FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Après le suicide d’un proche => Discussion démarrée par: nous2 le 08 février 2015 à 15:53:40
-
Bonjour,
Le 6 octobre 2014, j'ai retrouvé mon mari pendu dans notre salle de traite. J'ai 42 ans. Nous étions agriculteurs. Je l'ai rejoint dans la ferme familiale en tant qu'associée. 13 ans de vie commune, 7 ans 1/2 de mariage, deux filles de 6 et presque 10 ans.
Depuis ce jour, je ne peux plus entrer dans le lieu du drame. ma belle famille trouve que ce n'est pas normal, que c'est de la comédie ! Mais moi je me sens traumatisée. je cherche un nouveau boulot.
Je suis suivie par une infirmière psychologue depuis mais, même si j'arrive à vivre (survivre ?), j'ai des gros "creux de vague" et je reste en vie pour mes filles ! Suis-je normale ?
De plus, et c'est très contradictoire, je l'aime et il m'arrive malgré tout de penser à retrouver un jour quelqu'un. J'ai besoin d'une épaule au quotidien et de tendresse ! Mais ça ne fait que 4 mois. J'ai beaucoup culpabilisé après son suicide et je reculpabilise aujourd'hui en ayant ces idées là !
Je me sens très vulnérable. Quelqu'un peut m'aider ? Merci d'avance.
-
je te conseille aussi d'ouvrir une file sur
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/?PHPSESSID=sv1fragdui47ha0corh0s70tm6
où tu liras http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/role-du-forum-pour-nous-c%27est-quoi/msg48232/#msg48232
tu es de quelle région ?
-
Auvergne, département Puy de Dôme.
-
bonjour
cela me parait tout à fait normal que tu ne puisses pas encore aller sur le lieu du drame, c'est trop tôt.
Mon mari est décédé le 23/11/2014 dans son sommeil, donc dans notre lit à côté de moi, et je n'ai pas encore réintégré ma chambre.
il faut prendre le temps qu'il faut, et laisser les autres penser ce qu'ils veulent. Ils ne sont pas à notre place et ne peuvent pas comprendre le traumatisme que nous vivons.
maintenant, il faut juste penser à toi et tes filles.
courage
-
Je ne pourrai pas y retourner ! Ce métier, c'était notre vie à nous 2 et maintenant, en plus des circonstances, ça a un non sens pour moi. La ferme, les vaches, c'était nous. Et puis les horaires de traite c'est 6 heures 30/9 heures le matin et 17 heures 30/20 heures les soir. J'ai choisi d'être là pour mes enfants, aux horaires où elles ont le plus besoin ! Quand on a plus qu'un parent, je pense que c'est légitime ! J'en ai marre d'être jugée par ceux qui ne savent pas le cataclysme que cela provoque. L'image de mon mari quand je l'ai découvert, je me réveille avec, je m'endort avec et je survis avec. J'ai l'impression que, même si j'arrive à ne plus me faire le déroulement de la scène, je la verrai toute ma vie cette image. C'est gravé !
Et puis j'ai très peur de l'avenir. Pour mes filles et moi-même. Comment vont-elles grandir ? Comment vont-elles gérer le manque du père ? Je fais en sorte de répondre à toutes leurs questions, sans tabou, avec des mots adaptés à leur âge. Je leur ai dit la vérité en me faisant aider par une pédopsy pour ne pas leur faire plus de mal que de bien. Mais j'ai peur !
-
fais ce que te dicte ton coeur et ton envie..;toi seule sait désormais ce qui est bon pour toi et pour ta famille...
en sachant quand même qu'il faudrait ne pas prendre de décision définitive lors de la ,première année car on est trop choquée pour voir toutes les conséquences...
