Auteur Sujet: la fenetre  (Lu 27023 fois)

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marie-o

  • Invité
la fenetre
« le: 12 mai 2012 à 12:06:30 »
maintenant je me lève
maintenant
j'ouvre la fenêtre
et la lumière entre
avec le vent
maintenant je te sens
et tu es si loin d'ici

aujourd'hui tu es parti
et tu es partout

le monde est vaste
il est infini
hier tu étais là
et aujourd'hui
comme un grain de sable
sur quelque sol inconnu
tu es caché  de moi

aujourd'hui tu es parti
et je te cherche

quel silence immense
tout est en suspens
quel vertige
de ne pas te voir
je résonne
comme une cloche
j'ouvre la fenêtre

aujourd'hui tu es parti
et tu seras toujours en moi

 d'après une chanson de Lhassa que j'ai un peu adapté pour l'enterrement de Michel , mon mari qui s'est suicidé le 1er fevrier 2012.
que c'est difficile à vivre, j'étais comme sous tension, carapaçonnée, anesthésiée, et maintenant cela se fissure, hier soir je me suis assoupie devant la tv, je me suis réveillée en me disant que j'allais aller me coucher et retrouver mon homme dans notre lit, ce matin je me suis réveillée avec le souvenir de mon rêve où il se trouvait moi qui ne me rappelait jamais de mes rêves et chaque fois que je ferme les yeux je le revois pendu je revois son visage  et ses yeux sans vie.je suis submergée par la culpabilité , la colère, le désarroi
j'ai besoin de parler et il est difficile de trouver l'oreille.mes enfants ont 21 et 25 ans, je ne sais pas si je leur parle trop de leur père, j'ai l'impression pour moi que c'est si peu, nous souffrons et nous essayons de nous protéger les uns les autres. puis avec ses parents, c'était leur fils unique , ils ont 85 et 82 ans, ils habitent le même village que moi, ils parlent de tout sauf de Michel, hier je me suis un peu laissée à pleurer devant eux, ils ne savent me dire  qu'il faut que je sois forte . Forte, c'est le mot dont les autres me qualifient en ce moment , je ne l'aime pas , il m'enferme, il m'empêche de laisser cours à mon chagrin,. Si je donne l'image d'être forte c'est que je ne peux faire autrement.mais comme je me sens fragile, j'aimerai tant être portée un tant soit peu, trouvée refuge, être prise dans les bras[/b][/b]

cello59

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #1 le: 12 mai 2012 à 12:29:26 »
Bonjour "marie-o",

Je lis à l'instant ton émouvant témoignage, auquel il me semble essentiel de t'apporter une première et rapide réponse.

Tu as bien fait de nous rejoindre, en un lieu d'entraide où tu pourras parler librement et être écoutée. Afin que ton témoignage puisse être lu par celles et ceux qui, pour avoir vécu un même drame que toi, seront mieux à même que moi de t'apporter le soutien qui t'est nécessaire, je t'invite à déposer ton message dans l'une des deux rubriques "Vivre le deuil de son conjoint" ou "Après le suicide d'un proche" (ou les 2).

Pour t'exprimer autant que tu as besoin, et être écoutée, tu peux aussi envisager de prendre contact avec une association venant en aide aux personnes endeuillées. Tu en trouveras une liste, classée par départements, dans le fil "répertoire associations", en rubrique "Discussions générales".

Dans l'immédiat, je te souhaite beaucoup de courage pour "tenir bon", pour toi et tes enfants.
Reviens-nous dès que tu le souhaites.

Très cordialement.   Daniel

marie-o

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #2 le: 13 mai 2012 à 12:04:09 »
bonjour daniel,
je te remercie pour ton message
c'est la première fois que je vais sur un forum
j'ai bien pensé aux groupes de parole, mais dans ma région il n'y en a pas
mais je me suis mis plein d'étayages pendant mes 3 mois d'arrêt

 mon mari s'est pendu le matin entre 6h 55, heure où mon fils est parti travailler et 7 heures 35, heure où je me suis levée .michel a parlé avec mon ainé il s'est habillé il avait mis son blouson, je suis persuadée qu'il s'appétait à aller chercher le pain du petit déj pou moi et notre second fils , il a vu la rallonge électrique il s'est pendu avec après la rampe en fer forgée dans l'ex chambre d'enfants, habituellement je suis levée mais j ai trainée un peu au lit car depuis la veille je le trouvais mieux il manifestait depuis le 15 janvier des signes violents de dépression il a rencontré 3 fois son médecin traitant,une psychologue, il devait le jour même rencontré un psychiatre
c'est moi qui suis allée à son rendez vous le soir même
je continue un suivi avec lui mais il a peu de temps à me consacrer
je suis donc à la recherche d'une psychologue mais après avoir lu "après le suicide d'un proche, vivre le deuil et se reconstruire je m'interroge sur un suivi EDMR

cello59

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #3 le: 13 mai 2012 à 18:40:39 »
Bonsoir "marie-o",

En complément de mon précédent message, et tenant compte ce que tu dis, j'essaie de t'apporter quelques autres informations.

