Oui Fabisa et Eva
oui on va mieux au fil du temps.
Continuer à vivre et non seulement à SURvivre, à s'émerveiller des jolies choses de la vie, à profiter de sa famille et de ses amis, à profiter de la vie est possible.
J'ai dit dans un message que j'avais CHOISI la VIE avec mon fils cadet Vincent et non la MORT avec mon fils ainé Xavier, suicidé le 30 mai 2011.
On n'oublie jamais son enfant envolé, les crises de larmes arrivent encore souvent, mais de plus en plus il m'arrive de retrouver une certaine "légereté". Je suis heureuse d'un moment partagé, d'une lecture, d'une simple promenade avec ma petite chienne.
Je suis heureuse de voir mon fils cadet si équilibré et bien "dans ses baskets", lui qui a beaucoup aidé son frère pendant les dernières semaines de sa vie, lui qui l'a découvert pendu chez lui en rentrant de son travail, qui a du faire le nécessaire et me prévenir, lui si fort pendant les jours suivants et qui n'a craqué qu'après la dispersion des cendres de Xavier en Méditerranée.
Vincent qui m'a envoyé un jour, pour le troisième anniversaire de la mort de son frère un petit long mail de 11 pages dans lequel il m'expliquait plein de choses, des souvenirs de leur enfance,à son état psychologique en ce jour anniversaire, avec les étapes intermédiaires, mail qui m'a été un electrochoc. Je me suis dit qu'il me fallait reprendre le contrôle de ma vie, puisque mon fils, qui avait vécu les pires choses avait été capable de reprendre le contrôle de la sienne.
Depuis ce jour, je me suis autorisée à m'écouter, écouter mes peines mais aussi mes envies, à écouter mon corps mais aussi mon esprit, à prendre soin de moi, à me recentrer un peu sur moi et non plus sur mon enfant envolé. Je me suis "détachée" de Vincent, ne lui demandant plus de me téléphoner souvent, (nous communiquons dorénavant par skype une fois par semaine), je ne lui demande plus de passer les fêtes avec moi. J'ai LIBERE Vincent de son inquiétude pour moi, en lui montrant que j'allais mieux. Je sors, je vois des amis, je voyage.
Je pense qu'il ne faut surtout pas se sentir coupable de vivre alors que son enfant est mort. Il faut s'autoriser à vivre. Moi je dédie mes joies à mon enfant mort, je lui envoie des pensées lumineuses, je pense si souvent à lui mais de plus en plus sans larmes. On ne se remet jamais de la mort de son enfant, c'est contre nature. Un suicide ajoute encore un poids à cette douleur.
Mais oui, je confirme que l'on peut retrouver un certain goût à la vie. Tout est différent, on relative beaucoup plus , mais le moindre petit détail positif anodin avant, peut devenir source de joie et de plaisir. Il faut juste se laisser aller à accepter de REGARDER autour de soi et pas seulement de VOIR....
Oui Fabisa on réapprend à vivre, différemment, mais à vivre malgré tout
Fabisa et Eva je vous embrasse