-
bonsoir Charlie
je vis le drame du suicide,je vis un cauchemar, que petit à petit avec l'aide d'un psy, j arrive à peine a respirer.....c est un deuil difficile, tordu, épineux ou se mêle souffrance, colère, culpabilité et traumatisme......c 'est un cauchemar! moi la première chose que j 'ai essayé de faire c est de me protéger contre ce tsunami.......tout comme toi, je me suis réfugiée chez un psy, et je ne sortais de chez moi que pour voir le psy ou faire des courses, tellement l’extérieur me faisait peurrrrrrrr.......je te conseille, si tu le permets, de faire comme tu l'entends peu importe ce que les autres peuvent penser , peu importe, parce que le suicide ce n'est pas un deuil comme les autres................ l'image que tu as vu il faut vite la prendre en charge par des psy qui gèrent les traumatismes, (pas n 'importe quel psychiatre) pour le reste le livre du Dr FAURE sur le deuil dans le cadre d'un suicide peut aider .....mais quel cauchemar le suicide...
-
J'ose vous suggerer aussi de vous tourner aussi vers des psy pratiquant l'EMDR. je connais une personne que ca a soulagee et remis dans la possibilite de faire un deuil plys "normal"
douces pensees pour vous
-
Oui tu es normale, j'ai le même ressenti que toi, l'envie de tout laissé tombé, d'aller voir ailleurs si la vie est meilleure, le sentiment de culpabilité, d'abandon et colère aussi, l'envie d'être avec quelqu'un d'autre, puis se dire que ce n'est pas possible, parce que on est toujours amoureux de la personne qui est partie, toutes ces idées et ces sentiments se bousculent dans la tête.
Presque 11 mois après le suicide de ma femme, j'ai bien assimilé que ce que j'ai vécu avec elle est terminé et que cela ne sert à rien d'espérer autre chose car je suis obligé de vivre sans elle pour le reste de ma vie, je suis dans l'obligation de m'adapter si je ne veux pas sombrer, et je le fais pour ma fille.
Cordialement.
-
vois sur site dont est issu ce forum http://vivresondeuil.asso.fr/associations.html
VIVRE SON DEUIL – Auvergne
26 rue de l’Oradou - 63000 Clermont-Ferrand
Mail : bouchardclaude@neuf.fr
-
Merci à toutes et à tous pour vos réponses ! Ca fait un bien fou.
Je vais voir ce site.
-
Bonjour à toutes et à tous,
Ce mois de mai est très dur à vivre. Le 6, ça a fait 7 mois qu'il est parti. Aujourd'hui 19, c'est son anniversaire. 47 ans qu'il n'aura jamais... Avec les filles nous lui avons fait des cadeaux, des cartes dans des bocaux étanches lestés avec des galets et du verre pilé ; un pied d'oeillets dans un gros pot.
A leur demande, nous sommes allés lui rendre visite à 13 heures, juste avant de reprendre l'école. "Tu comprends maman, il ne faudrait pas qu'il pense qu'on a oublié son anniversaire ; on peut pas attendre ce soir... Il faut y aller avant...". Je les sens saines ces deux petites qui me font confiance et à qui j'ai tout dévoilé. Pour ma part, je lui ai recopié un poême que j'aime beaucoup et qui nous ressemble, nous qui étions agriculteurs et si proches de la terre des animaux :
Devant ma tombe ne pleure pas.
Je n'y suis pas, je ne dors pas.
Je souffle dans le ciel tel un millier de vents,
Je suis l'éclat du diamant sur la neige,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis les champs de blé.
Je suis le silence du matin,
Je suis dans la course gracieuse
Des magnifiques oiseaux qui volent,
Je suis l'éclat des étoiles dans la nuit.
Je suis dans chaque fleur qui s’épanouit,
Je suis dans une pièce tranquille.
Je suis dans chaque oiseau qui chante,
Je suis dans chaque belle chose.
Devant ma tombe ne pleure pas,
Je n'y suis pas. Je vis encore.
Merci au site de pouvoir venir m'épancher, dire ce que je ressens. Ecrire permet de me vider l'esprit. Mais n'enlève pas ma peur de l'avenir. Que va-t-on devenir ? Comment ? Et même pourquoi ? Parce-que nos filles sont vivantes, parce-qu'il serait (est ?) fier de nous, ... Des fois je ne sais pas. Et je culpabilise de son départ...
-
Merci de ce joli poème que tu as partagé avec nous...
N'hésites pas a revenir sur le forum, y écrire fait tellement de bien....
Prends soin de toi et de tes petites
Je t'embrasse
Lana
-
Bonsoir ,
Ton histoire me bouleverse :( triste pour toi , triste pour tes enfants ...