As-tu pris connaissance, dans la page d'accueil de ce site (et non du forum) de la série de vidéos sur le thème "Après le suicide d'un proche". Très vraisemblablement y trouveras-tu des réponses à certaines de tes interrogations, et très certainement un peu d'apaisement.
Tu pourras les visionner ici : http://deuil.comemo.org/mon-proche-s-est-suicide

Dans le fil "Répertoire associations", en rubrique "Discussions générales", tu trouveras une liste d'associations venant en aide aux personnes endeuillées : je viens de vérifier, il en existe dans la quasi-totalité des départements.
Je t'invite donc à prendre contact avec l'une d'elles (même si elle devait se trouver en-dehors de ton département) : s'il n'existait pas de "groupes de paroles" à proximité de ton domicile, peut-être pourrais-tu cependant bénéficier d'un accompagnement par téléphone. Au travers de tels contacts, tu devrais également pouvoir trouver un "bon" professionnel de santé, car je suis étonné que le psychiatre que tu as rencontré ait "peu de temps à te consacrer".

Es-tu aller lire les nombreux messages contenus dans la rubrique "Vivre le deuil de son conjoint" : tu y trouveras plusieurs témoignages d'ami(e)s ayant vécu un même drame que toi, avec le suicide de leurs conjoints.
C'est la raison pour laquelle je t'avais suggéré de déposer tes messages dans cette rubrique : ces ami(e)s pourront, mieux que moi, t'apporter le soutien qui t'es nécessaire (ainsi qu'à tes enfants).
En effet, la rubrique "bac à sable", dans laquelle tu as déposé ton message initial, est très certainement peu lue.


Dans l'immédiat, je te souhaite de "tenir bon", avec le soutien de tes enfants.

Très cordialement.   Daniel
« Modifié: 03 mars 2015 à 04:24:06 par Webmaster »

Caroline3

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #4 le: 15 mai 2012 à 16:44:19 »
Bonjour Marie-o,

Je lisais les paroles une peu remaniée de Lhassa de Sela, qui était un peu Québécoise (et Américaine), tout comme moi et j'ai été touchée par votre message. Ici au Québec, le passage artistique de Lhassa nous a marqué profondément: elle était une magnifique artiste.

Ce que vous avez vécu est horrible et votre courage est absolument remarquable, vraiment. Les larmes me viennent aux yeux, pensant tout ce que vous ressentez depuis ces longs jours, ces mois... voir le corps d'un suicidé (et votre mari!) par pendaison est terrible, et vous avez eu le courage de continuer.

Je suis persuadée que vous êtes une femme très forte. Je me demande si malgré le soutien des vôtres, vous vous sentez seule? Ce soutien vous aide-t-il?

Vous parlez de ses parents, très âgés. Mon mari est décédé voilà 2 ans (cancer du poumon) et ses parents ont à peu près le même âge (85 ans), et ils font comme eux: ils ne veulent pas en parler. Ce que vous vivez me rejoins, puisque je ressens un malaise au fait qu'ils n'en parlent jamais, sentant pourtant qu'ils y pensent si souvent! Ils en souffrent, mais leur façon de faire, de par leur âge et leur culture (eux sont Américains) le vivent mieux ainsi, et je comprends. Ils ont croisés la mort plus souvent que moi, et en plus... c'est leur fils adoré...

Je pense à vous, aujourd'hui, en espérant que ces quelques mots vous aident à traverser un peu de votre journée. Aujourd'hui, c'est une journée à vivre avec un peu de douceur, tentez de vous en donner un peu, si ce n'est que l'achat d'une fleur pour vous ou votre conjoint.

