Bonjour Oriane,
Oui , ta fille à surement voulu te protéger, comme l'a fait mon mari, qui lui non plus ne parlais jamais de sa maladie, encore moins de son évolution sans doute, conscient de inéluctable....
Le mot " mort" ou " fin" jamais prononcé, lui aussi emporté par un mélanome, diagnostiqué au stade IV.
Je l'ai accompagné, chouchouté, tellement aimé, moi aussi , je n'ai pas vu, pas su, rien pu faire d'autre, que de rester près de lui, et comment rassurer , quand , même si on ne veut pas le croire, le voir, on sait, au plus profond de nous, quelle sera l’échéance.....
Impossible, alors de rassurer, de mentir, on choisit de ne rien dire, eux aussi....
J'ai beaucoup culpabilisé, sur ces non dit ,non fait, bientôt 2 ans après, je remercie mon mari, pour sa pudeur, peut être sa peur, pour le déni, dans lequel il s'est alors placé, et pour tous ces mots qu'il n'a pas prononcés, qu'aurais je pu répondre, dire, qui ne lui fasse encore plus mal ou plus peur, je ne sais pas....
Ce que j'ai compris, c'est qu'il aurait été encore plus insupportable pour moi, aujourd'hui, de garder en mémoire ,en plus de la souffrance physique dont j'ai été le témoin impuissante, la souffrance morale qu'il aurait pu exprimer et dont il s'est abstenu, jusqu’à la fin , je sais aussi qu'il m'aimait bien au delà de ce que je pouvais imaginer, pour avoir eu cette capacité de me sauvegarder.
Il faut du temps, beaucoup de temps, pour tout retourner, pleurer, regretter, enrager, souffrir, encore et encore,pour admettre que l'insupportable de la perte , des derniers moments, ancrés à jamais en nous, que cela est bien suffisant, que les mots n'auraient rien changés et surement nous auraient, après coup démolies encore davantage.
Comme m'a souvent dit ma psy, quand cette forte culpabilité m'envahissait, chacun d'entre nous est toujours seul, face à l’inéluctable.