Auteur Sujet: c'est épuisant cette force que l'on me demande........  (Lu 10648 fois)

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SylvieT

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c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« le: 01 février 2013 à 08:07:21 »
S'accrocher, avancer, continuer....C'est épuisant....Je lutte contre moi, contre ce moi qui voudrait pleurer toute la journée, qui voudrait rejoindre ma fille. Y a des moments, je suis éreintée. Et pourtant je dois continuer. Mais ça me demande une force incommensurable. Je lis bcp de livres sur la vie après la vie, sur le contact avec nos êtres chers...J'aimerai tant un contact, un vrai contact...Mais non pour moi ici la vie continue et je dois suivre ce mouvement. Pourtant au fond de moi, je n'ai plus d'intérêt, j'ai du mal à prendre encore du plaisir, à vivre. C'est comme un dédoublement de personnalité, je souris mais au fond de moi je pleure. J'observe les autres avec un regard extérieur, sans intérêt. Tous m'ennuie, tout m'ennuie...Je ne suis plus bien nul part, je suis malheureuse et personne ne le voit, car personne ne veut plus le voir....C'est épuisant, épuisant d'en être à continuer dans une vie qui n'a plus bcp d'intérêt et de lutter contre son moi qui n'a plus envie d'avancer. C'est comme si je trainais une lourde charette et que chaque pas me demande un effort incommensurable....Comment trouver la force alors que nous vivons l'insupportable, comment???

Hors ligne magalilou

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #1 le: 01 février 2013 à 14:04:57 »
Bonjour Sylvie,
Pour nous cela sera toujours comme ça mais il faut continuer, avancer, jour après jour. Epuisant tu as raison le mot est exact, il faut sans cesse aller puiser le peu d'énergie qu'il nous reste pour survivre même pas vivre. Je ne crois pas que cela changera avec le temps, je crois simplement que l'on s'habitue à la douleur. Je n'ai pas été voir de psy, je ne prends pas de médicaments mais je vais essayer la sophrologie. On verra bien ce que cela fera.
Je t'embrasse très fort Sylvie et je t'envoie plein de douces pensées.
Martine, maman de Madeleine
Ce n’est pas parce que vous ne voyez pas de larmes que je ne pleure pas.
 Ce n’est pas parce qu’à nouveau je souris que j’oublie.
 Ce n’est pas parce que j’ai l’air heureuse que je vais mieux.
 Je peux vous offrir le visage qui vous fait plaisir,
 Mais il n’empêche qu’à l’intérieur, je meurs.

Hors ligne *Ephémère*

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  • Tu es là dans ma peau comme un coup de couteau
Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #2 le: 02 février 2013 à 14:55:45 »


*

« Modifié: 10 juillet 2017 à 23:07:54 par *Ephémère* »
*Ephémère*

       Tu es là d ans ma peau comme un coup de couteau.

Doromandre

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #3 le: 02 février 2013 à 19:21:34 »
Oui chère Sylvie, comment et où trouver la force d'avancer alors que nous vivons l'insupportable ? Si j'avais l'ombre d'une réponse, je te l'offrirais avec bonheur immédiatement. Hélas...

Je comprends tellement que tu te sentes déconnectée du monde "normal", malheureuse alors que le monde tourne et ne s'arrête pas de tourner alors que nous souffrons. C'est ainsi. Mais effectivement, c'est épuisant de donner le change, de poursuivre le chemin sans goût ni motivation, sans but ni énergie. Un enfant, un conjoint, un pilier de nos vies s'est effondré, comment survivre ?

Je t'envoie mes pensées affectueuses, ainsi qu'à Martine.
Dominique

SylvieT

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #4 le: 05 février 2013 à 09:35:56 »
Merci, je perds ma force, je suis si fatiguée...Dur dur de refaire des pas dans la vie, dur dur

