Oh la la, je suis toujours aussi émue par les poèmes de Victor Hugo. Il est vrai qu'il a, lui aussi, perdu sa fille... "Demain, dès l'aube...", ces premiers mots me font toujours autant frissonner !
Le texte d'Yves Duteil est très beau ! Je suis sûre que beaucoup d'entre nous avions déjà posé la question... "Où est ce qu'ils sont ? Que font-ils ? Que voient t-ils ?". C'est un texte mêlé de curiosité spirituelle et de consolation quant à leur "vie" après la mort. Ils sont là... sans être là.
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Ah... J'ai trouvé un p'tit livret (qui a traîné depuis), intitulé "Tu viens de nous QUITTER", de Jean-Marie HUMEAU. Je vous partage ses textes :
"Tu viens de nous quitter...
J'ai de la peine. J'ai beaucoup de peine, tu sais. Tu es parti trop tôt. Tu aurais dû rester encore un peu, et même rester toujours. J'avais des choses à te dire et je suis sûr que, toi aussi, tu avais des choses à me dire. Je ne sais pas si le moment de la mort fait mal. Ou plutôt, je ne sais pas si le moment de ta mort t'a fait mal, à toi. A moi, il m'a fait très mal ; bien sûr, tu ne voulais pas me faire souffrir. J'ai en moi une blessure. Peut-être se guérira t-elle ? Je ne sais pas. Peut-être ! Dans tous les cas, il restera une trace..."
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"Merci
Je ne te l'ai pas vraiment dit : je te dois beaucoup. Je dois te dire merci. Il y a des morceaux de ma vie qui ont eu lieu grâce à toi. Parfois, tout simplement, tu étais là. Tu n'as rien fait de spécial, mais ta simple présence, c'est déjà beaucoup. Merci d'avoir été là. As-tu seulement su
que tu m'apportais tant de choses et si souvent ? Il faut que je te le dise maintenant que tu me quittes. Par le souvenir vivant de ce que j'ai reçu de toi, c'est toi qui demeures vivant en moi."
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"Pardon
Nos chemins se sont croisés. Je les regarde. Je réalise alors que j'ai fait des erreurs. A ton égard, j'ai fait ce que je n'aurais pas dû ! Je n'ai pas fait ce que j'aurais dû ! J'ai des excuses à te faire. Je te demande pardon. J'ai quelques remords de ne pas avoir donné un signe de regret. Peut-être l'attendais-tu ? Alors sûrement, tout aurait pu repartir plus vite. Si un jour, je t'ai peiné, aujourd'hui, c'est moi qui le regrette."
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"Solitude
La mort, tu l'as vécue seul. Personne ne peut accompagner personne à l'instant final. Il en est toujours ainsi ; c'est notre loi humaine. Maintenant, c'est moi qui suis seul, même si je suis entouré. Et l'on me dira alors que je ne suis pas seul. Tous ceux qui sont autour de moi sont pleins d'attention, de gentillesse. Pourtant je suis seul. La relation unique que j'avais avec toi, je ne l'ai plus. Personne ne peut la remplacer. Au lieu d'une relation, il y a le vide. Et je suis seul. Il faut que je te le dise puisque, toi aussi, tu as vécu ce passage seul."
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"Avec d'autres
Pendant ta vie, tu as connu toi aussi des départs, des adieux, des au revoir... Tu étais seul, comme moi aujourd'hui. C'est quand même dommage que nous ne puissions unir nos solitudes ! Nous connaissons tous la souffrance et la joie, la peine et le réconfort, la vie et la mort... Nous les vivons à la fois tout seul et avec d'autres. C'est vraiment là que je ressens que la mort est un mur, une muraille. Elle nous enferme, elle ferme la porte de la communication."
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"Que deviens-tu ?
Je te parle, mais m'entends-tu ? Peut-être est-ce que je ne m'adresse qu'à moi-même ? J'aimerais savoir comment ça se passe "après"... Je sais que les cellules qui composent ton corps ont cessé de fonctionner, mais tu n'es pas qu'un tas de cellules ! Ton coeur a cessé de battre, mais ton Coeur, c'est autre chose ! Ton esprit a cessé de communiquer ses pensées, mais a-t-il cessé d'exister pour autan ? Et tes pensées ont-elles disparu de même ? Comment te rejoindre ?"
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"Eternité
Tu as connu la Vie. Une vie que tu as reçue tant de tes parents que de ceux qui ont donné la leur pour toi. Tu as donné la Vie, par ces dons que tu as faits de toi-même à tant d'autres et de mille façons. Je peux ressentir comment, parce que, pour moi, tu as été souvent source de vie. A la lumière de ma mémoire et de mon coeur, je peux revivre ces événements nés au fil des jours. Ce grand mouvement du temps nous a entraînés au long des ans. Tu as quitté ce mouvement. Tu es entré dans le calme de l'éternité, dans son repos, sa stabilité."
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"J'ai envie de te revoir
Oui, j'ai envie de te revoir. Bien sûr, ce ne serait pas comme avant : je vais changer ; toi aussi, peut-être ! J'ai envie de goûter à nouveau à tout ce qui a tissé les moments communs de nos existences. J'ai envie de sentir à nouveau ce qu'il y avait de meilleur en toi, de le voir encore, même s'il fallait quelques défauts pour le cacher. Vois-tu ce que je veux dire ? Même si le mot "voir" concerne maintenant les yeux du coeur, les seuls qui voient vraiment bien."
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"Il y en a qui croient en quelque chose
On dit qu'on découvre l'évolution de l'homme, quand on trouve des sépultures de nos plus lointains ancêtres. L'homme a vu le jour quand il a commencé à pensée que l'éternité le concernait ! Depuis toujours, les hommes ont cherché. Moi aussi, je cherche, je cherche à comprendre, à savoir. Est-ce que Dieu a quelque chose à voir avec ton départ ? S'il existe, il ne peut pas te laisser dans la mort. Autrement, à quoi servirait la création ?"
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"J'ai besoin de signes
Une croix... une cierge... une église, j'ai besoin de signes comme ceux-là pour te suivre aujourd'hui. Un croix pour dire ma souffrance et ma peine ; pour te dire aussi les tiennes. Une cierge pour garder dans mon coeur la flamme de ta vie, la flamme de La Vie. Une église pour prier avec toi, pour toi. Te parler comme je l'ai fait, c'est un peu comme une prière que je t'adresse, un souhait que j'exprime. J'aurais pu aussi dire tout cela à Dieu ; mais je pense que de là où tu te tiens, il l'entendra tout aussi bien."