Ma p'tite Loulou nous a quittés dans la nuit du 19 au 20 juin 2011 depuis je survis avec en moi une colère qui alterne avec une grande lassitude.Elle était fragile depuis sa naissance,son géniteur nous abandonnant pour partir avec sa maîtresse qui savait pourtant sa venue au monde et était elle-même mère!Cette période fut des mois de désespoir,d'effondrement pour nous tous,mes trois autres enfants et moi-même.Tout le bonheur de la naissance de notre Loulou nous a été volé ,il en restera en elle toute sa courte vie la souffrance du désamour de celui qui lui a donné son nom et son prénom!!Suivie dès ses 6ans elle s'est construite cahin-caha mendiant l'amour de son géniteur.Elle n'a subi que des moqueries de sa part mais aussi de sa demie-soeur naît 22 mois après elle mais elle ne nous a jamais fait part de tout cela,nous l'avons appris après son décès tant elle les idolâtrait.
Pauvre Loulou que nous avons tant aimée en bataillant chaque jour pour l'aider et qui à la veille de ses 19 ans ,la nuit de la fête des pères a mis fin à ses jours.Elle a été aidée par une psychiatre pensant davantage à gonfler son porte-feuille , à l'ensuquer de médicaments en refusant toute collaboration avec nous plutôt que de chercher pourquoi elle était si mal!
Ma révolte est immense face au manque de vraies structures avec un personnel compétent pour ces jeunes adultes fragiles.La plupart sont suivis de surcroît depuis des années sans besoin de médicaments mais au lendemain de leur majorité ils n'ont plus accès à un environnement psychiatrique adapté à leur mal-être qui intéressent si peu nos politiques!Trois fois plus de morts chez les jeunes par suicide que de morts sur la route et un budget de prévention inférieur de 30% !!!!Je voudrais investir la seule énergie que j'arrive à puiser en moi pour monter une association"P'tite Loulou" afin de pallier ce manque de structures mais aurai-je la force de mener à bout un tel combat quand chaque jour me parait si douloureux à vivre?Comment vivre après une telle absente quand survivre demande un effort quotidien?
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout!!
Claudia

Bonjour Corinne,
Merci pour ton mail,nous sommes dans l’indicible mais peut-être ces échanges nous offrent-ils à tous des instants de répit,de communion en tout cas ils permettent d'échanger avec des personnes qui peuvent comprendre car dans nos entourages même s'ils se pensent bienveillants et s'y attellent leur réconfort n'est pas souvent adapté à nos capacités actuelles!!Mais je dois avouer que moi-même je suis tellement désemparée que je n'ai plus d'avenir,de véritable projet en dehors de cette association qui me parait une montagne infranchissable,je n'arrive pas à retourner travailler,des jours entiers à pyjama à vouloir dormir pour moins souffrir!J'en arrive à souhaiter tomber malade pour rejoindre ma Loulou car je ne peux infliger un suicide à mes autres enfants qui eux-mêmes luttent pour émerger et me tirer dans la vie!Excuse mon peu de réconfort mais je ne sais plus rire!!
Avec toute mon affection
Claudia

nous nous trouvons totalement démolis et démunis devant sa mort. Nous l'aimions tant et quel vide immense après l'avoir "portée" tant d'années. Elle était le centre de nos vies, notre bataille et ne nous reste qu'un immense chagrin...demandait tant d'attention....Pas une journée sans m'inquiétait ... et à chercher de l'aide, que de larmes versées même durant sa présence parmi nous tellement elle était mal dans sa peau, révoltée, repoussant notre amour, s'isolant pour qu'il la regarde enfin et ce fut en vain...C'est la mort qui lui a tendu les bras.

Claudia
Tes mots résonnent en moi comme si je les avais écrits... c'est exactement ce que nous avons vécu avec Geoffrey... Que d'énergie, de batailles et de souffrance pour en arriver là !! J'entend toujours la chanson de Calogero avec le coeur serré "A part un père, je ne manque de rien... manquer d'amour n'est pas un crime, si seulement je pouvais lui manquer..." Ces paroles me parlaient avant, maintenant elles me bouleversent complètement.
Pas d'excuses pour venir soulager ton coeur, nous sommes là pour ça. Tout le monde ici comprend ce que tu ressens.
Un immense gâchis et une grande souffrance qu'il faut absolument extérioriser pour ne pas sombrer... Rien ne ramènera nos enfants mais j'essaie de me persuader qu'ils ont enfin trouvé la paix même si le prix à payer pour nous est énorme, nous leur devons de "vivre" pour eux et leurs frères et soeurs.
Moi aussi, j'ai arrêté de travailler (dans le social), trop de tensions et de pressions. Je ne veux plus perdre mon temps avec des gens malsains et je veux prendre le temps de me reconstruire, si c'est encore possible... et prendre soin de ceux que j'aime.
  avec toute mon affection