Bonsoir,
Je comprends ô combien ce que tu ressens... Je pense que dans ces moments là, on avance encore comme tu dis parce qu'on n'a pas vraiment le choix, parce que la vie s'impose à nous, c'est ça ou sombrer également... Oui, la souffrance est permanente et le sera pendant quelques temps je pense. Pour ma part, cela a fait trois mois dimanche dernier, trois mois qui sont passés incroyablement vite, et pourtant c'est comme si c'était hier. Je souffre toujours autant, si ce n'est pire car les premiers jours, les premières semaines, nous sommes dans l'émotion. Sur la durée (et encore, je pense que trois mois, ce n'est rien), les choses doivent se mettre en place dans la tête, il faut du temps pour s'y faire. Déjà intégrer la mort n'est pas facile, d'autant plus quand il s'agit d'un suicide. Cela nous amène à tellement de questionnements, de culpabilité, de colère aussi, de désespoir. Parfois, j'ai l'impression que mon cerveau se réveille et percute d'un coup que mon papa est bel et bien parti, pourtant je le sais depuis plus de trois mois, mais parfois j'ai des prises de conscience et tombe de très haut.
Il n'y a pas vraiment de bout par lequel prendre un tel deuil pour reprendre ton expression. Il faut s'exprimer, par tous les moyens qui peuvent de faire du bien : sport, écriture, musique, peinture. Il faut pleurer aussi je pense. Et parler, ne pas enfouir tout cela. Je sais que ce n'est pas facile à mettre en œuvre... Je pense qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider aussi, par un psychologue, un sophrologue.
Pour le sommeil, c'est par période. Il y a des périodes où la souffrance est telle qu'on ne dort plus, malgré la fatigue. Et puis d'épuisement, on dort quelques nuits très bien. Et ça recommence. Les premières nuits où j'ai bien dormi, j'ai culpabilisé. Comment bien dormir alors que ma vie s'est effondrée ? Mais au bout d'un moment le corps dit stop, et réussir à dormir n'est pas un signe de non respect envers nos pères ni un signe d'amoindrissement de la souffrance.
Je ne sais pas trop si ce que j'écris t'aide, j'espère que oui. Je suis au final dans la même situation que toi, avec quelques semaines d'avance.