Bonjour à tous
Je me joins à vous, dans l’espoir d’y trouver un peu de baume à la souffrance que je ressens depuis 2 mois.
Mon épouse, ma chère épouse que j’aimais tant, s’est donné la mort le 20 aout dernier, à l’âge de 50 ans.
Nous nous sommes connus en 2006, et avons vécu un amour merveilleux pendant 14 ans. Un amour qui était pour moi miraculeux tant j’avais souffert de déceptions affectives avant de la rencontrer, au point que j’étais presque résigné à l’idée de rester célibataire jusqu’à la fin de mes jours.
Malheureusement, mon épouse souffrait d’une maladie psychiatrique qui l’a conduite à croire que je la trompais. La tromper ! Comment aurais-je seulement pu ne serait-ce qu’avoir l’idée de tromper ma bien aimée ?!… Pendant presqu’une année, j’ai essayé de la convaincre que ce n’était pas la cas. Je crois qu’elle a passé cette année à penser que je n’arrivais pas à choisir entre elle et ma soi-disante maitresse.
Elle était suivie par une psy, mais pour des troubles mineurs, c’est ce qu’elle me disait. Plus tard, après le décès, j’ai su par sa famille que ce n’était pas du tout des troubles mineurs, qu’elle avait eu des hallucinations, des délires, durant sa jeunesse. Mais on était parvenu à maîtriser cette maladie et elle avait juste une fragilité psychologique, comme tant d’autres.
Hélas, la maladie a repris le dessus. Je n’ai pas réussi à la convaincre. Au bout d’un an de cette situation, j’étais moi-même épuisé nerveusement de devoir subir ses accusations d’infidélité. Elle refusait de retourner voir sa psy, elle pensait qu’on voulait l’enfermer dans un asile psychiatrique. Elle s’est défenestrée pendant que je dormais.
Comme tout le monde ici, je suis rongé par la culpabilité. J’essaye de me raisonner, mais toujours me hante cette idée que je n’ai pas su faire ce qu’il fallait.
Depuis, je me sens en état de survie plus qu’autre chose. La tentation de faire comme elle m’a souvent effleuré l’esprit, mais il y a quand même, au fond de moi, une vague peur de mourir. Et puis je ne veux pas infliger à ceux qui me connaissent cette souffrance insupportable.
Que faire pour atténuer cette souffrance ?
Je vais me receuillir sur la tombe chaque fois que je peux, c’est-à-dire 4 à 5 fois par semaine. Je suis suivi par une psy, mais à part me gaver d’anti dépresseurs, ça ne m’apporte pas grand-chose. J’ai contacté une association d’accompagnement du deuil qui organise des groupes de parole spécifiques aux proches de suicidés, mais il n’y a pas de place avant le mois d’avril. Alors en attendant, je viens ici, c’est un peu la même chose, même si ce n’est que par écrit. Parmis vous, certains ont-ils eu recours à ces groupes de paroles ? Qu’en avez-vous retiré ?
Je crois que ce qui m’aide le plus à supporter cette situation, c’est de m’accrocher encore et encore à l’espérance que je reverrai ma bien aimée dans l’au-delà. Je suis croyant. Je n’ai pas de conviction absolue sur mon idée de l’au-delà, j’ai tendance à pencher pour le christianisme à cause de mon éducation. Ce que je ne peux admettre, c’est que l’amour qui nous a uni de manière si forte pendant 15 ans se termine par le néant. La vie est un mystère qu’aucune science n’a jamais su expliquer, et j’y vois le signe qu’il y a forcément autre chose, qui ne peut s’éteindre avec la disparition de notre enveloppe charnelle.