Auteur Sujet: Mon compagnon s'est suicidé le 16 mars  (Lu 8345 fois)

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capucine

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Mon compagnon s'est suicidé le 16 mars
« le: 03 avril 2011 à 21:21:17 »
Bonsoir. je suis complètement perdue...j'ai 66 ans. Il y a 17 ans j'ai rencontré mon compagnon veuf depuis peu, de 13 ans mon aîné et de suite cela a été une entente, une complicité, un amour tout en générosité. Il avait des douleurs à exprimer, j'avais un mal être suite à un divorce après 17 ans de vie commune et 2 enfants,  et une relation de 10 ans qui me laissait le goût amer d'être une poire!....entre nous , tout de suite nous avons su que ce serait beau. A 50 ans j'ai quitté famille et collègues et je l'ai suivi dans sa région, 4 ans plus tard c'est lui qui me suivait pour revenir dans la mienne. Nous n'avons jamais été séparés sauf lors de ses séjours à l'hopital suite à une artérite sévère des membres inférieurs. Nombreux pontages qui se sont succèdés, de plus en plus importants jusqu'au dernier il y a 2 ans. Depuis nous vivions en sachant qu'un jour on lui couperait une jambe...pour commencer!....il disait qu'il ne supporterait pas et qu'il partirait sur ses 2 jambes, qu'il se foutrait en l'air avant, mais je ne le croyais pas , je ne pouvais pas imaginer qu'il passerait à l'acte si vite. Ce mercredi matin-là il est venu vers moi, m'a posé la main sur la tête plus longtemps que d'habitude, m'a embrassée comme il le faisait si souvent sans raison particulière, est sorti pendant que je retournais dans ma cuisine. 3 secondes plus tard j'entendais le coup de feu....et la vision de son corps couché dans la pelouse ne me quittera plus jamais, ainsi que cette sensation en un quart de seconde de n'être plus qu'une enveloppe vide.....il avait tout prévu depuis quelques jours et je n'ai rien compris! je n'ai pas compris le regard intense qu'il a eu pour moi avant de sortir!....et je croyais qu'il allait prendre l'air parce qu'il m'avait dit:" tu sais, je ne vais pas bien"....il me le disait tous les jours et il allait s'étendre puis il revenait en me disant "ça va mieux".....et là je n'ai rien compris, mais qu'est-ce que j'ai raté??....à coté de quoi je suis passée?? nous nous aimions infiniment, il m'avait tellement apporté, et j'étais prête à m'occuper de lui et de son futur handicap, mais il disait ne pas vouloir m'imposer cela. Il avait vécu jusqu'à la fin l'agonie de son épouse cancéreuse et il me disait souvent "c'est terrible de voir la personne qu'on aime se dégrader"....je sais qu'il a fait ça par amour pour moi, mais je n'arrive pas à l'accepter!....le matin ça va, dans la journée aussi car je suis occupée mais le soir dans cette immense maison vide j'angoisse terriblement, je vais me coucher tôt après avoir pris un séresta et je m'endors en espèrant arriver vite au matin et au lever du soleil....combien de temps cette angoisse et cette douleur vont-elles durer?? comment faire pour que ça aille mieux?? je ne veux pas me droguer éternellement, je ne sais plus quoi faire, aidez-moi
...

thalie72

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Re : Mon compagnon s'est suicidé le 16 mars
« Réponse #1 le: 03 avril 2011 à 22:56:44 »
Bonsoir capucine,

Je comprends ce que vous vivez, moi même j'ai vécue tout celà ( les 3 derniers jours, mon mari était bien) la dépression, la fatigue et le dimanche 19 septembre 2010 à 18 h30 je le retrouve pendu dans le garage. Le grand vide, 20 ans ensemble dont 15 ans de mariage, J'ai 39 ans et je suis veuve pas d'enfants. Je prends toujours des médicaments pour les crises d'angoises et des somnifères pour dormir et limiter les cauchemards, je vois une psychologue qui m'aide beaucoup. Pendant l'hiver j'ai beaucoup angoisser le soir à la tomber de la nuit, je n'avait hâte que d'une chose me coucher pour ne plus penser. Les beaux jours reviennent la tristesse, la douleur sont toujours là. Je sait se n'est guère encourageant les mots et impression que vous lisez, mais depuis le déces de mon mari j'ai perdu un peu ou beaucoup de mon ammabilité, j'ai même l'impression d'être devenue froide. Beaucoup de personne autour de moi n'ont pas comprit son geste. Ne comprennent pas que le deuil suite à un suicide est trés difficile et encore plus quand c'est vous qui retrouvez votre mari ou votre compagnon mort dans ces conditions, c'est un choc que je n'est toujours pas assimiler. N'hesitez pas à aller consulter, il faut parler même si celà fait mal, un médecin ne juge pas, un(e) pshycologue ecoute et conseille, même si des fois les séances me fatigue j'y vais quand même. Je vous souhaite bon courage capucine.

Thalie

slm

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Re : Mon compagnon s'est suicidé le 16 mars
« Réponse #2 le: 04 avril 2011 à 14:12:05 »
Bonjour Capucine

Je connais la violence du choc que vous venez de subir.Je ne sais pas si je vais vous réconforter mais sachez que sur ce site vous ne
serez jamais seule, qu'il y aura toujours quelqu'un capable de comprendre ce que vous ressentez.
Mon mari s'est pendu un 19 Mars il y a maintenant 22 ans, j'avais 37 ans à l'époque c'était mon premier amour nous avions grandi dans
le même quartier, il avait pratiquement toujours fait plus ou moins parti de ma vie et pourtant je n'avais rien vu venir.
Deux ans de psy et d'antidépresseur jusqu'au moment où j'ai rencontré celui qui allait devenir le deuxième homme de ma vie.
Nous ne vivions pas ensembles à cause de nos travails respectifs et de nos modes de vie mais cela ne nous empêchait pas de tenir
l'un à l'autre. Il y a quelques années il m'a avoué qu'il pensait être maniaco-dépressif alors je me suis renseignée sur cette maladie
que je ne connaissais pas je me suis dit que j'allais être vigilante et que cette fois je ne laisserais rien passer. A chaque passage à vide
il me disait de ne pas m'inquiéter qu'il gérait, qu'il fallait attendre que cela passe. En décembre il s'est fait arrêter parce qu'il n'allait
pas bien, il s'est rendu chez ses parents pour passer les fêtes en famille, cette fois encore il m'a dit de ne pas m'inquiéter, qu'il n'était
pas seul. Le 3 janvier il est rentré chez lui et s'est donné la mort je ne sais même pas quel jour car il n'a été retrouvé que le 7.
Il est parti sans une explication, sans m'avoir dit au revoir je lui avait dit que j'étais là s'il avait besoin de mon aide, il n'en a pas voulue.
Cette fois encore je n'ai rien pu empêcher. Je sais par expérience qu'il faut du temps, alors je prend mon temps sans me brusquer. Je
n'oublierai jamais comme je n'ai pas oublié la dernière image que j'ai de mon mari, je porte à jamais son nom mais je pense à lui sans souffrance. Donnez vous du temps et faite vous aider médicalement le temps qu'il faudra, et surtout n'hésitez pa à venir içi vous exprimer.
Je suis de tout coeur avec vous
.

Sylvie