lamama

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #5 le: 08 février 2013 à 04:13:11 »
Bonjour Sylvie T,
Il y a quelques mois, je n'aurais pas écrit ce message. Trop perturbée, trop effondrée. J'ai devant moi deux photos de mon fils qui s'est suicidé le 9 novembre 2011 (par défenestration). Cet acte me hante et je suis chaque jour confrontée au fait que je ne l'ai pas vu venir. Il n'était pas malade, il avait un boulot, des amis et ne vivait pas seul mais en colocation. Il allait avoir 30 ans le 24 du même mois. Pourtant, il s'est jeté par la dernière fenêtre de l'escalier de son immeuble (3ème étage d'un immeuble ancien...environ 16 mètres). Les deux photos sont l'une des dernières de lui dans son appartement et l'autre, celle de lui à la morgue. La confrontation entre les deux au quotidien depuis bientôt 15 mois me fait le voir dans la vie et dans la mort : son choix ou si ce n'en était pas un, son impulsion. Il a fallu qu'il souffre pour en arriver à une telle extrémité. Depuis 15 mois, j'essaie de comprendre...et de mesurer la dimension de mon incapacité à l'aider à ce moment-là. J'essaie de parler avec tous ses amis et de me souvenir aussi de son histoire. Cela ne me le ramènera pas, mais j'ai le sentiment de le faire vivre encore à travers ces échanges. Je suis devenue insomniaque...et quand je me réveille, avec l'idée (car je ne l'ai pas vu au sol) de son geste, de son plongeon dans le vide et de son écrasement au sol, l'idée d'une dislocation qui m'a été confirmée par l'autopsie, je lui parle. Je lui demande de venir me voir et de faire en sorte que je sache qu'il va bien. Pourtant, et c'est là l'important, je ne crois en aucun dieu, je ne suis même pas baptisée et mon fils ne l'était pas non plus. Ce que je convoque, dans cette demande, c'est notre rapport d'amour de mère à fils ou l'inverse, et le fait de pouvoir continuer à vivre AVEC lui.  Pour moi, les choses ont basculé au bout de 9 mois environ. J'ai commencé à le "prendre en moi" mort, disparu à tout jamais. Prendre en soi son propre enfant, c'est un peu comme se "désanfanter" tout en enfantant de nouveau, autrement. Après, on peut prendre n'importe quoi comme prétexte à ne plus exister. On peut se raconter tout ce qu'on veut pour ne pas faire face. Et si on a en soi, quelques difficultés à vivre notre propre situation, on peut prétexter la mort de l'enfant. Une mère est amputée d'une partie d'elle-même quand son enfant meurt. C'est évident et il  n'est pas facile de retrouver un équilibre. Personnellement, je n'ai pas retrouvé mon corps qui pourtant était actif. Je me sens toujours vide et sans désir. Dans la foulée du décès de mon fils, j'ai vécu la mort de mon beau-père (que je n'aimais pas particulièrement), celle de mon père (que j'aimais mais avait 90 ans) et le cancer de mon mari (qui ne s'arrange pas). 2011 fut un choc considérable, 2012 très dure...et aujourd'hui, 2013 donc, une rechute du cancer... On dit "jamais deux sans trois" n'est-ce pas ? Je ne sais pas comment je ferais face si je ne lisais pas beaucoup et si je n'écrivais pas. Je crois qu'il faut que tu te forces à lire et écrire...que tu regardes autour de toi, car non seulement nous sommes nombreux sur ce site à vivre les mêmes horreurs, mais il en est d'autres qui se produisent au quotidien partout dans ce monde. Voir le malheur des autres, voir que la vie est, comme le disait ma grand-mère (née en 1897), "une tartine de merde dont on mange un bout tous les jours", c'est peut-être faire un premier pas pour comprendre ce qu'est la condition humaine qui est la nôtre. Pleure autant que tu le sens, il est très important de se lâcher dans la douleur... Mais les pas dans la vie, il n'y a que toi qui pourras les faire, personne à ta place qui demeurera unique en ce monde. Courage et amitié, Lydia

cilaosse

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #6 le: 08 février 2013 à 11:03:56 »
bonjour à vous tous,
Oui, c'est épuisant de devoir chaque jour mettre un pas devant l'autre, de trouver cette force inhumaine pour avancer. Mais nous devons le faire pour notre enfant qui est parti. Il - ou elle - vit à travers nous. Si nous abandonnons, qui va penser à elle ou à lui ? C'est ce que je me dis depuis quatre mois.

SylvieT

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #7 le: 15 février 2013 à 07:07:22 »
C'est pas faux...Si je pars qui va penser à elle...Merci, car la je suis à nouveau au fond du gouffre....Mais comment survivre à son enfant...c'est un cauchemar...Je tourne en rond, je m'enfonce, je me disloque intérieurement et rien pour me soulager. J'ai peur, très peur de la distance qui s'installe de son vivant. 7 mois déjà, et plus j'avance, plus le vide se fait ressentir. Quelquefois j'ai le sentiment que je vais mieux, et d'autres fois c'est le calvaire... Je n'étais pas préparée à ça. J'ai toujours été forte, je me suis toujours relevée, mais pas ça, pas ça. Pourquoi, mais pourquoi moi, pourquoi elle... Si seulement j'avais pu l'embrasser, lui dire au revoir, lui souhaiter un bon voyage. Je n'étais même pas là....Quel choc, quelle brutalité cet accident. Et maintenant je me retrouve seule. Elle aimait tellement être avec moi, faire les magasins, discuter, rire....Je n'en peux plus, c'est un cauchemar de survivre à son enfant....Jamais, oh non jamais je ne m'en remettrai....Faut pas me demander l'impossible, non c'est pas juste, pas ça....Je ne le pourrai pas............

cilaosse

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Re : c'est épuisant cette force que l'on me demande........
« Réponse #8 le: 15 février 2013 à 11:59:04 »
Chère Sylvie, personne n'est préparé à la perte de son enfant, que ce soit de manière brutale ou à l'issue d'une longue maladie. En 2009, quand les premiers signes  de l'encéphalite sclérosante se sont manifestés chez Davy, nous étions abasourdis. Pourquoi lui ? Pourquoi ce fichu virus dont on savait rien et dont n'a jamais rien su ? La consultation de sites médicaux spécialisés a amplifié notre accablement : le pronostic était au maximun de 2 à 3 ans. Nous savions (et lui aussi savait) qu'il allait partir. Une journée avant son départ, j'ai emmené Davy à l'hôpital. Il a plaisanté avec le médecin qui avait laissé tomber son stéthoscope : "ce n'est pas très professionnel docteur" lui-at-il dit. Après les examens traditionnels (prise de sang, contrôle de tension, du coeur...) le médecin nous a t qu'il n'y avait pas "d'urgence vitale" et qu'il fallait attendre les résultats de l'IRM le lendemain pour une nouvelle prise en charge thérapeutique. Un peu rassuré, en début de soirée, j'ai dit au revoir à Davy et que je serai là à son réveil le matin. A 5h30, le téléphone a sonné : c'était fini...