Amicalement,

Caroline

marie-o

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #5 le: 15 mai 2012 à 19:38:12 »
merci de vos réponses à Caroline , Yohann et Daniel
j'ai suivi vos conseils j'ai mis le si beau poème de Lhassa dans " perdre un proche par suicide"
Une expression que je ne supporte pas depuis 3 mois c'est "je t'admire , tu es forte" je réponds que non, je me sens si
fragile, peut -être que ma seule force est que je me connais que je sais dire ce que j'ai besoin et que je me sers de mon expérience professionnelle et personnelle pour mettre les étayages qui peuvent m'aider .
Mais ce que les autres prennent pour de la force , je le ressens comme une sensation de me regarder vivre comme d'être anesthésiée et j'ai très peur  de quand cela va lacher.
Heureusement je commence à me fissurer et cela me rassure d'avoir un peu  mal et de pouvoir enfin un peu pleurer

bonne soirée
marie-o

mc59

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #6 le: 16 mai 2012 à 00:35:52 »
bonsoir Marie-O;

ton deuil est encore très récent , et tout ce que tu vis est 'normal';

il ya ce temps 'd'anesthésie ' , et puis un peu à la fois, la prise de conscience de l'absence, et les 'barrières' que l'on s'était mises inconsciemment pour se protéger et qui  qui tombent peu à peu , nous laissent complétement démunies .

et c'est là qu'il est important de crier ta souffrance, et de parler encore et encore de ton Michel
avec tes proches, avec tes enfants , avec des professionnels ou dans un groupe de paroles, avec nous ici qui souffrons tous et toutes de l'absence d'un être cher.
 
moi aussi on m'a dit que j'étais 'forte' ; parce que j'ai très vite dit 'la vie continue' ;
il le fallait pour mes enfants, pour mes petits-enfants.
et pourtant ! dans les semaines qui ont suivies il y a eu cet épuisement physique et même intellectuel; la peur, la sensation de ne plus savoir faire ce qu'auparavant j'étais pourtant capables de faire seule...
alors il faut prendre soin de toi ; les forces reviennent peu à peu, et on ré-apprend à mettre un pied devant l'autre..

j'aime ce texte que tu nous partages:
" aujourd'hui tu es parti
et tu seras toujours en moi"
oui , celui que nous avons aimé , celui avec qui nous avons partagé des années de vie , celui avec qui nous avons grandi, fait maintenant partie de nous ; alors gardons tout ce que nous avons vécu de beau avec lui, laissons nous porter par cet amour ;
et puis comme je l'écrivais à quelqu'un ces derniers jours :
"le bonheur partagé se multiplie,
la soufrance partagée se divise et est moins lourde à porter"
alors n'hésite pas à revenir nous parler
amicalement
marie-claire

Hors ligne BLUEVELVET

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Re : la fenetre
« Réponse #7 le: 06 septembre 2012 à 20:51:05 »
Bonjour,

Mon mari s'est suicidé fin juin 2012, j'ai deux enfants d'un âge approximatif à celui de vos enfants.

Mon expérience est celle-ci depuis le départ de mon mari : écouter mes enfants, ils ont tellement à dire. Mon ressenti est qu'ils ont un tel sentiment d'abandon que leur mère est le dernier refuge où tout est permis parce que le deuil surtout par suicide est tabou chez beaucoup de personnes.  Surtout ne pas trahir cette confiance là même s'ils savent que j'ai des moments très durs (ils sont loin mais l'entendent à ma voix) mais pour eux savoir qu'il reste quelqu'un en qui ils peuvent avoir une confiance totale et aveugle est important). Le suicide de leur père les a privés brutalement d'un repère, ils ont tous les deux un sentiment énorme d'abandon, en tant que mère je me dois d'assumer cela. Je suis toujours là pour mes enfants même si mon coeur est en morceaux. Eux ont besoin du parent qui reste. Ils ont besoin d'écoute. L'échange entre eux et moi est important pour eux et pour moi. Ils ont aussi besoin d'une mère qui soit forte même s'ils ne l'avouent pas. Je reste le seul point d'ancrage. Ils ont chacun fait leur vie mais je leur ai dit et redit et ils le savent : je suis là même en morceaux mais je suis là. Cela les apaise un peu car ils savent qu'ils ont un point de réconfort. Je ne veux absolument pas prendre la place de leur père, bien au contraire, j'aimerais qu'il soit encore là avec ses qualités et ses défauts.....mais ils savent qu'il y a un lieu, un coup de téléphone, etc où il n'y a pas de tabou où tout peut se dire sans jugement, sans critique, juste laisser parler et se taire parfois je crois que pour le moment c'est important pour eux et je reçois ce qu'ils me disent au stade où j'en suis par rapport moi aussi au travail de deuil de mon mari et ce n'est pas chose facile je peux vous le dire.

