Auteur Sujet: pour vous aider peut-être: mon état d'esprit quand j'ai pensé au suicide pour mo  (Lu 12741 fois)

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petite fleur bleue

  • Invité
Je n'ai pas encore beaucoup confié (créé de fil) mon insupportable douleur (depuis le décès brutal mais "naturel" de mon papa) sur le forum, mais je lis les différents modules d'accompagement avec grand intérêt et soulagement aussi.

 Ce soir je viens de commencer les premiers témoignages d'endeuillés par suicide et je lis des sentiments qui semblent revenir beaucoup: l'incompréhension, la colère "Mais comment a t- il (elle) pu nous faire ça?!!!), la culpabilité (de ne pas avoir réussi à empêché le geste) et donc le pardon si difficile à donner au déphim et aussi à soi même...

Alors je voulais juste vous raconter très modestement ma toute petite expérience (envie d'en finir) avec ce que j'ai pensé par rapport à moi-même vis à vis de mes proches dans ces jours (semaines) où j'ai pensé très fortement et très sérieusement au suicide comme solution pour arrêter de souffrir, me disant que peut-être mon témoignage pourrait vous apporter un début d'apaisement...

J'ai fait dans ma vie de très nombreuses dépressions plus ou moins longues et plus ou moins intenses dès l'âge de 12-13 ans. ( J'en ai aujourd'hui 42). La dernière (à l'âge de 37 ans) a sans doute été la plus grâve car je crois que c'est la première fois que je vivais un burn-out si intense et que j'ai réellement cherché un moyen d'en finir avec ma vie. Je vivais alors chez mes parents avec mes jumeaux âgés de 5 ou 6 mois. Ce serait trop long de vous raconter comment j'en étais arrivé là (à cet état si profond de dépression, cette fatigue psychique si incroyablement forte mêlé d'un tel sentiment d'impuissance face à cette douleur et d'une sorte de tourbillon d'idées morbides) et ce n'est pas le propos.

 Par contre je me rappelle bien ce que je me disais et faisais tandis que je tournais en rond dans la maison pour trouver le moyen (pas trop violent) de me donner la mort: à mes enfants que j'avais désirés si fort et depuis si longtemps et que j'aimais peut-être plus que tout au monde, je leur disais :"je suis désolée", "au revoir mon petit garçon" "au revoir ma petite fille" et je n'étais pas triste pour eux parce que je pensais (je m'imaginais) que malgré ma disparition ils auraient une belle vie, je faisais une complète CONFIANCE aux personnes qui les élèveraient (d'abord mes parents puis d'autres personnes que je ne connaitrais pas)

 Quand à mes parents, j'ai peut-être moins pensé à eux mais je crois que je n'étais pas inquiète pour eux, je m'imaginais (bien sur à tort) qu'ils comprendraient, ou du moins qu'ils ne m'en voudraient pas et je les sentais forts ( déjà tellement plus forts que moi) et qu'il s'en remettraient. Je crois que j'étais tellement préoccupée (oui je comprends que ça puisse paraître égoiste!) et submergée par la souffrance qui était la mienne, que j'étais totalement incapable d'imaginer ni même de penser à leur propre souffrance "après". C'est vraiment  cette maladie qui me rendait ainsi, rien d'autre. Et à aucun moment je n'ai douté de l'AMOUR de mes parents ni pensé qu'ils n'avaient pas été (n'étaient pas) à la hauteur auprès de moi. Comment aurait-ils pu m'aider (malgré tout leur désir en ce sens) alors que moi-même j'étais incapable de comprendre, d'expliquer, d'analyser mon profond  et viscéral mal-être?

Voilà, peut-être que ces souvenirs (même s'ils sont ceux d'une "malade" qui n'est finalement pas "passée à l'acte") aideront certains d'entre-vous à pardonner à votre cher disparu et à ne plus culpabiliser...

mariej

  • Invité
Bonjour petite fleur bleue,

Un grand merci pour ton message, il arrive à point pour moi, j'ai presque l'impression que mon fils t'a poussée à écrire pour que je  lise ton message aujourd'hui.....

J'ai eu tellement de colère après lui, d'incompréhension de son geste, d'autres m'ont déjà dit ce qu'ils avaient vécu en faisant leur tentative de suicide.... mais aujourd'hui, je te lis, je t'entends, je l'entends, je comprends, ou tout du moins, je comprends avec mon coeur... ce que je n'arrivais pas à faire auparavant !

