Auteur Sujet: Une rage difficilement contenue  (Lu 29911 fois)

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Hors ligne Vee

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #15 le: 18 janvier 2018 à 10:25:50 »
Je trouve que j'ai mille raisons de lui en vouloir.

Il n'y a pas eu de raptus suicidaire non plus chez nous. Mais une longue préméditation avec une volonté de blesser post mortem tous ceux qui l'avaient blessé, lui.

Ce suicide a été un meurtre par procuration. Il a soigneusement choisi la manière (suicide à l"hélium; donc achat de matériel et logistique un peu complexe); il a envisagé de tuer ses enfants (trop de bouteilles d'hélium achetées pour lui tout seul). Il a choisi la mise en scène avec soin (consciemment ou insconciemment, d'ailleurs, car il s'est tué dans le fauteuil où j'ai passé mon temps à allaiter nos enfants, leur raconter des histoires, le fauteuil maternant et maternel... preuve à mes yeux qu'une des clefs était dans sa relation aux femmes et notamment à sa mère). Il a voulu que le monde entier sache qu'il était une victime. Il a passé la nuit a envoyer des mails incendiaires en accusant les uns et les autres d'être coupables de son mal-être. Les mails et les lettres laissées dans tous les sens sont incohérents, démontrent l'étendue de sa folie et de sa paranoia. IL a laissé un testament très ambigu qui a eu pour effet , de fait, de déshériter ses propres enfants.

J'ai passé la première année à déminer les micro bombes qu'il a laissé sur mon chemin et sur celui des autres.. de ses amis qui n'avaient rien vu venir, de sa famille qui gardait la tête dans le sable et trouvait en moi une responsable facile, de ses collègues qui sont venus me trouver pour avoir du réconfort. Tout le monde s'est imaginé que, sous prétexte que nous étions séparés, son sort ne m'importait plus, que je n'avais plus de sentiments, que j'étais blindée et j'ai tout reçu en pluie battante: les démarches administratives ubuesques (il s'est tué à l'étranger; officiellement, je suis la veuve; j'étais toujours sur le bail, etc..), le trop plein de chagrin des autres, ceux qui m'ont dit que j'avais du bol, que j'étais enfin débarrassé d'un type qui ne me causait que du tort, ceux qui pensaient que j'étais la coupable pour avoir voulu la séparation...

Pendant deux ans, je n'ai pensé qu'à une seule chose: les enfants. Comment les protéger ? Comment les aider à surnager ? rester à l'abri des paroles des gens qui pensent qu'il n'entendent rien ?

Un jour, la psy qui suivait ma fille m'a fait remarquer que beaucoup de chemin avait été fait et qu'elle ne voyait pas l'utilité de continuer à se voir à haute fréquence. Que j'avais fait du bon travail. J'ai souri et j'ai lancé d'un ton faussement détaché "boh, vous savez, moi je vous l'amène, je suis juste chauffeur....."
Elle a bondi sur ces pieds et s'est ecrié que non, que j'avais fait un boulot de malade, que peu de parents survivants pouvait faire ce que j'avais fait. Cela m'a fait un bien fou. Cela ne veut pas dire que le travail est fait; tous les parents survivants le savent. On vit en équilibre instable en permanence et à jamais.

Aujourd'hui, le plus dur est passé, mais il reste la colère, intacte, une énorme fatigue morale (et accessoirement, 20 kilos en plus). En fait, je commence à m'inquiéter. Je n'ai goût à rien. Je ne me projette dans rien. J'ai l'impression que ma vie est terminée et que je n'ai plus qu'à attendre la fin. Et qu'en plus, je ne peux même pas me suicider pour couper court, parce qu'on a déjà fait le coup aux enfants !!!!
En fait, je me sens apaisée, finalement.. mais trop... tout glisse sur moi sans prendre prise. Sauf cette colère, qui croupit.

Je ne sais pas non plus comment la transformer en quelque chose de positif. Peut-être qu'en prendre acte est un premier pas...

