Auteur Sujet: 14 ans qu'il est parti et je ne parviens pas à avoir un peu de paix  (Lu 6665 fois)

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mitzou

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Oui, 14 ans que mon adorable garçon de 17 ans est parti, 14 ans que je ne cesse de penser à lui, sa présence est continuelle permanente, de tout instant même si elle est invisible, je l'aime tant.
Après des années d'angoisses, j'ai fait tout  ce que j'ai pu pour l'aider mais pas assez puisqu'il est parti.
Je pense en ce moment à  ce qu'il m'a dit 3 jours avant, il m'a dit "maman! s'il m'arrive quelque chose, il ne faudra pas pleurer, il ne faudra pas vous culpabiliser papa et toi, ce sera de ma faute et non de la vôtre", il m'a dit qu'il était foutu et qu'il n'en pouvait plus.
Je lui ai répondu en pleurant "s'il t'arrive quelque chose Nicolas, je mourrais, je l'ai supplié de se faire soigner et il ne voulait pas être aidé , je me sentais si misérable et impuissante. Et aujourd'hui, j'en veux tellement et toujours aux médecins et autres qui me disaient que c'était lui qui devait demander de l'aide mais comment pouvait il en demander puisqu'il n'avait plus de discernement, qu'il était malade. J'ai constamment devant mes yeux le visage de mon fils plein de désespoir, plein de détresse, je l'aimais tant et il est parti parce qu'on ne l'a pas aidé comme il fallait, il fallait le soigner contre son gré, il était si jeune.
Moi, j'en prends pour la vie à présent, je ne parviens pas à oublier sa souffrance, bien sûr il ne souffre plus c'est moi qui souffre mais comme j'en veux aux gens, à tous qui l'ont oublié, qui n'en parlent plus, comme s'il n'avait jamais existé alors que je ne pense qu'à lui. J'ai hâte de le retrouver car je n'aime pas cette vie, je suis anéantie, je ne sais plus quoi faire de ma vie, Nicolas la remplissait tellement, je m'ennuie à mourir bien sûr j'ai encore un autre enfant mais Nicolas n'avait tellement pris d'énergie, que le vide de ma vie est immense.

Pervenche

  • Invité
Re : 14 ans qu'il est parti et je ne parviens pas à avoir un peu de paix
« Réponse #1 le: 06 août 2012 à 20:59:42 »
bonsoir Mitzou,

Certains ont un tel mal être qu'il est difficile de les aider. Je suis certaine que tu as fait tout ce que tu as pu. Toutes ces années ont dû être bien dures.

Je comprends que la perte de ton enfant a laissé un vide que personne ne peut remplacer. C'est douloureux et cela le sera probablement toute ta vie.

Nicolas est en toi, tout autour de toi, et c'est avec cet amour que tu dois continuer. Ton autre fils a besoin de toi. Je n'ai pas eu la chance d'avoir une maman qui m'aime. Ma demi soeur passait avant moi et j'étais le vilain petit canard.

Cela doit être difficile pour ton deuxième fils. Pense à lui s'il te plait. Rien ne remplace une maman.

Je sais que ta souffrance est immense et je t'envoie plein de réconfort.
claire

Mammj

  • Invité
Re : 14 ans qu'il est parti et je ne parviens pas à avoir un peu de paix
« Réponse #2 le: 07 août 2012 à 08:51:05 »
Bonjour Mitzou...

Le temps passe mais la douleur reste persistante, le souvenir de nos enfants dans la souffrance alors que nous ne voulions que le meilleur pour eux continue de nous pétrifier ! Moi je ne savais pas tout ce que ma fille traversait et j'étais loin de m'imaginer qu'elle était dans une telle détresse donc je suis passée à côté de beaucoup de choses,  ne sachant pas du tout qu'elle était en danger...
Pourtant les derniers jours elle était chez moi... je revois son regard interrogateur et hésitant... sa crainte de dire les choses sans doute.... de dire les peurs qui l'assaillaient... elle, affaiblie,  qui en d'autres temps ne se gênait pas pour dire ce qu'elle pensait...
Voilà les images et les pensées qui m'obsèdent dès que  je me lève,  le visage en larmes.... Je ne pourrai jamais accepter son absence, je voudrais que mon enfant revienne pour l'aider autrement !

