Bonjour à tous, je poste ici, après avoir posté dans Vivre le deuil de son conjoint.
C'est peut-être plus approprié, je ne sais pas.
Mon homme s'est pendu chez nous il y a 2 mois. Il m'avait envoyé des messages pour me demander de rentrer, me prévenant qu'il allait le faire, mais au bout de 6 TS en 2 mois, j'étais épuisée, hébétée, paralysée, j'ai dit que je ne rentrerais pas.
Je suis rentrée, mais 20 mn trop tard. Je l'ai découvert, dépendu, j'ai essayé de le ranimer en attendant les secours.
Le médecin du SAMU a réussi à faire repartir le coeur, mais Bruno s'est définitivement éteint 24 h après, à l'hôpital.
Notre couple était en crise depuis qq mois. J'avais beaucoup à lui reprocher, j'étais injuste, je m'en rends compte maintenant.
J'attendais de lui des changements qu'il était sans doute incapable d'accomplir. Il me demandait de croire qu'il avait changé, qu'il était qqun de bien, qu'il fallait tout effacer et repartir de zéro.
Je n'ai rien lâché, je l'ai harcelé pour qu'il entende ma souffrance et ma crainte que tout recommence à l'identique.
Lui, il restait souvent mutique, ou répondait sans pour autant me rassurer, sauf au sujet de son amour exclusif pour moi. Il voulait que je le sauve de tout, que je prenne tout en charge. J'étais devenue sa mère. Je n'étais plus sa femme.
Nous avons commencé une thérapie de couple, et chacun une thérapie individuelle.
Mais tout s'est dégradé si vite que rien n'a suffi.
Bruno était qqun d'hypersensible, qui ressentait en permanence un intense sentiment d'infériorité.
Pour autant, il ne montrait ni n'extériorisait quasi rien.
Communiquer avec lui était difficile, les mots ne lui venaient pas, ou de façon maladroite.
Ses paroles me heurtaient parfois plus qu'elles ne me rassuraient.
C'était compliqué à la maison, et au boulot aussi. Il avait des conflits importants avec ses collègues, ses supérieurs.
Il s'enfonçait de plus en plus dans une dépression profonde. J'aurais dû voir. J'aurais dû écouter ses appels au secours, prendre plus au sérieux ses 6 TS qui n'étaient peut-être pas du chantage, en fait.
Il était la plupart du temps joyeux, jovial, des projets plein la tête. Ses amis n'ont rien vu venir, mis à part le fait qu'ils le voyaient de moins en moins.
Moi, je me disais que nous étions en période de crise pour reconstruire notre relation, qu'il nous fallait du temps.
La veille de sa mort, il a percuté une biche en voiture. Cela semble anodin, mais pour lui, cela a réactivé le souvenir traumatique du décès de son père, dans les mêmes conditions.
Je m'en veux terriblement. De mes crises, d'abord, de lui avoir gâché la vie, de l'avoir peut-être poussé au suicide, ou en tous cas de l'avoir laissé mourir seul.
POURQUOI JE NE SUIS ALLEE LE REJOINDRE DES QU'IL M'A ENVOYE SES MESSAGES HORRIBLES
??
Comment ai-je pu le laisser sombrer ?
Je l'aime, ça ne peut pas se terminer comme ça...