La mort de mon mari m'a appris jusqu'à ce jour qu'il n'y a pas de fausse pudeur, j'ai voulu cacher ma peine à mes enfants au départ pour ne pas ajouter au malheur mais c'est aussi important pour eux de savoir que j'ai de la peine que je suis comme eux, en colère, en pleurs,
les jours où les répliques du séisme me tourmentent je leur dit tout simplement.  Cela leur permet aussi de réaliser qu'ils ne sont pas les seuls à souffrir.

A moi aussi on dit souvent, que tu es forte mais non je ne suis pas forte, ce que je fais c'est juste une question de survie sinon je sombre, travailler m'oblige tous les matins à me lever, me laver, me maquiller, me faire belle et petit à petit je me prends au jeu cela m'aide je n'ai pas de honte à le dire je ne sais pas si c'est du courage mais pour moi c'est un besoin sinon je sombre et sombrer ce n'est pas moi...

Je vous souhaite beaucoup de courage sur ce long chemin 
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

sofiana

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #8 le: 08 novembre 2012 à 21:42:58 »
Bonsoir ,
Chacun selon son vécu ,sa souffrance peut trouver une réponse à sa douleur: aide de professionnels, soutiens de forums, entourage familial, amical, professionnel...Il n'y a pas de réponse unique car nous avons chacun affronté les épreuves selon ce que nous sommes et selon nos états d'âme plus que variables...4 mois après le suicide de mon frère j'oscille entre le déni et les uppercuts d'un coup qui me terrassent brutalement. J'ai fait le choix de l'aide d'un psy en prévention d'un gros dérapage dépressif...j'ai tellement peur de sombrer comme il l'a fait car on sait les fragilités génétiques des maladies psy...Mais dans tout deuil, la déprime-dépression secondaire est normale.Il faut accepter sa détresse, sa tristesse , ses larmes et ses désespoirs et pratiquer ce que j'appelle la politique du dos rond...Un jour, après les tempêtes, le calme revient et l'on se dit que l'humain a des ressources exceptionnelles.Au plus profond du trou, il faut croire que l'on ne peut que remonter, poussé par la pulsion de vie.
Alors laissons le temps panser les plaies, courage...

sofiana

  • Invité
Re : Re : la fenetre
« Réponse #9 le: 08 novembre 2012 à 22:17:16 »
Bonsoir ,
Chacun selon son vécu ,sa souffrance peut trouver une réponse à sa douleur: aide de professionnels, soutiens de forums, entourage familial, amical, professionnel...Il n'y a pas de réponse unique car nous avons chacun affronté les épreuves selon ce que nous sommes et selon nos états d'âme plus que variables...4 mois après le suicide de mon frère j'oscille entre le déni et les uppercuts d'un coup qui me terrassent brutalement. J'ai fait le choix de l'aide d'un psy en prévention d'un gros dérapage dépressif...j'ai tellement peur de sombrer comme il l'a fait car on sait les fragilités génétiques des maladies psy...Mais dans tout deuil, la déprime-dépression secondaire est normale.Il faut accepter sa détresse, sa tristesse , ses larmes et ses désespoirs et pratiquer ce que j'appelle la politique du dos rond...Un jour, après les tempêtes, le calme revient et l'on se dit que l'humain a des ressources exceptionnelles.Au plus profond du trou, il faut croire que l'on ne peut que remonter, poussé par la pulsion de vie.
Alors laissons le temps panser les plaies, courage...

MAMYJOSIANE

  • Invité
Re : la fenetre
« Réponse #10 le: 05 avril 2014 à 17:09:07 »
MON DIEU QUE DE SOUFFRANCES DANS CE TEMOIGNAGE .HELAS  COMME BEAUCOUP LE DISENT SUR CE SITE OU ONT PEUT ENFIN S EXPRIMER SANS CRAINTE D ETRE JUGER  LA PLUPART DES GENS N ONT PLUS ENVIE D ECOUTER LES AUTRES .A MOINS PEU ETRE D AVOIR VECU QUEQUE CHOSE D AUSSI DUR .N AYEZ PAS HONTE DE PLEURER ONT DIT QUE LES LARMES LAVENT LE COEUR SI VOUS LES RETENEZ LE DEUIL N EN SERA QUE PLUS DUR A FAIRE .  CAR LA PEINE DOIT SORTIR SEUL LE TEMPS POURRA L ADOUCIR COURAGE JE VOUS EMBRASE TRES FORT.MAMYJOSIANE