Hors ligne Denpaolig

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #16 le: 18 janvier 2018 à 17:23:27 »
Bonjour Minou38,

J'ai regardé l'émission. Ma fille de 15 ans est venue la regarder avec moi. Nous avons pleuré ensemble, main dans la main. Et puis, en réaction à certains propos, ma fille évoquait son papa et nous avons même réussi à un rire d'une anecdote. Je pense que je regarderai à nouveau seule pour mieux entendre.
Ma fille me faisait la réflexion qu'elle ne pouvait s'identifier aux histoires car il n'y avait que les témoignages de parents en deuil parlant de leur enfant, de sœurs parlant de leur frère mais aucune parole d'enfants ou d'adolescents concernés. Ni aucun "double suicide" comme dans mon cas.
Une phrase de Christophe Fauré (qu'on connaît bien ici) m'a fait très peur. Il disait que parfois les endeuillés voulaient se caler au plus près des émotions des suicidés et qu'il se mettait dans la même situation (une corde autour du cou...). Là, il évoquait le cas d'une épouse dont le mari s'était suicidé par arme à feu et qu'elle était allée jusqu'à introduire l'extrémité du canon dans sa bouche pour "ressentir" les mêmes sensations et essayer de comprendre son geste... Ca m'a fait froid dans le dos car moi, après le suicide de mon frère, c'est en pensée et seulement en pensée que je l'ai fait... Je me suis mise en danger (alcool, vitesse au volant...) mais je n'ai jamais pensé à mettre le fusil de chasse -canon démonté- dans ma bouche.


Pour revenir à la colère qui m'habite, elle est très présente également chez ma fille qui me disait hier "Mais, nous, maman ? Nous, il n'a pas pensé à Nous". Elle parlait d'elle et de ses deux frères.
C'est inimaginable pour moi d'accepter qu'il aie pensé aux enfants et qu'il aie commis l'irréparable malgré tout. Comment a-t-il pu se dire "Ils seront mieux sans moi, je suis un boulet"... Si tant est qu'il se le soit dit... Et c'est encore plus terrible de répondre à ses enfants "Si, j'en suis sûre, il a pensé à vous"... Comment puis-je penser qu'une telle réponse pourrait satisfaire ma fille et apaiser ses angoisses ?
D'un côté, répondre "Non, il n'a pas pensé à vous" et j'imagine les pensées de ma fille "Il n'a même pas pensé à nous, on ne comptait pas" et de l'autre côté, répondre "Si, il a pensé à vous" et d'entendre "Il ne nous aimait donc pas assez pour faire ça... Le "Je ne sais pas" est la vérité mais la vérité est-elle apaisante, satisfaisante ?

Prenons soin de nous...


Hors ligne emi

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #17 le: 18 janvier 2018 à 22:55:14 »
Malgré la lettre très décousue que ma laissé mon Amour, malgré le fait qu'il parle de nous, je reste persuadée que ce n'était pas lui à ce moment là. Il était comme "possédé". En tout cas ça ne lui ressemble pas du tout, il n'aurait jamais fait du mal à ses enfants, il les aimait trop. Mes filles sont encore petites, mais je leur dit, et sur conseil de ma psy, qu'il avait la tête ailleurs. En gros il n'a pas pensé.

Pour toi comme pour moi, c'est inconcevable de se donner la mort, car psychologiquement et psychiquement (et même malgré ces terribles épreuves) nous sommes "saines" si je peux dire ça comme ça. Nous ne sommes pas chargées d'émotions et de souffrances enfouies. On ne peut donc pas savoir, pas imaginer ce qui a pu se passer dans leur tête. On ne connait pas non plus tout leur vécu avant notre rencontre. On sait que ce qu'ils nous ont dit, et je pense que même ça l'on  l'interprète inconsciemment en fonction de notre propre vécu. C'est pour ça que pour ma part  je ne lui en veux pas, car pour faire ça, pour laisser autant de monde, il faut vraiment être mal.