Merci beaucoup et bonne journée

je t'embrasse

Marie-Jeanne

petite fleur bleue

  • Invité
Vraiment Marie-Jeanne je suis heureuse si les mots que j'ai écris lundi vous ont permis de "comprendre avec le coeur" et peut-être bien effectivement que ces mots-là c'est Samuel qui me les a soufflés...  ;)

Cet après-midi j'ai entendu à la radio dans ma voiture (sur RTL je crois) une émission qui m'a beaucoup touchée sur le suicide et le risque suicidaire chez les jeunes..(.j'ai beaucoup pensé à vous tous parents d'un adolescent ou d'un jeune adulte qui a mis, ainsi ,fin à ses souffrance...)

A bientôt Marie-Jeanne, je vous suivrai sur vos différents fils avec toute mon amitié... :D

marie-o

  • Invité
Bonsoir,
merci de ton témoignage
je sais que le suicide de mon mari est la manifestation d'une souffrance indescriptible, je pleure sur sa souffrance et sur celle de mes enfants et la mienne, mais je suis toujours très en colère, et , cette colère m'aide à continuer seule, car son geste m' a agressée au plus haut point, il est la manifestation d'une telle violence qui est en contradiction avec ce qu'il était un homme joyeux et respectueux
amicalement
Orchis

Choumi

  • Invité
merci de ton témoignage, tu m'as fait pleurer...

Malheureusement les gens qui se suicident ne mesurent pas l'ampleur de l'agression subit par ceux qui restent : c'est un cauchemar au quotidien, une colère sans précédent qui nous dévaste et des questions qui ne trouveront jamais de réponses.

Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il ne l'a pas choisi en toute conscience mais subit dans un moment de folie. Je pense sincèrement qu'on ne remets jamais d'une telle perte, c'est trop violent, trop brutal, trop injuste.

Prends soin de toi

Cassiopée

  • Invité
Bonsoir petite fleur bleue,

Je trouve que ton témoignage est poignant mais plein de courage car cela apportera une pierre à l'édifice ( si insurmontable )que nous construisons tous à partir du moment où nous avons perdu un proche dans ces conditions...
Mon compagnon est passé à l'acte en ma présence ce qui rend d'autant plus terrible ce drame mais j'ai compris au fil des semaines que malgrè l'amour sans mesure que nous nous portions mutuellement, il ne voyait plus ce qu'il y avait autour de lui ... il ne voyait plus personne... tout était noir dans son chemin , il n'entendait plus ....  Je souffrais de le voir comme çà ...  C'est extrèmement dur et injuste mais la dure réalité... seule une chose l'importait stopper sa souffrance si puissante que cela l'a poussé dans un instant de folie à passer à l'acte... même si j'ai tout tenté pour le sauver en attendant les secours ... Aujourd'hui , là où il est , il ne souffre plus mais cela reste une plume sur le poids de la douleur qu'est la mienne depuis ....
Il existe vraiment un monde où la dépression emporte beaucoup trop de personnes en grande souffrance ...   

madâme

  • Invité
Bonsoir Petite fleur bleue,

Et bravo pour ton témoignage, qui va peut-être apaiser toutes les personnes qui ont perdu quelqu'un par suicide. Tu as bien fait d'intervenir!

Bonne soirée à toi,

Madâme

marie-o

  • Invité
bonsoir
suite à ton message , j'ai pu  éloigné un peu la colère et réapercevoir la souffrance de mon mari qui l'a amené à se pendre
j'ai pu pour la première fois depuis 6 mois lui porter des fleurs, merci petite fleur bleue , pour ce pas en avant sur le chemin de mon deuil

amicalement
Orchis

Mammj

  • Invité
Bonjour à Toutes et à Tous,

Votre témoignage, Petite fleur bleue, est bouleversant  et crucial !
Bien d'accord avec vous, la dépression (souvent non diagnostiquée, voire  niée) emporte un nombre important de personnes en souffrance qui,  décelées à temps mieux  aidées, pourraient s'en sortir !

Comment pourrais-je en vouloir à mon unique enfant, dans un moment il me semble de "distorsion du conscient", d'être passée à l'acte ?

Moi j'ai découvert ce que vivait ma fille (de 46 ans alors) après sa mort... Il m'était donc difficile de comprendre, le temps où elle s'est réfugiée chez moi, les raisons de sa souffrance, l'impact des ruptures qu'elle affrontait sur sa santé psychique et physique. J'étais dans l'erreur totale  en pensant que la situation était remédiable au lieu de voir qu'elle, elle  était en perte de repères !

