Ma meilleure amie, la mère de ma filleule s'est suicidée en septembre 2018 laissant derrière elle une petite fille qui a aujourd’hui 4ans.
C'est les vacances donc je profite pour la prendre chez moi quelques jours, créer des souvenirs avec elle et peut-être un peu par procuration rester proches de sa maman qui me manque terriblement. Et même si ce sont quelques jours pleins de la vie que cette petite a à revendre et de quelques caprices inévitables à cet âge, je ne peux m'empêcher d'être triste au fond de moi. Triste d'avoir perdu mon amie, triste que cette petite ait perdu sa maman, triste de l'impression que son père fait des mauvais choix pour elle et l'entendre en appeler une autre "maman" lorsqu'il s'agit d'une copine de passage de son père. Et surtout triste de me sentir si seule avec toute cette tristesse.
Je t'ai ramenée chez ton père ce matin et la dernière image que j'ai vu dans le rétroviseur a été ton petit visage en larme de me voir partir, tes mots résonnants dans mes oreilles "Ne me laisse pas toute seule!" Comment ne pas s'effondrer devant tant de chagrin lorsque déjà le mien m'étouffe?
Je pleure tout le temps, parfois pour des choses complètements futiles, parfois sans aucune raison juste comme ça le soir après une journée trop forte en émotions. Mais aujourd'hui j'ai pleuré de voir ta fille qui a tant grandie depuis que tu l'as abandonnée réclamer à longueur de temps les bisous et les câlins que tu aurais dû lui offrir. Pleuré d'avoir lu les mots qui nous faisaient rire dans un message de ton homme sans qu'il sache le mal que ça me fait. Pleuré d'entendre mon père te reprocher ton suicide en voulant me consoler. Alors j'ai ravalé mes pleurs face à cette incompréhension, me suis jurée une fois de plus de ne plus pleurer devant quelqu'un malgré le besoin flagrant de me confier à quelqu'un.
J'ai accepté le fait de ne jamais connaitre les raisons de ton acte, aujourd'hui je ne voudrais plus penser à toi en imaginant tout ce qu'on aurait pu vivre encore toutes les deux mais en me rappelant tous les bons moments que l'on a passé ensemble. Une partie de moi comprend ton geste car parfois la douleur semble insupportable mais je ne comprendrais jamais comment tu as pu choisir de laisser grandir ta fille sans sa mère...
Tu me manques et je sais que je pleurerai encore longtemps de t'avoir perdue.