Je te dis tout ça, et pourtant je me pose toujours la question de savoir ce qu'il a pensé. Je suis pleine de confusions...

Hors ligne Federico

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #18 le: 19 janvier 2018 à 05:43:23 »

Ma colère est très rarement dirigeait contre mon fils...
Par contre, j'éprouve de la rage contre la société humaine et de la haine contre la vie !
Société infréquentable... monde inhospitalier, carrément inhabitable... 
Putain et salope de vie !

Federico
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !

Hors ligne Denpaolig

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #19 le: 19 janvier 2018 à 22:44:34 »
Oui Federico,

Ce monde est terrifiant. Les nouvelles du monde sont anxiogènes et je me dis que je laisse à mes enfants un bien triste monde de désolation et de violences de tout genre... Et quand la violence nous touche plus particulièrement par le suicide d'un de nos proches, le reste du monde passe au second plan voire aux oubliettes. Plus rien d'autre n'a d'importance puisque notre monde a été dévasté... Personnellement, tout comme toi, après le suicide de mon frère, j'ai ressenti une haine profonde pour le monde entier.  Et c'est avec un plaisir sadique que j'assénais  les détails glauques de la mort de mon frère avec la volonté de choquer. Une volonté de faire souffrir autant que je souffrais. Je le regrette aujourd'hui mais je ne savais pas comment faire pour crier mon désespoir. Il faut remonter en 1988, Christophe Fauré n'avait pas encore écrit son livre sur le suicide ! Je ne comprenais absolument pas ce que je vivais, ni si ce que je vivais était normal ou pas... Mes parents étaient aux abonnés absents... Bref, j'avais perdu tous mes repères et j'ai accumulé des comportements négatifs, néfastes pour moi et pour les autres.
Aujourd'hui, avec  la mort de Pascal qui a réveillé les souvenirs terribles de la mort de mon frère, je leur en veux à tous les deux. . A Pascal tout d'abord, parce qu'il a réveillé le cauchemar enfoui, parce qu'il a agi en égoïste, parce qu'il a osé faire du mal à mes enfants,  parce qu'il nous a abandonnés, parce que sa mort est violente...
A mon frère, parce qu'il a osé l'insoutenable en ma présence, parce que j'ai toujours vécu les circonstances de sa mort (le fait que je sois seule avec lui et qu'il ait attendu que je sois rentrée pour se suicider) comme une punition, parce qu'il était jeune, beau, intelligent, et qu'il avait toute la vie devant lui, parce qu'il me manque terriblement...

La différence entre hier et aujourd'hui, c'est qu'aujourd'hui, ma colère n'est tournée que vers eux. Elle est forte, envahissante, perturbante. Je n'ai pas envie de dire qu'elle est destructrice parce que je trouve que j'affronte plutôt bien la situation. Je tiens ma force de mes enfants.
Prends bien soin de toi Federico...
« Modifié: 19 janvier 2018 à 22:58:08 par Denpaolig »

Hors ligne Denpaolig

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #20 le: 19 janvier 2018 à 23:41:25 »
Vee,

Le suicide que tu vis est d'autant plus difficile qu'il laisse penser en effet que sa volonté était de punir, de blesser, de meurtrir...
Ca me fait penser à un fait d'hiver raconté par la journaliste Laurence Ferrari, il y a quelques années. Un père s'était suicidé en se jetant d'un pont avec sa fille de quelques années. Sa volonté première était de punir sa femme qui avait quitté le domicile conjugal suite à la jalousie maladive de son conjoint. En la privant de sa fille, il savait que jamais elle ne l'oublierait LUI !!!
C'est absolument terrifiant ! Machiavélique !

Ceux qui t'ont dit "bienheureuse de ne plus subir cet homme" ne savent pas combien leur absence est envahissante, omniprésente et que cette absence est un véritable poison...

Je ne connais pas grand chose à la législation mais il me semble avoir déjà entendu que l'on ne pouvait pas déshériter totalement ses enfants.

