Même si tout me paraît vide, je me rends compte que je suis toujours en mouvement,  justement pour ne pas avoir de
répit,  pour éviter de m'effondrer, de me poser encore et encore les mêmes questions, pour essayer d'effacer ma culpabilité de n'avoir pas compris que tu étais au bord du précipice.  Je n'ai rien vu, rien entendu, je n'ai pas su te retenir.
Où-es-tu maintenant ? il y a longtemps que je n'ai plus rêvé de toi.......longtemps.



Je dirais que peut être, retiens tu, depuis un bon moment , ces larmes qui doivent venir, sans même tant rendre compte....

On finit par avancer, par apprendre, malgré nous, à retenir nos émotions, espèce de preuve, d'un léger mieux !!!

Mais j'ai remarqué, que plus on retient ce flot, plus on se sent mal , plus on a l’impression de régresser.....

Le manque sera toujours là, les questions aussi, rien ne sert de se fustiger d'avantage, cette douleur permanente est bien suffisante.

Que pouvait tu faire ?

Pas extralucide !!! nous l'aurions tous tellement voulu, voir, pour éviter, voir pour empêcher, voir pour soigner, pour reculer, au maximum l’échéance , mais nous n'avons rien vu, rien su, des humains ordinaires , avec une vision ordinaire.

Comment voir ce qu'on nous cache, si bien ?

Nous ne pouvions rien faire, tu ne pouvais rien faire, accepte le, ne serres ce qu'un peu, la culpabilité est un poison , une façon de se punir de ce que l'on n'a pas su éviter, de  se faire encore plus mal, alors même que nous ne pouvions RIEN....

Lâche  toi, laisse sortir toute cette douleur, arrête un moment de faire semblant,on ne peut garder prisonnières nos émotions trop longtemps......

Pensées.

Bonjour Oriane,

Oui , ta fille à surement voulu te protéger, comme l'a fait mon mari, qui lui non plus ne parlais jamais de sa maladie, encore moins de son évolution sans doute, conscient de inéluctable....

Le mot " mort" ou " fin" jamais prononcé, lui aussi emporté par un mélanome, diagnostiqué au stade IV.

Je l'ai accompagné, chouchouté, tellement aimé, moi aussi , je n'ai pas vu, pas su, rien pu faire d'autre, que de rester près de lui, et comment rassurer , quand , même si on ne veut pas le croire, le voir, on sait, au plus profond de nous, quelle sera l’échéance.....

Impossible, alors de rassurer, de mentir, on choisit de ne rien dire, eux aussi....

J'ai beaucoup culpabilisé, sur ces non dit ,non fait, bientôt 2 ans après, je remercie mon mari, pour sa pudeur, peut être sa peur, pour le déni, dans lequel il s'est alors placé, et pour tous ces mots qu'il n'a pas prononcés, qu'aurais je pu répondre, dire, qui ne lui fasse encore plus mal ou plus peur, je ne sais pas....

Ce que j'ai compris, c'est qu'il aurait été encore plus insupportable pour moi,  aujourd'hui, de garder en mémoire ,en plus de la souffrance physique dont j'ai été le témoin impuissante, la souffrance morale qu'il aurait pu exprimer et dont il s'est abstenu, jusqu’à la fin , je sais aussi qu'il m'aimait bien au delà de ce que je pouvais imaginer, pour avoir eu cette capacité de me sauvegarder.

Il faut du temps, beaucoup de temps, pour tout retourner, pleurer, regretter, enrager, souffrir, encore et encore,pour admettre que l'insupportable de la perte , des derniers moments, ancrés à jamais en nous, que cela est bien suffisant, que les mots n'auraient rien changés et surement nous auraient, après coup démolies encore davantage.

Comme m'a souvent dit ma psy, quand cette forte culpabilité m'envahissait, chacun d'entre nous est toujours seul, face à l’inéluctable.

Je reviens sur les non-dits. Bien sûr que c'est une façon de protéger les autres, une forme de générosité. 
Parfois aussi, on est tellement pris dans ses activités, qu'on ne prend pas le temps d'écouter l'autre, d'observer.  Et puis c'est trop tard.
Formuler son mal être,  ses craintes,  n'est pas aisé.  Et puis il faut que la personne à qui on se confie,  soit capable d'entendre au delà des mots. La peur de blesser, de faire du mal et on se tait, et plus tard, on regrette.

On sait bien que ça ne sert à rien de dire " si j'avais su, si j'avais compris ", mais c'est comme ça,  on est obligé d'en passer par là,  du moins, je crois. Alors, il y aura encore des jours où on culpabilisera, et d'autres où se dira qu'on était impuissant. C'est cyclique.

Et puis nous ne sommes que des êtres humains, avec nos faiblesses et nos forces. 
L'essentiel, c'est d'avoir partagé un bout de route ensemble et d'avoir eu le privilège de les aimer, et d'être aimé en retour.

 
Oui, essayer de tirer les leçons,  s' il y en a.  Faire plus attention à l'autre, être à l'écoute, faire du mieux, car comme le dit Zabou ( peut-être ? ) , on n'est pas des wonder women!
Je me dis qu'elle est sage avec tout ce qu'elle a aussi vécu,  elle  nous apporte aussi son soutien, comme tous ici.

Deux c hemins parallèles,c est exactement ce que je ressent..
l un qui m emmène vers un futur sans elle,l autre qui me retient dans un passé avec elle
Passé que j aimerais retrouver pour toujours

parfois je me dit qu elle est là avec moi,et je me sens sereine et à d autres moment je me sens perdue sans elle
Et là je me dis que j ai un besoin visc eral de ma fille,que je n arriverais jamais à apaiser

Erika
Bravo pour la réponse de ton mari
Je comprends que tu l'ais aimé à ce moment-là et que tu ais été fière de lui

Tout ce que nous voulons tous et toutes , c'est retrouver l'être aimé , rien d'autre

Tu peux y aller un petit moment, stellarose,..pas toute la journée, ne pas trop t'obliger mais le représenter à cette fête...ça aide aussi de faire pour eux..nos disparus...