Bonsoir,
Ma 1ere fois sur un forum.... mon amour lui était un adepte des forums en tout genre. Aujourd'hui je l'ai perdu, il s'est ôté la vie en prenant des médicaments il y a 5 nuits. Je me répète sans cesse que le temps apaisera la douleur, qu'il faut juste attendre que la souffrance diminue mais chaque jour cela empire. Ce n'est pas tant le décès qui est terrible même si ... Non ce mal qui me ronge c'est de me dire que j'aurais pu essayer de l'empêcher (bien que son mal-être était bien ancré en lui depuis des années).
On s'est connu il y aura 15 ans dans 3 mois. Il avait 25 ans, la 1ere fois que je suis allée chez lui, il y avait un reste de poisson pané en forme de poisson dans une poêle et j'ai trouvé ça mimi. Très vite, j'ai pu constater son hyper sensibilité et ses faiblesses mais il est vrai que c'est cela aussi qui m'avait surement attiré chez lui. Il avait aussi une intelligence exceptionnelle (trop d'ailleurs ce qui le poussait à tout explorer, tout connaitre, tout apprendre jamais satisfait). Son esprit toujours en quête n'était jamais apaisé par les petits moments de bonheur de la vie.
L'alcool, la drogue, les anxiolytiques et antidépresseurs, il a tout essayé pour échapper du gouffre dans lequel il sombrait. Je passe les séances de psy... Plusieurs fois il parlait d'en finir et plusieurs fois il semblait remonter la pente. Des années à essayer de l’aider et l’issue ne pouvait venir que de lui mais je ne pensais pas que ce serait cette issue là qu’il prendrait en définitif. Je pensais que la raison, celle de ne pas faire subir cela à une mère, à des petits neveux le stopperait toujours.
Je m’en veux de ne pas avoir pu… et pourtant je sais bien que je ne dois pas me le reprocher. De plus, maintenant il a arrêté de souffrir, il est enfin apaisé, je dois respecter son choix et comprendre. Oui je sais tout cela MAIS il est mort tout seul, en coupant son portable, en ne prévenant personne, ne disant adieu à personne mais en laissant une longue lettre. Dans l’absolu j’aurais voulu le tenir contre moi durant ses derniers instants et pourtant si cela avait été le cas je ne l’aurais pas laissé avaler ces maudits médicaments.
Ah oui, j’ai oublié de dire qu’il était infirmier en psy et que le suicide d’un jeune garçon la semaine dernière qu’il aidait depuis quelques temps a été la goutte de trop (une très grosse goutte).
Mais tout cela n’empêche pas ma propre souffrance, qui semble augmenter et je me demande même si cela n’altère pas mon jugement car un fait bizarre me perturbe de plus en plus : cela fait 3 nuits que systématiquement entre 1h et 1h30 du matin mon mobile bip pour me signaler une notification… mais il n’y en a aucune (ni notification, ni message, ni mail, ni mise à jour, rien et pourtant cela bip). De son vivant il m’envoyait énormément de textos alors de là à penser que…. Ma raison me dit d’arrêter mon délire et pourtant c’est bizarre quand même.
Enfin voilà, je ne veux pas résumer en quelques lignes 15 ans mais le principal est dit : il n’est plus et je m’en veux de ne pas l’avoir accompagné dans son départ. Si je pouvais remonter le temps à ce moment où il me souhaitait doucement une bonne nuit….
Je dois vous sembler un peu bête et je m’en excuse. J'ai des bouffées de douleur qui montent en moi. Je cris son nom et mes chiens me regardent avec désarroi.
La nuit sera encore longue...