J'ai 42 ans comme toi et veuve aussi depuis bientôt 5 mois , je sais combien c'est dur .... on doit s'accrocher pour nos enfants .
Ton poème est celui que j'ai choisi pour les funérailles de mon époux qui me manque un peu plus chaque jour ...
Sois courageuse .
Je t'embrasse bien fort .
-
bonsoir
Je viens de perdre mon mari dans les memes conditions. Je l ai retrouve pendu un soir alors que je rentrais du travail. Il a attendu que j arrive pour le faire, j ai retrouve mes filles en pleure car elles ne trouvaient plus leur papa et le temps de comprendre ce qui se passait , il etait trop tard. Je n arrive pas a m enlever ces images de la tete. Je reviens constament toutes ces minutes d enfer. J ai d abord pense a le suivre alors qu on me disait qu il fallait se battre pour mes filles, je ne comprenais pas pourquoi. Maintenant je tiens pour elles. Le week end ou quand elles sont avec moi je fais comme ci, avec les autres aussi ( les amis, les voisins, .....) mais des que je suis seule je sombre , je n arrete pas de pleurer, de me demander si vraiment ca vaut le cout, de me dire que j ai tout gache . Je ne pourrais jamais refaire ma vie , elle est fichue. 15 ans de ma vie se sont ecroule, les plus belles annees. A bientot 40 ans je ne vois pas comment je pourrai refaire ma vie .
Contrairement a toi , je vais regulierement la ou il s est pendu. J y suis encore aller tout a l heure. J ai mis le tabouret qu il a utilise pour se pendre sous cette maudite poudre. Je lui ai parler et je l ai supplié de me pardonner et de me donner la force de continuer. Ce qui me fait le plus mal c est de l imaginer souffrir avec cette corde au coup . Je ne sais pas si la mort a ete instantanee , si il a agonise , s il m a entendu l appeler , crier son nom partout dans la noirceur de cette nuit de mars. Je me dis aussi que j aurais pu le sauver si j avais regarde a cet endroit avant. Je me dis qu il ne verra plus les matchs de foot qu il aimait tant, qu 'il ne verra plus ces films preferes, qu il ne profitera plus de rien. Et moi je suis si seule sans lui, il me manque tellement. J ai encore eu le reflexe de passer le voir a son travail la semaine derniere, comme je me suis fait la reflexion qu il fallait que je luilave son linge, ou lui envoyer un sms. C est con c est habitude. On dit qu on est capable de s adapter a tout , moi je n y arrive pas .
Je t aime francois.........................
-
Avec du retard, merci Savrina. Et oui, heureusement que nous avons nos enfants... Courage aussi !
Indyana74, c'est avec beaucoup de tristesse et les larmes au yeux que je viens de te lire. Moi qui suis dans la même situation, oh comme je comprend ton désespoir et CETTE SALOPERIE DE CULPABILITE. Moi aussi je me dis (mais moins qu'au début) qu'est-ce-que j'ai raté ? Et si j'avais fait ça ? Et si au lieu de courir en passant devant ce bâtiment je m'étais arrêtée ? ... Ce sont des pensées OBLIGATOIRES mais auxquelles nous n'auront jamais la totalité de la réponse. Je suis très bien suivie par un psy et une infirmière psy. Je leur ai posé la question au début de mon veuvage : est-ce-qu'on souffre lorsqu'on se pend ? Combien de temps ? A quoi pense-t-on ? A-t-on envie de revenir sans le pouvoir ? ... A toutes ces questions on m'a répondu NON ! J'ai eu bien du mal à l'accepter pourtant ; je me l'imaginai se tortiller au bout de cette corde (l'ayant découvert moi-même, l'image me revient mais j'arrive à arrêter le film). Et il paraît que le corps s'engourdit, que l'on ne pense pas, que la souffrance intellectuelle est si forte que l'on n'a plus ce 0.01% de conscience qui peut nous relie à la réalité. Que les personnes qui passent à l'acte ne sont pas conscients de ce qu'ils sont entrain de faire et ne veulent pas mourir (il y a des personnes qui laissent une lettre, d'autres qui préméditent, mais dans de nombreux cas il y a comme un coup de folie, une déconnexion). Ce sont des témoignages de personnes qui sont passées à l'acte et que l'on a pu ramener à la vie. Se retrouvant hospitalisées, elles se demandaient où elles se trouvaient et pourquoi ! Certaines d'ailleurs ont recommencé peu de temps après. C'EST INCONTROLABLE ET IMPREVISIBLE.