Moi, j'ai trinqué avec des amies à la pension de reversion... Chacun son délire !!! lol

Concernant ton manque d'envie, je la comprends et je pense qu'elle est normale. La fatigue physique, émotionnelle, psychique surtout est forte et coupe l'envie. Tu t'ouvriras à nouveau quand tu te sentiras prête. Moi, je pense qu'en neuf mois, j'ai dû prendre 10 kilos (je ne monte plus sur une balance depuis longtemps mais mes pantalons parlent...). Cette après-midi, j'ai essuyé une réflexion d'une de mes collègues de travail qui m'a asséné que je ne faisais que manger (accessoirement, je travaille aussi...) (je venais de manger un carré de chocolat suite à un coup de stress)... Je m'en fous de leurs réflexions à la con, je préfère manger du chocolat que de prendre des anti-dépresseurs. Je sais bien que je fais du mal à mon corps mais j'ai fait le choix de me sortir du traumatisme du deuil par ma seule volonté et l'aide d'un psy. Mais je n'ai aucune volonté pour résister au chocolat !!! Y'a des batailles qui sont perdues d'avance ! Quand je me sentirais mieux, moins en colère (on y croit !!!), je consulterai pour mon poids. Pour le moment, ce n'est pas ma priorité.

As-tu des ami(e)s qui sont présent(e)s et bienveillant(e)s auprès de toi ?  Si c'est le cas, oses leur demander de l'aide... Moi, j'ai perdu mes meilleures amies dans cette histoire... Mais je suis tout de même un peu entourée et soutenue par des collègues de travail qui depuis le temps qu'on se connaît (19 ans) sont devenues des amies. Je sais que je peux compter sur elles même si je me trouve assez renfermée aussi avec un manque de motivation pour sortir... Ca reviendra pour toi comme pour moi, crois-moi ! Moi qui adorais sortir avant, je me complais à la maison. Je n'ai pas besoin de faire d'effort de maquillage, de toilette... De toute façon, l'image que je renvoie en ce moment est loin d'être glamour... C'est ça la clé, il faut changer l'image que l'on renvoie aux gens ! Se bichonner, se maquiller, se pomponner, se coiffer, faire une coupe et une couleur, aller chez l'esthéticienne...et renvoyer l'image de quelqu'un de sûr, de fort, de beau, de vivant avec de jolies rondeurs... Allez, Vee, je compte sur toi !!!

Je t'envoie toute la douceur dont je suis capable. Je te souhaite de retrouver l'envie, d'être heureuse, d'être en paix...

Muriel.
« Modifié: 19 janvier 2018 à 23:45:24 par Denpaolig »

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #21 le: 20 janvier 2018 à 13:21:30 »
   Chers "enragé(e)s",

   Ô  le CHOCOLAT !
   Un peu de douceur voluptueuse dans ce monde brutal ...
   Comme je comprends ...
   Si c'était possible, je ne mangerais QUE du chocolat ... mais même ça c'est pas possible ... je regrossis et je veux pas ... je veux faire tout bien, alors que tout est FOUTU ! Suis-je cinglée !

   La VIOLENCE, ah, celle-là, on peut dire qu'on l'a avalée tout rond tout cru avec le suicide d'un proche ...
   Nous avons été percutés si impitoyablement que nos amortisseurs ont cassé !
   C'est cela que ne peuvent comprendre "les autres" ...
   Nos amortisseurs sont cassés ...
   Alors on fait ce qu'on peut, mais ...

   Fort émue par vos histoires, M.

Hors ligne Denpaolig

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #22 le: 22 janvier 2018 à 19:04:17 »
Bonsoir Souci,

Je te cite : "Si c'était possible, je ne mangerais QUE du chocolat ... mais même ça c'est pas possible ... je regrossis et je veux pas ... je veux faire tout bien, alors que tout est FOUTU ! Suis-je cinglée !"

