J'ai perdu mon fils en 1998, ensuite mon mari en 2000 pour finir j'ai perdu toute ma famille. J'ai parcouru un long chemin, un très long chemin, je peux dire que ce qui m'a aidé, ce sont d'abord mes propres ressources, mon chemin spirituel, des monastères, des livres, des gens croyants à la vie qui continue tout simplement.
J'ai beaucoup été sur des forums mais je m'y suis toujours senti seule. On fait son propre chemin.
Tant que je vivrais je chercherais mon fils, je m'interrogerais, je n'ai que des certitudes, je sais que je vais le retrouver mais je ne suis jamais rassasiée. Je ne passerais jamais à autre chose, rien ne m'intéresse à part mon fils qui avait seulement 17 ans. Je ne veux pas savoir comment il serait aujourd'hui, je ne veux pas connaître son âge, je sais qu'il ne se mariera jamais, que je n'aurais jamais de petits enfants et c'est cela aussi qui me fait mal parfois lorsque je rencontre ses copains mariés, je tourne souvent la tête tant j'ai mal, les larmes coulent le long de mes paupières et je parle à mon fils.
Là, je reviens d'une retraite de 5 jours ou un prêtre animait des causeries chaque jour sur le deuil, la perte. Le thème était "rien ne nous séparera", quand j'ai pu m'entretenir avec ce prêtre, je lui ai dis : il me manque tellement, je ne peux pas vivre sans lui et cela fait si longtemps ! S'il n'y a rien après, si je ne devais pas revoir mon fils ce n'est pas la peine de vivre il m'a répondu : ce serait une immense tromperie ! votre fils vit, vous le retrouverez, il faut lui parler tous les jours, l'intégrer en vous parce qu'il est vivant c'est ceci la communion des saints. Ce prêtre a jouté qu'il détestait le mot "faire son deuil" et les gens qui disent "il faut oublier, passer à autre chose" J'ai été heureuse de l'entendre dire ça, ces gens qui n'ont pas perdu d'enfant ou qui n'ont jamais aimé autant ! Comment peut on oublier son enfant ? Ce qui m'aide en définive c'est la foi, ces gens qui ont des fenêtres ouvertes sur le ciel.
J'entretiens ma souffrance mais c'est super de savoir que mon fils est toujours là, que je peux lui parler, qu'il me voit, qu'il m'attend.
Je n'ai pas d'amies, je suis très seule, mais je m'en fou parce que j'ai tellement appris sur les êtres, je n'aime pas les gens , ils ont oublié mon fils, n'en parlent jamais et moi je ne pense qu'à lui.