Coucou ma pote de douleur
Bon... moi je zigzague toujours mais ce soir je suis plutôt serein.
La culpabilité se met un peu en sourdine.
J'en profite donc pour tenter de te donner un peu de mon souffle de calme.
Tu n'as pas été cruelle.
Je ne l'ai pas été non plus.
C'est le geste de Bruno (et de Ludo) qui est profondément cruel... pour eux... et pour nous.
Le problème n'est pas que tu as refusé d'écouter ses propos... et tu le sais...
Je pense (car je transpose avec mon propre vécu) que tu as refusé de céder à un chantage affectif... de surcroit parfaitement violent et terriblement extrême. Tu en avais parfaitement le droit en tant que personne! C'est cela qui est peut être difficile à ASSUMER, mais qui est parfaitement juste d'assumer!!!! TA DECISION ETAIT JUSTE.
Et assumer cela n'enlève rien à l'amour que tu portes à Bruno. Vraiment, c'est très important.
L'attitude de Ludo était moins violente mais le résultat est le même que pour toi, niveau culpabilité : il m'a alerté que la vie sans moi serait insupportable. Je n'ai rien voulu entendre. bien sûr que je regrette énormément de ne pas lui avoir tendu la main, de ne pas avoir compris l'issue qui se tramait dans sa tête. Mais je ne peux pas humainement endosser son geste, c'est trop lourd à porter et ce n'était en aucun cas mon choix. NOUS N'AVONS PAS A ASSUMER LEUR GESTE HORRIBLE.
Un ami me dit toujours :" tu es une belle personne Michaël, ne t'en veux pas. Tu as choisi la lumière et tu avais le droit."
Je n'aime pas forcément ce raccourci, mais pendant les premières semaines, cette phrase m'a beaucoup aidé quand j'étais emprisonné dans mon tunnel.. car j'essayais de deviner cette lumière au bout, je la sentais, la lumière de la vie, cet élan naturel et inné que Bruno et Ludo avaient malheureusement perdu. Nous n'en sommes pas responsables.
C'est l'issue qui est absolument dramatique.
Il faut essayer de ne pas trop leur en vouloir, car ils étaient en souffrance.
Pour autant, ne pas oublier que tu es la première victime de son geste (ainsi que tes enfants).
Rappelles toi l'image des verres gravitant autour du cendrier (tu n'es pas le cendrier) ou la foret asséchée (même des trombes d'eau n'auraient pas suffit à le sauver). comme tu me l'as mentionné, ils se sont laissés rattrapés par leur traumatisme, par leur passé. Leur erreur était de croire qu'on était la solution à leur problème. c'est la pire erreur qu'ils aient commise et c'est ce qui les a conduit à commettre le pire.
ET ILS N'AVAIENT PAS LE DROIT DE NOUS UTILISER COMME LA SOLUTION VITALE A LEUR MAUX. Cela revient finalement à ne pas assumer leur conflit interne ET A NOUS FAIRE ASSUMER LEUR PROPRE SOUFFRANCE.
Oups... j'ai un début de colère je crois.
Mais pour autant, je ne t'en voudrai jamais Ludo. Jamais. Promis. Juré. Tu es un ange pour moi désormais.
C'est bien de t'écrire.
Je le fais pour t'aider. et je m'aperçois que je déroule ma propre histoire, avec une cohérence qui se réinstalle tout doucement dans ma tête.