Enfin quelque chose dans ce cataclysme  que l'on a la possibilité de maitriser ! Son poids ! LOL Moi, j'abandonne, je ne le maîtrise absolument pas et je m'en fous totalement !!! On verra ça à un autre moment ! Quand dans la tête, la tempête se sera calmée !!!

Oui, Souci, en voilà des témoignages qui me parlent !

Je vous envoie toute la douceur  du monde !

Muriel.

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #23 le: 23 janvier 2018 à 18:34:56 »
Bonbsoir,

Je l'ai souvent dit sur l'autre fil de discussion que ma colère se nourrissait des petites et grandes épreuves que je suis amenée à vivre. Hier, mon p'tit bonhomme d'amour n'a pas pu aller à l'école à cause de maux de ventre (encore...). A 7 heures du matin, j'ai crié !!! Après qui ? Après mon p'tit bonhomme... Après les cris, je me suis sentie la dernière des merdes car il n'y est pour rien mon 'tit cœur. La journée a été éprouvante. Aujourd'hui, il y est allé... Mais pour autant, je me sens tellement minable d'avoir eu ce type de réaction... Ce n'est évidemment pas contre lui que je voulais crier ! D'ailleurs, dans la voiture, après avoir déposé ma fille à l'école, les vitres ont tremblé... Je l'ai déjà dit, je LE maudis... Jamais devant les enfants mais dans ma tête, au cimetière, dans les silences... Ici...

Merci de m'avoir lu...
Courage à tous et toutes...
Muriel.

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #24 le: 23 janvier 2018 à 22:20:51 »
Compliqué de s'occuper des enfants quand autant d'émotions nous submergent.
C'est déjà dur d'élever des enfants à deux, ça l'est encore plus seule, alors seule portant un deuil ...
Je m'en veux aussi à chaque fois que j'ai des réactions disproportionnées. Ils ne sont effectivement pour rien dans tout ça ; ils subissent c'est tout. Mais je suis sûre que tu essaies de faire du mieux que tu peux et c'est ça le plus important. Nous ne sommes pas infaillibles, et nous avons malheureusement beaucoup à gérer. Tu es une bonne maman, ça se sent dans tout ce que tu dis. Et même si cette colère te bouffe, tu ne lâche pas, tu te bats. J'espère pouvoir réussir à faire face comme toi.
« Modifié: 25 janvier 2018 à 21:08:42 par emi »

Hors ligne Denpaolig

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #25 le: 25 janvier 2018 à 18:30:18 »
Emi,

Les moments de révolte sont explosifs mais j'arrive à me ressaisir mais ça reste incroyablement violent. Je sors épuisée de ces moments-là et je me rends bien compte que rien de positif ne ressort de cette violence qu'elle soit intérieure ou pas d'ailleurs. 9 mois hier et aucune acceptation de son geste jusqu'à présent...
Ma fille me disait hier qu'elle me trouvait moins fatiguée et plus présente avec eux. C'est son ressenti mais j'avoue que tous les soirs, je suis ravie de me coucher totalement vidée... Je suis une boulimique de livres et la lecture m'occupe l'esprit, je psychote moins... Mais j'avoue aussi que parfois, je me rends compte que je ne retiens pas ce que j'ai lu car mon esprit est parti vagabonder... Inlassablement, je reprends ma lecture... Je me dis aussi que heureusement que j'ai un dérivatif qui fonctionne car je n'ose imaginer les nuits blanches que certains doivent passer à psychoter...
Bon courage à toutes et tous...
Muriel.

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #26 le: 28 janvier 2018 à 20:54:14 »
Je voudrais pouvoir justifier mes colères noires (ce soir contre mon petit dernier) en mettant tout sur le dos de Pascal mais si je veux être totalement juste et honnête avec moi-même, il n'est pas entièrement responsable de ces explosions. Bien sûr que parfois, la violence de son acte est le déclencheur de quelque chose de très violent chez moi (pensées ou gestes) mais ce soir, je n'ai juste pas supporté l'opposition avec mon ,petit dernier qui est venu spontanément s'excuser, un peu plus tard, de son irrespect.  Moi qui ait toujours privilégié le dialogue et l'humour, ce soir c'était du grand n'importe quoi. Aucune maîtrise de mes pensées, aucun recul nécessaire pour déminer la situation... J'ai tellement de violence en moi que je mélange tout et les hurlements que je devrais réserver à Pascal, je les assène à mes enfants...
J'ai honte, tellement honte de moi...
Mon psy a encore de beaux jours devant lui...

