Bonjour Audrey et merci pour tes messages.
Tu traverses une sacrée épreuve toi aussi. J'en suis vraiment désolée.
Je crois que chacun compose comme il peut face à un traumatisme pareil, et je te trouve bien solide, capable de te protéger et de chercher comment survivre.
Pour ma part, je n'ai pas déménagé après le drame. C'est un projet en cours en ce moment pour des raisons financières.
Je ne sais pas si c'est une bonne chose, je posterai sur ce forum pour partager le moment venu.
9 mois après, j'ai toujours de gros coup durs, des moments où la douleur me terrasse.
Mais j'ai aussi des moments plus rationnels où je me dis que je n'ai pas mérité ce qui m'arrive, quoi que j'ai fait de mal dans ma vie.
Des remords, des regrets, j'en ai pour l'éternité mais j'ai retrouvé un peu d'envie... pas de vivre mais d'attendre pour voir ce qui va se passer.
Je suis un peu observatrice de mon environnement et de moi-même.
Un mot, un son, une odeur, une situation peuvent réactiver de terribles souvenirs mais la douleur est plus brève, sous contrôle relatif.
En fait, je crois que ce qui me préoccupe en ce moment c'est ce qui s'est passé avant le suicide.
Sa souffrance, la mienne. Ses erreurs, les miennes.
Je peux t'assurer qu'un jour tu seras plus sereine. Il faut du temps, il faut se confronter à soi-même et rendre le traumatisme "métabolisable", c'est-à-dire en faire un scénario plausible et acceptable, intégrable dans ton histoire.
Enfin c'est ce que j'essaie de faire.
J'ai la chance d'être fortement soutenue par des proches solides et des personnes du forum tout aussi formidables.
J'ai cru être folle. J'ai cru être morte. J'ai cru l'avoir tué. J'ai cru que j'allais exploser de douleur.
Je suis encore là.
J'ai ri hier.
Je n'ai pas pleuré depuis 4 jours.
Je me sépare de lui.
Il est mort. Pas moi.
J'espère que ces qq mots vont t'aider, Audrey. Je suis de tout coeur avec toi.
Ecris autant que tu veux.
Et fais ce qui est le mieux pour ta fille et pour toi, pas après pas, jour après jour.
Demande de l'aide, prends ton temps. Rien d'autre n'a d'importance.
Je t'embrasse.