Ceux qui ne se manifestent plus, je me dis que c'est un manque de courage de leur part et que finalement nous en avons bien plus qu'eux alors que nous avançons amputé(e)s de notre enfant.... Moi j'en veux surtout à ceux qui ont agi à contresens, qui lui ont fait mal, ce dont j'ai eu la preuve.... les plus proches ! Que dire de  l'incompétence et du grand silence des médecins qui la suivaient.....

Aujourd'hui il me faut  croiser parfois  mon ex-gendre (que je maudis, qui connaît mes griefs) pour rencontrer "de temps à autre" les deux enfants de ma Cath... J'en reviens toujours meurtrie,  de les voir sans leur tendre maman, mais le peu qu'on me laisse leur apporter je me répète sans arrêt que c'est également à elle,  leur maman, ma fille, que je l'apporte.... elle qui voulait aussi le meilleur pour ses petits... Elle a été blessée, a sombré dans le désespoir et la dépression. Quelques jours après son 20è anniversaire de mariage, je l'ai accompagnée à son ex-maison  familiale voir son fils, sans rester alors qu'elle le voulait,  elle n'en est plus revenue, envolés tous les projets avec elle, pour elle et ses enfants...
Après avoir dit à tous ce que je savais ce que je pensais... je ne cesse de lui demander pardon de ne pas avoir vu de ne pas avoir compris....
 
Je  ne m'intéresse plus à  rien, plus rien n'a de sens, je vois les autres vivre,  moi  je me laisse dépérir, une raison de plus de me fuir mais  je m'en fiche... ! Toutefois pour ne pas attrister mes petits-enfants je m'efforce de leur cacher mon chagrin... le seul effort que je parvienne à soutenir... pas toujours très bien d'ailleurs... ils sont les seuls à en valoir la peine avec leur maman. Je me pose quand même la question de savoir combien de temps je vais tenir, seule désormais dans la douleur et sans aucun but... comme ma fille, j'ai honte d'être dans cet état....

Ne serait-il pas possible de partager avec votre autre fils quelquechose qui vous rappellerait des moments avec Nicolas, qui vous aiderait à trouver un peu de répit, un petit peu de baume au coeur ? N'y-a-t-il pas un lien "d'amour" -même discret- qui pourrait  perdurer entre Nicolas, son frère et vous ?
Je comprends tellement ce que vous traversez, ce que vous ressentez en tant que maman, combien il est dur de survivre à une telle
épreuve...

Affectueuses pensées.  Mamm'j
« Modifié: 07 août 2012 à 13:05:19 par Mammj »

mitzou

  • Invité
Re : 14 ans qu'il est parti et je ne parviens pas à avoir un peu de paix
« Réponse #3 le: 07 août 2012 à 18:02:36 »
bonjour Mammj,

