^me ressentir des émotions un peu positives. Mais cela n'est pas suffisant.
C'est difficile de pleurer seule!
Le 21 novembre dernier , mon fils cadet Léo est décédé suite à un accident , un affreux concours de circonstances! Alors qu'il rentrait seul à pied de fêter les 20 ans d'un copain. Il aurait (d'après l'enquête) chuté sur la voie publique et perdu connaissance justa avant qu'un véhicule ne lui roule sur la tête. Puis celui-ci a pris la fuite sans alerter aucun secours!
Mon fils était déjà en mort cérébrale à son arrivée à l'hôpital. La nécessité de faire don de ses organes s'est naturellemnt imposée à moi comme un don de la mort à la vie. Savoir que sept personnes portaient un petit morceau de vie de mon fils était le seul moyen pour moi de pouvoir envisager un prolongement dans l'avenir proche.
Depuis ce jour, encore dans une phase de totale hébétude, environ 15 jours après son départ, j'ai été violemment frappée par la nécessité de me séparer de mon compagnon.
Malade alcoolique depuis des années, il souffre aussi d'un syndrome bipolaire. Juste avant le décès de Léo, après de multiples tentatives de soins avortées, il traversait une crise d'alcoolisation massive accompagnée de harcellement et violences psychologiques à mon égard. J'envisageais la séparation pour me protéger car l'acompagner m'exténuait physiquement et moralement. L'annonce de la mort de mon fils l'a frappé, il s'est accroché pour se sevrer afin de pouvoir me soutenir. Démolie par le décès de mon fils, j'ai mis entre parenthèses la séparation. J'ai même cru pendant les deux semaines qui ont suivi ledécès que c'était peut-être encore possible entre nous... L'amour étant toujours présent...
Puis, dès que l'entourage s'est fait moins présent, il est entré dans une nouvelle crise violente, à la limite de la violence phyqisue et tout s'est écroulé . J'ai eu peur de lui mais aussi de moi (ce que je pourrais faire par colère en réponse à ses agressions). J'ai donc pris la décision de partir, lui ne voulant pas quitter la maison.
Depuis le 12 décembre, je suis hébergée chez des amis mais j'ai l 'impression d'être toujours en transit et aurais besoin de me poser chez moi avec mon chien et mon chat, reprendre un peu mes repères pour essayer de ne pas me faire manger par la douleur.
Je suis en arrêt depuis le décès de Léo. Je suis enseignante en maternelle et il me paraît encore impossible de reprendre: le contact avec les enfants m'est encore très difficile car cela me ramène à tous nos souvenirs passés ainsi qu'au deuil d'un futur éventuel petit-enfant que Léo aurait pu un jour mettre au monde.De plus, j'ai encore souvent de subites montées d'émotion non maitrisables qui ne sont pas envisageables dans une classe de 30 bambins de 2ans1/2 à 6 ans!
J'essaie de prendre soin de moi (accupuncture, taï-chi, homéopathie,me nourrir correctement...) pour ne pas sombrer mais je me sens en total déséquilibre auprès d'un vide incommensurable!Mes parents et mon fils aîné âgé de 24 ans sont les accroches qui me maintiennent!
Je ne suis pas croyante mais ai toujours eu foi en l'homme. Là, en ce moment, cette foi est comme brisée!
Comment un humain peut-il laisser sur la pavé un semblable sans même porter secours et continuer à vivre avec cela au fond de lui?
Comment un homme qui dit vous aimer et que vous avez aimé, choyé, soutenu, accompagné peut-il être si méchant pour une fois où c'est vous qui avez besoin de lui?
Pourtant je sais que cette foi en l'homme est mon moteur dans la vie. Il me faut donc réussir à la reconstruire!
Je ne sais pas comment , ni combien de temps cela va pouvoir me prendre... Mais au nom de Léo, de Simon et de mes parents , je veux réussir à retrouver une vie normale où je continue à évoluer, à grandir et à m'épanouir et je l'espère même à être heureuse, au moins par moments.Connaissant l'amour que me portait Léo, je pense qu'il ne pourra être en paix , dans sa dimension actuelle, entre absence et présence, que s'il me sent bien.
Pour avancer sur ce chemin, j'ai besoin d'exprimer et de partager mes émotions et les vôtres..
A bientôt et merci
Avec tendresse
Vérora