Auteur Sujet: Suicide de mon papa.  (Lu 5271 fois)

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manque-dissimulé

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Suicide de mon papa.
« le: 30 septembre 2016 à 02:39:58 »
Bonsoir,

Il est tard, ou plutôt très tôt, et je suis triste ce soir. La douleur que je ressens est terrible, impossible à mesurer tant elle est forte. J'ai beaucoup de mal à l'exprimer mais je crois que le temps est venu de le faire, du moins en partie.

J'ai perdu mon père alors que je n'étais qu'une enfant. Il s'est suicidé de manière très très violente. C'était fin 1999, il avait 36 ans. Il venait de se séparer de ma mère et il a de toute façon toujours été au bord de la dépression. Il avait un rendez-vous à l'hôpital psychiatrique mais personne n'a jamais su s'il y était allé, il s'est suicidé quelques semaines plus tard. Et puis surtout, il avait peur de ne plus avoir de mes nouvelles suite à la séparation.
D'ailleurs, un mois après son suicide, on apprenait qu'il était admis à un concours et d'autres bonnes nouvelles qu'il n'aura jamais. Le tournant était arrivé mais il n'en saura jamais rien.
Il n'a pas laissé de lettres, on ne connaît donc pas précisément les raisons de son suicide, on ne peut formuler que des hypothèses, et ça aussi c'est douloureux.

J'ai appris son suicide beaucoup plus tard, on m'a dit dans un premier temps qu'il était mort, et je crois que ça me suffisait. Au fond, je crois que j'ai toujours su qu'il s'était suicidé.

La douleur est grande. Il y a eu une période où je lui en ai voulu de tout mon coeur, et où je m'en voulais aussi (parce que oui, c'est un peu à cause de moi aussi..), j'en voulais aussi au monde entier.  Puis j'ai commencé à le chercher partout, à avoir l'impression de le voir partout. Ensuite la tristesse est venue. Et maintenant je ressens tout ça à la fois. Je comprends qu'il était dans une détresse atroce et pour moi-même avoir fait deux TS, je connais la puissance du mal-être et des idées noires. Pourtant, c'est comme si j'avais besoin de chercher un coupable, alors tantôt c'est à lui que j'en veux, tantôt c'est à moi. J'ai encore l'impression de le voir partout, il m'arrive d'être persuadée alors que je suis dans le bus qu'il est devant moi, et c'est très perturbant. Et puis la tristesse est là, forte, transcendant tout mon être. Je vois un psychologue mais rien n'avance. Je sais que le deuil est long et périlleux mais j'ai l'impression que je ne pourrais jamais vivre sans lui.

Actuellement il m'arrive de percuter tout d'un coup que je ne le reverrai jamais, que non il ne reviendra pas. Et puis la minute d'après, je me dis que si, que ce n'est pas grave qu'il ne soit pas là tout de suite parce qu'il va revenir bientôt, et je suis apaisée en me disant qu'il reviendra bientôt. Pourtant je sais au fond de moi que non, mais je ne peux pas l'accepter. Et puis qu'est-ce qu'il me manque. Je ne parviens pas à dire la puissance de ma douleur mais j'ai mal. Je ne peux pas vivre sans lui.
Je ne pourrais jamais accepter qu'il soit parti. Pour moi il n'est pas mort, c'est inconcevable qu'il le soit. On dit que le temps aide à apaiser la douleur, je sais qu'elle ne la guérit jamais, mais elle est au moins censée l'apaiser. Pour moi le temps n'a rien apaisé, au contraire.

Je regarde souvent des photos de lui et de nous deux, on me répète souvent qu'il m'aimait d'un amour immense. Et que je lui ressemble. Alors chaque jour dans le miroir, je le cherche un peu en moi, pour me persuader que d'une manière ou d'une autre, il est là, un peu, avec moi, en moi. Qu'il n'est pas parti du tout.

Je ne poste pas pour avoir des réponses, d'ailleurs je n'ai pas de question. Je suis désolée, vraiment désolée d'avoir écrit tout ça mais j'avais besoin de l'écrire quelque part. Merci à ceux qui m'auront lue.
« Modifié: 30 septembre 2016 à 02:47:02 par manque-dissimulé »

Hors ligne kompong speu

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Re : Suicide de mon papa.
« Réponse #1 le: 30 septembre 2016 à 08:42:34 »
Bonjour
Parfois la douleur est tellement intense qu'on va mettre les choses dans une boite hermétique, on est dans le déni et puis la boite s'ouvre et le deuil reprend comme si il avait commencé hier avec la même puissance.
C'est pas que le temps ne fait rien.......
Tu le dis tu étais une enfant ,il a fallu du temps pour que tu sois en mesure de faire face au suicide de ton papa
Mille pensées pour toi