C'est difficile, avec son frère, nous ne parlons jamais de Nicolas, maintenant il a 26 ans, je ne sais pas ce qu'il pense, je n'ose même pas en parler et lui même a des angoisses et est suivi par un médecin, personne ne sort indemne d'un drame pareil. Ce qui est très dur Mammj, est d'être seule dans notre chagrin, les gens poursuivent leur vie, la notre est ralentie. Courage à vous aussi Mammj, un jour nous retrouverons nos enfants, de cela je suis convaincue mais la foi si elle aide n'ôte pas la souffrance, le manque de nos enfants. Il faut se dire qu'ils sont heureux, qu'ils baignent dans un grand bonheur, nos enfants qui ont tant souffert ont été accueillis et  nous attendent. C'est une magnifique consolation. Nous devrions nous concentrer sur leur présent et non sur leur passé qui n'existe plus, ils ne souffrent plus Mammj, cela je l'ai bien compris, j'ai tellement lu et relu des livres, je suis presque  devenue une spécialiste de l'au-delà tellement j'ai dévoré des textes entiers sur la vie de nos enfants dont le lien d'amour avec nous continue.
Quel âge ont vos petit enfants ? Les voyez-vous souvent ?
Prenez soin de  vous malgré votre immense chagrin, vous avez vos petits enfants qui vous aiment et ont besoin de vous aussi, une grand maman c'est si important pour eux, n'ayez pas honte d'être dans l'état que vous décrivez, la perte de nos enfants nous brise et si nous ne sommes pas soutenues et très seules, c'est difficile de lutter contre le chagrin,  la colère, nous avons mis au monde nos enfants pour qu'ils soient heureux et rien n'a été comme nous le souhaitions. C'est parce que nous les aimons tellement que nous souffrons mais ils existent toujours mammj, invisible c'est vrai mais présence constante et votre fille est près de vous tout le temps comme je ressens la présence et l'amour de mon fils.
Ce qui nous fait mal est de ne plus entendre parler d'eux, pour moi, c'est intenable, lorsque je dois aller dans la famille de mon mari parti lui aussi) pour les fêtes par exemple, je déteste cela, ils n'ont jamais un mot pour mon fils et son papa partis et ils osent me souhaiter bonne année, je déteste, les gens ne se rendent pas compte du mal qu'ils nous font, ils ont la mémoire courte.
Courage Mammj, tenez bon pour vos petits enfants, nous sommes des soeurs de coeur et je vous embrasse.

Mammj

  • Invité
Re : 14 ans qu'il est parti et je ne parviens pas à avoir un peu de paix
« Réponse #4 le: 08 août 2012 à 20:19:17 »
Bonsoir Mitzou.... bonsoir à tous,

Nos enfants n'avaient plus la faculté de penser que leur acte serait très lourd à porter pour leurs parents, leur famille... sinon
ils seraient encore là parmi nous.... Que de fois je dis à ma Cath : " mais te rends-tu compte de ce que tu me laisses à gérer
après toi ?"...
Ce soir je n'arrivais même plus à mettre un sms à son aîné pour lui dire : "on se voit quand tu veux, fais-moi signe".... En général
il ne répond pas alors il ne me reste qu'à passer par son père et là  je crains qu'il ne m'en veuille.... Mon petit-fils est certainement
mal, du fait qu'il devait passer la soirée  avec sa mère, qu'il l'a quittée, qu'il est rentré trop tard pour qu'elle soit réanimée....
Pourquoi devrait-il être responsable des erreurs des adultes, de son père en l’occurrence, ce père pourtant dont il a besoin plus que jamais après la mort de leur mère....  qui pourra leur raconter ce qu'il voudra !
Quand je pense qu'elle est partie heureuse vers sa vie et qu'elle est revenue vers moi malheureuse et malade,  comment l'accepter ?
Non, elle n'a pas été aidée comme il fallait.

Je souhaite Mitzou que vous puissiez continuer à trouver la force d'entourer votre jeune fils que vous avez élevé qui lui aussi a besoin de se savoir aimé...  Très difficile ce que nous vivons il faut le reconnaître... Moi je n'ai plus la foi depuis longtemps, mais ce qui pourrait  me tenir, c'est  l'amour pour  mon enfant, pour ses enfants... c'est aussi réussir peut-être un jour à ne plus en vouloir à ceux qui ne nous pas aidées ma fille et moi,  à oublier... mais bon,  une autre affaire ...ceux qui nous ont fait très mal !
Toutefois dans l'état où je suis, rien n'est moins sûr, je ne sais plus où je vais...

Oui, nous sommes soeurs de coeur mais aussi  de douleur... que la force nous soutienne tous....
Moi aussi je vous embrasse, ainsi que tous ici dans la souffrance.  Mamm'j
« Modifié: 09 août 2012 à 14:44:37 par Mammj »