Il y a longtemps que je n'ai pas écrit sur mon fil. Je ne sais pas pourquoi ce besoin de silence, de me retrouver dans ma caverne....j'émerge doucement au bout de plus de deux mois.
Je sais que je suis sur le dur chemin des trois ans, le nombre de semaines, de jours sont autant de signes gravés au fer rouge dans mon coeur, dans ma mémoire. On croit que l'on a fait un sacré bout de chemin en solitaire, bien sûr, trop difficile d'exprimer après tout ce temps aux autres que mon coeur est mort en partie. Ils ne comprennent pas...tourner la page, mais quelle page ? Moi je n'ai rien à reconstruire, je suis seulement une maman dont l'un des fils s'est suicidé!
Je fais ce que je peux pour survivre à cette horreur, je tente de faire semblant, mais je sais que rien, jamais rien n'est plus comme avant. S'enfermer dans son secret, fermer la porte à double tour.
Bien sûr que le quotidien de la vie je le subis comme vous tous et toutes. On tente d'y faire face avec les moyens qu'on a.
Deux vies, deux vies, deux chemins différents. Il me semble que je suis deux à la fois. Je sais que ce dédoublement, je ne suis pas la seule à le vivre. Chaque jour je me raccroche à des petites choses pour ne pas sombrer.
Mon petit fils me pose des questions sur son papa, j'essaie d'y répondre le plus simplement possible, mais je détourne le regard lorsque les larmes me surprennent encore, je ne veux pas qu'il me voit pleurer. Ce petit garçon est un être important pour moi, un être spécial vous comprenez.
Sa maman n'est plus en colère, je le dis pour celles et ceux qui ont vécu le même drame, il faut du temps pour panser la blessure infligée par la mort de ceux qu'on aime, surtout lorsqu'ils se sont donnés la mort. Beaucoup de temps et d'indulgence envers soi même.
Je crois que ce silence m'était nécessaire pour pouvoir trouver la force d'aider à nouveau les autres. Ce forum m'a beaucoup aidé, mais à un moment donné, je n'ai plus été capable de trouver les mots de réconfort et de compassion. D'autres l'ont fait, le font pour que tous ceux qui viennent ici y trouvent du soutien et de la tolérance.
Je sais que tu es en moi pour toujours mon fils, que ces trente années vécues à tes côtés me permettront de continuer jusqu'à nos retrouvailles.