Tout ce que j'espère aujourd'hui c'est qu'il ne sait pas ce qu'il a fait et qu'il n'est pas malheureux. Il y a une chanson de Bénabar (qui ne parle pas du suicide mais les paroles m'y font penser et ça me fait du bien de l'écouter) qui s'appelle La Station Mir. Je te mets le lien pour lire les paroles - http://www.paroledechanson.net/benabar/la-station-mir#je-voulais-quitter-la-terre-mais-maintenant-je-la-regrette - Peut-être y trouvera-tu aussi un peu de réconfort.
Et pourquoi dis-tu que tu as tout gâché ? Tu n'est pas coupable !
Et pourquoi ta vie est fichue ? Ne pense pas ça !
En ce qui concerne les habitudes, nous sommes tous conditionnés à faire ceci et cela à tel moment, pour telle chose, ... Et c'est très dur de les perdre, très long aussi.
Je te souhaite beaucoup de courage et tu vas voir que l'évolution vers un peu plus de sérénité va se faire. Le temps est ton meilleur allié, tes enfants aussi !
Je t'embrasse.
-
Cela fait un bien fou de lire vos témoignages, deux mois qu il est parti quesque je suis en colère je lui dit 9 mois de mariage , veuve à 29 ans avec un bébé de 14 mois.... Pk tu as été faire ta connerie sur ton lieu de travail pendu à ta citerne... Tu étais mon routier, tu aimais ton boulot ç était ta passion mais merde Raphael pk tu n as pas penser à moi et ton fils? Il était tellement discret qu il voulait jamais me contrarier... J'ai les boules
-
Bonsoir Raphavio
Le pour quoi, il y'en aura des pourquoi, le pourquoi tourne en boucle ...., le deuil après un suicide est un deuil a pourquoi, si si si a l'infinie , et le duo culpabilité et colère .... J'espère que tu ne connaitras pas tout cela .... Le chemin est caillouteux , accroches toi. Ton fils est la , tu pourras avancer dans la lumière du bonheur des rires d'un bébé ....
Tu as beaucoup de récits , tu pourras lire et comprendre ce qui se passe en toi .... Bien sûre, ta souffrance sera la, tu pourras aussi venir déposer l'excès de chagrin .....
Mon histoire tu peux la lire , j'ai perdu ma nièce que j'adore , âgée de 26 ans par suicide et peu de temps après , sa maman ( ma sœur ) a rejoins sa fille .....
N'hésite pas à revenir ici c est une maison chaleureuse malgré nos souffrances. Il y aura toujours qq un pour t'écouter
A bientôt
-
Bonsoir Raphavio.
Tu as bien fait de venir sur le forum. Pourquoi, oui ce petit mot, que l' on a utilisé tant de fois dans notre vie, prend toute la place, il envahit. Moi il était complétement en boucle, je le voyais meme écrit dans ma tete sous différentes écrtitures, partout, tout autour de moi, en moi. la question je me la pose toujours......mais parfois j' accepte que je n aurai pas de réponses, mais parfois.....
Beaucoup d' autres sentiments , d ' autres sensations, sont a venir. Juste tenir un moment apres l autre.
Ecris, moi j ai beaucoup écrit, ce que je ressentais, ici tu peux. J ai écrit des choses que je ne dirais surement jamais a personne, mais heureusement que j ai pu le faire ici.
Prend le temps de lire aussi, tu reconnaitras ce que tu vis, meme si cela n enlèvera pas ta douleur.....Le chemin est difficile, comme on se ne l' imagine pas.
Prends soin de toi
Stefy
-
merci beaucoup, le chemin va être long, tres long, je m'accroche à notre petit bout que je surprotège meme beaucoup.tout le monde me le dit alors je m'enerve et je repond ....jai deux roles à gérer celui de la maman et du papa