Muriel.

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #27 le: 01 février 2018 à 17:51:29 »
Et mon notaire qui m'envoie SA taxe d'habitation... Non mais il rigole lui, j'espère !!! Rien, je ne paierai plus rien !!! Evidemment que je vais être obligée de payer mais j'enrage (une fois de plus !) contre Pascal qui me met dans une situation financière catastrophique !!!! Ras-le-bol ! RAS-LE-BOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOL !!!

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #28 le: 06 février 2018 à 00:02:06 »
Bonsoir,

Je souhaitais réagir à votre message sans aucun jugement bien sûr, on ressent ce que l'on ressent et on fait comme on peut avec. Vous m'excuserez, je n'ai pas eu le courage de lire toutes les réponses.
Je ne sais pas si on peut en vouloir à qui que ce soit, à ceux que l'on a perdu ou à ce que l'on peut envisager de faire, et surtout parfois les mots dépassent nos pensées même quand elles sont si noires. J'ai perdu mon papa il y a 6 mois (un fossé énorme). Je ressens pleins de choses à la fois, beaucoup de personnes de mon entourage ont été en colère ça a été leur première réaction. Comment avait-il pu faire ça alors qu'il savait que c'était moi qui allait rentrer et le trouver?
Moi je ne suis pas en colère après lui, je sais combien il était en souffrance, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas en colère bien au contraire, mais contre d'autres personnes à commencer par moi-même d'avoir attendu l'irréparable pour comprendre que sa maladie était au moins aussi grave qu'un cancer. Je pense que chacun gère à sa manière. Les premiers mois, et ça m'arrive encore, je me dis à quoi bon de vivre tout ça, c'est quoi le but ? Le soir quand je me couche mon cerveau imagine le même geste que lui sur moi, et ces images et ce ressenti viennent tous seuls sans que je ne demande rien.
L'autre soir j'ai rêvé de mon père qui me disait qu'il fallait que je lui pardonne, alors moi j'ai envie d'interpréter ça comme un signe de l'au-delà (et pourtant je ne suis pas croyante), peut-être qu'un psy dirait que finalement je lui en veux de façon refoulée. Parfois, mieux vaut ne pas trop se poser de question et prendre les choses comme elles viennent.

Et tes enfants sont-ils en colère eux aussi? Est-ce qu'ils parviennent à en parler avec toi?
Bien à toi.
Charlotte.

Hors ligne Denpaolig

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Re : Une rage difficilement contenue
« Réponse #29 le: 11 février 2018 à 17:05:42 »
Bonjour Charlotte,

Oui, mon aîné de 19 ans laisse très souvent exploser sa colère. Il va au cimetière, tape dans ce qu'il y trouve... A la maison, il s'enferme et pleure... Il se saoule en soirée.  Il se confie parfois mais pas toujours. Les manifestations sont plus visibles chez mon aîné, ce qui ne veut pas dire que les 2 autres ne souffrent pas. Mon petit dernier somatise et manque souvent l'école à cause de maux de ventre. Ma fille vient souvent se réfugier dans mes bras et se laisse aller à pleurer...
Je recueille tout ça sans rien dire sur l'instant. Mais ma colère se nourrit de tous ces moments difficiles qu'ils sont amenés à ressentir ou à vivre. Et ma colère explose aussi quand la coupe est pleine !!!

La colère peut être en effet ressentie de plusieurs manières et évidemment pas forcément contre le suicidé... Moi, c'est contre lui depuis 9 mois...

Bon courage à tous,

Muriel.