Bonjour à tous, je viens ici car je suis en pleine détresse. Je vous explique un peu mon histoire.
J'ai rencontré Max il y a 8 ans, nous avons passé un peu plus d'un an et demie ensemble, nous étions fou-amoureux, c'était fusionnel donc parfois c'était tout beau tout rose, et des fois tout le contraire.
Nous avions comme projet d'habiter ensemble. Nous étions très rêveurs et avions plein de projets, surtout de faire nos études dans la même ville et de quitter le cocon familiale. J'ai été prise dans mes écoles, sur angers, et sur nantes. Mes parents ont décidé à ma place, sachant que c'était l'école qui m'engageait moins de frais qui la remportait.
J'ai donc accepté ce choix sans trop me poser de question. A partir de cela, tout a commencé à dégénérer, max était différent, un coup ultra heureux et tout attentionné , et de l'autre côté avait des pensées bizarres et un regard très très vide. Ma vie a bousculé à partir de ce moment la, j'étais partagé entre prendre soin de moi, ou être à son écoute, mais la plupart du temps, j'étais à son écoute, car pour moi, c'était vraiment une personne avec qui j'avais envie de faire un bout de chemin. Delà à commencer les menaces au suicide, la fuite pendant les soirées, le fait qu'il me force à lire suicide, mode d'emploi. J'y croyais pas, et je voulais pas voir ça, ça me rendait hyper triste. Pourquoi il voulait ça, pourquoi il voulait me faire ça, résultat, j'en ai parlé à mes parents qui m'ont conseillé d'en parler aux siens, j'ai pris mon courage à demain, et je les ai appelé pour dire que je m'inquiétais beaucoup pour leur fils. Il m'a fait la tête ensuite, je m'en suis voulue, mais je pouvais plus garder ça pour moi. C'était trop grave, et je ne voulais pas y croire. Pour moi, il m'aimait , il ferait jamais ça.... enfin bref, il a baratiné ses parents, et au final ils étaient à son écoute mais max montrait que ce qu'il voulait auprès d'eux. Nous sommes partis tous ensemble en Espagne, ça nous a fait du bien ce bol d'air, on était hyper heureux. Et la à commencer la rentrée, il était pas comme d'habitude, me voyait épanouie dans mon domaine, et lui non, et m'a sortis une phrase que je n'oublierais jamais : Emilie, tu vas finir par me détester, et je veux pas?
J'ai essayé de le rassurer, mais bon, j'ai plus trop de souvenirs de tout ça je vous avoue.
Nous nous sommes pris la tête le soir ou il l'a fait, et j'avais comme un mauvais pressentiment le lendemain, j'ai rien avalé, et la , mes parents sont venus dans mon école, et m'ont annoncé l'horreur. Le vide complet.
Il s'est pendu le 17 septembre 2009, je l'ai cajolé pendant 5 jours ou il était au funérarium refusant de voir la réalité en face.. Puis la réalité est venue en pleine face. Refaire sa vie après avoir aimer de cette manière est tout simplement affreux sincèrement.
J'ai l'impression de plus faire confiance  dans tous les domaines j'ai l'impression que les choses m'échappent.
Je suis retournée en cours, j'ai repris le cours de ma vie, j'ai obtenue mon diplôme, et enfin rembourser mon prêt étudiant dans un domaine que je n'appréciais pas. J'ai finis par faire un burn out, cela fait deux ans que je suis au chômage, j'en peux juste plus du tout. J'aimerais que des gens échangent avec moi pour savoir comment ils s'en sont sortis, comment ils ont fais, et quand est ce que la culpabilité cesse? Je précise que je vois un psy, mais que j'ai l'impression de pas être entendue. D'avoir tellement changée que je ne peux pas revenir en arrière. Ya plus d'Emilie d'avant... Comment faites vous?

   Chère Emilie,

   Je survis depuis trois ans et demi au suicide d'un proche, mon neveu de 14 ans apparemment sans "grandes" difficultés ...
   Ils sont partis en emportant leur mystère, rien n'explique l'irrépressible pulsion de mort que ton ami, comme Kalahan, a conduit au pire.
  Je crois qu'on ne surmonte pas vraiment un deuil pareil, mais qu'on peut évoluer vers plus de sérénité en considérant le suicide comme un accident,
   comme cède une couche de glace trop mince par endroits au passage d'un patineur ...
   Pas facile de se départir de la culpabilité, car elle nous implique dans un événement sur lequel nous n'avons eu aucune prise ... alors à rebours, nous REFUSONS de laisser notre regretté suicidé en proie à ses tourments ...
   La culpabilité présente est une capacité rétroactive à nous opposer au geste fatal !
   Mais tu peux prendre conscience pleinement du fait que tu ne pouvais rien faire ... que tu ne pouvais affreusement rien faire de plus ...
   Oui, il est affreux pour les proches,  de constater que notre amour n'a pas suffi à retenir celui qui s'est donné la mort.
   Le suicide est extrêmement violent, comme a dit un jour (fleur de coton peut-être?) on le subit comme une sorte de viol de l'âme.
   Cela nous détruit, nous dépèce.
   Je suis bien désolée que ton psy soit infichu de te comprendre.
   N'hésite pas à changer !
   Dans cette profession, il y a le jour et la nuit !
   Il est normal que l' "Émilie d'avant" n'existe plus !
   Dans les différents témoignages ici, tu verras que nous sommes tous comme une culture en jachère, en repos de toute projection, en errance avec plus ou moins d'espoirs et de périodes de révolte et de déprime ...
   Chacun à bord de sa petite ou grande embarcation ... vers quel port ?
Pour combien de temps ? Pour une île solitaire ou devenir architecte d'usines de bonbons ? Mystère !
   Je t'offre mon accueil bienveillant, Martine.
   
   

Bonsoir Emilie,

Mon mari s'est suicidé il y a à peine 10 ans.  Le sentiment de culpabilité est  tout à fait normal. Le problème, c'est qu'il peut  ressembler à un vieux chewing-gum collé à la semelle de nos chaussures. Sache pourtant que la personne qui se suicide est la seule responsable de sa mort.
N'oublie pas que tu étais quelqu'un avant de rencontrer Max et essaye de retrouver cette personne que tu étais avant. Laisse à Max son histoire et vis la tienne.
Quant à ton psy, normal que tu te sentes incomprise. Il n'a certainement pas vécu le suicide d'un être aimé. Les groupes de paroles (de par mon expérience) sont le meilleur moyen que je connaisse pour avancer et avoir la force de continuer.
Ne doute pas de toi.