tellement vrai ce que tu dis stefy
pour moi , au début , je tombais dans tous les bras qui se présentaient , sans retenue , sans pudeur , en larmes
puis , au fil du temps , même avec les plus proches , ceux avec qui je parle encore de lui , de mon mal-être ... même avec eux plus de larmes , enfin très peu, discrètes et je me reprends aussitôt
aujourd'hui , je pleure , je craque ... seule
mais il m'arrive encore que quelqu'un me prenne dans ses bras et partage mes larmes : mon fils cadet
la dernière fois , jour où j'ai lu le procés-verbal , j'étais seule , en larmes , il est rentré du travail , s'est assis à mes côtés , m'a pris dans ses bras et a pleuré avec moi
sans doute , parce-que c'est avec lui que je partage mon quotidien , et que par conséquent , il peut me voir sans masque
mais aussi , je pense , parce-que , lui aussi , a besoin de pleurer et de tomber le masque
il n'y a pas un jour où il ne parle pas d'Alain , il l'évoque tout le temps avec moi , ses amis , la famille...
il raconte des anecdotes , des souvenirs du quotidien , et ça me fait un bien fou
lui , il ose , tout simplement parce-que lui , comme moi , en a besoin , il n'a pas peur de raviver la douleur car il sait très bien qu'elle est là , en permanence même quand je fais semblant
il sait car , lui aussi , même si ce n'est pas le même deuil , vit la même chose que moi
pourquoi n'osons nous plus avec les autres ?
pourquoi les autres n'osent-ils plus ?
pudeur , protection , vécu différent du deuil , relation avec l'être cher disparu propre à chacun ....
il y a sans doute un peu de tout ça
moi , j'ai l'impression que je n'ai plus envie de partager avec ceux qui , même très proches de moi , même très bouleversés par le départ d'Alain , sont loin , très très loin de ce que , moi , je ressens
mais je comprends ce besoin d'être prise dans des bras , de pouvoir pleurer , n'as-tu pas parmi tes amis , un ou une avec qui ce serait possible ?
sans doute , ce serait plus facile en petit comité que lors de retrouvailles à plusieurs ?
je te prendrais bien volontiers dans mes bras pour que tu puisses y pleurer jusqu'à épuisement...