Bonjour à toutes et tous,
Moi non plus Stellarose je ne serai pas d'une grande aide, je traverse une période de dates douloureuses, le moment où ma fille a commencé à avoir des crises d'angoisse, puis de panique, où moi-même je n'ai rien compris, où sa psychiatre n'a pas bougé, où elle a atterri aux urgences, prise en charge par un assistant stagiaire qui n'y connaissait rien, où nous n'avons pas su qu'il fallait la faire sortir de là, ce qui lui a valu d'être coupée de ses enfants, son dernier repère... Et puis sans information aucune, on la fait sortir, sans suivi ; la famille a cru qu'elle allait mieux... Il y a eu sevrage de son traitement, levée d'inhibition et un soir où nous l'avons laissée seule, désorientée, épuisée, croyant qu'elle avait un mal incurable, qu'elle ne serait plus comme avant (ce qu'elle a écrit) elle a perdu l'espoir ! Voilà 33 mois... Sa petite-fille comptait les mois jeudi dernier.... Je ne la verrai que le mois prochain, elle part retrouver son frère à l'étranger, ce dernier a pris son envol et tant mieux pour lui... Leurs études ne s'en sont pas ressenties, ils ont envie de faire un tas de choses, cependant comment vivront-ils ce drame dans leur vie d'adulte ?
Quant à moi devoir poursuivre ma route, survivre à mon unique enfant, je le perçois comme une injustice sans nom !
Quand je ne pleure pas, je ne décolère pas contre ceux qui étaient censés la soigner, qui reconnaissent avoir fait une erreur de diagnostic (l'erreur n'étant pas une faute...), contre mes proches également qui ne nous ont pas aidées toutes les deux (sans information tous ont agi à contre-courant), c'est cette colère qui me fait me bouger pour l'instant...
Plus que jamais, j'ai conscience que la vie n'est pas que "bonheur" hélas. J'ai aussi conscience du malheur qui arrive aux autres ... et je ne veux surtout pas oublier que nous avons été heureux en d'autres temps.
Alors que ceux qui restent profitent de ce qu'ils ont de bon à prendre....
Qu'est-ce que la vie ? je ne sais toujours pas....
Et s'ils les coups durs en font partie, nous n' y sommes pas préparés du tout mais pas du tout et ils nous anéantissent.
Il n'y a qu'auprès les deux enfants que je me permets de rappeler certains souvenirs avec leur maman, certaines dates, importantes et quand il est possible de les réunir je les invite à partager un repas. La petite a adopté spontanément un rituel : il y a toujours une bougie près de la photo de sa maman et quelques fleurs.
Avec mes proches si je leur souhaite d'aller bien , je suis incapable de partager quoi que ce soit avec eux, et mon excuse c'est que je ne tiens pas à être un rabat-joie, mes efforts ne vont pas jusqu'à "faire semblant", il n'ont jamais compris ce que la perte de ma fille représentait pour moi... encore moins l'état dans lequel un tel choc, un tel manque pour ses enfants et moi, pouvait me plonger !
Pour nos enfants, et/ou petits-enfants, au moins, nous continuons d' exister ; même si nous sommes davantage dans le don avec eux, c'est gratifiant de savoir qu'on peut encore leur apporter quelquechose, qu'on peut leur procurer des instants d'attention et de tendresse.
Et ici, sur ce forum ( à notre disposition) malgré notre douleur à tour de rôle nous réussissons a garder la capacité d'échanger, de partager notre histoire, notre souffrance , mais aussi notre espérance en des jours moins déchirants, un peu plus cléments...
Une belle preuve d'humanité, oui elle existe...
Merci à toutes et tous et que l'Amour qui ne meurt jamais nous soutienne.
Pensées affectueuses.