En outre, je la voyais lire des ouvrages de Miguel Ruiz, Pema Chödrön, Tich Nhat Hanh, Mathieu Ricard "l'art de la méditation", "le bonheur est entre vos mains" de Dzygar Kongtrül Rimpoché, ceux qu'elles s'est procurés qu'elle ne semble pas avoir ouverts entre autres M. Rosenberg...
Ces livres sont là chez moi, d'autres sont chez elle, la petite maison de ses enfants aujourd'hui !

Elle avait essayé de se prendre en main à l'aide de l' homéopathie et de la phytothérapie , avait  eu recours régulièrement à l'acupuncture et pratiquait également la méditation Zen... jusqu'à ce que les ruptures en chaîne et  la douleur  des nombreuses pertes auxquelles elle était acculée, prennent le dessus, suite à une fatigue grandissante et une  dépression devenue "majeure et mélancolique", diagnostiquée ainsi seulement  "après" son suicide.

Bref, elle voulait "s'en sortir", des mots qu'elle ne cessait de répéter pour s'en convaincre ! Elle était suivie par un psychiatre depuis deux ans (depuis  la décision du couple de se séparer) et ce psychiatre n'a rien vu de tous les signes précurseurs qu'aujourd'hui
je connais bien -trop tard hélas- et qu'elle affichait depuis de longs mois! C'est extrêmement grave... (j'ai d'ailleurs porté plainte contre ce psy, sans me faire d'illusions, d'autant qu'elle sera jugée par ses pairs).

Ma Cath a également laissé des petits mots personnels sur sa quête du lâcher-prise... et  parfois je me demande si, dans son affaiblissement,  elle n'a pas confondu lâcher-prise avec laisser-faire....

Pendant ces fêtes, après des mois de réflexion,  premier bilan... Si les mots "accepter" "consentir" ne me conviennent toujours pas... je n'ai plus d'autre solution que celle d'apprendre à composer avec ma réalité, le temps qui me reste imparti. Je ne désire plus rien,
mais même si ses deux enfants sont récupérés par la famille paternelle "non en deuil" du fait que ma fille venait de divorcer, il ne faut pas que la situation soit alourdie pour eux  (10 et 17 ans) d'un autre départ "brutal"...  J'essaie donc,  jour après jour, de tenir debout !

Selon ce que vous nous exposez de votre situation, votre famille a été très proche de vous et moi je regrette de ne pas avoir été
au courant plus tôt, je me reproche de ne pas avoir été plus à l'écoute de mon enfant, d'avoir trop fait confiance à son psychiatre, de ne pas m'être fait guider de mon côté pour éviter les erreurs à ne surtout  pas commettre !

Je ne m'en remettrai jamais ;  la souffrance de ma seule enfant m'est insoutenable aussi je ne vois pas de quoi on pourrait lui en vouloir ! Comment réussir à faire comprendre aux enfants que leur maman ne les a absolument pas abandonnés ?  

Encore merci d'être intervenue, c'est si rare pour ne pas dire inexistant un tel témoignage.... qu'il mériterait d'apparaître sur d'autres sites consacrés aux personnes endeuillées après le suicide d'un enfant, d'un proche, d'un(e) ami(e).

Mes affectueuses pensées pour vous, votre famille, celles et ceux  qui nous lisent, en quête d'un mieux-être.

Mammj
« Modifié: 03 février 2013 à 08:33:05 par Mammj »

chrisam

  • Invité
Mon épouse est décédée ce 12 octobre : 16 semaines
16 semaines ...
J'ai de plus en plus difficile d'émerger
J'ai de plus en plus difficile de résister à rejoindre mon épouse
Ce qui me retient pour le moment : terminer les documents pour la succession et que les enfants ne soient pas embarrassés par cela.
Après : je ne sais pas
J'essaie d'émerger, en pensant aux chocs que les enfants subiront, j'essaie mais jusque quand  ?  ?  ?

marie-o

  • Invité
Bonjour chrisam,

ton écrit sur ce fil je l'entends comme un appel au secours

j'ai perdu mon mari par suicide, j'ai bientôt 54 ans, 29 ans de vie commune faites d' amour ,de partage , de joie , de conflits aussi.

Avec ce geste, mon mari a laissé à mes enfants, le pire des cadeaux, le pire des héritages

tes enfants ont perdu leur mère, le deuil est une période si compliquée à vivre pour toi , pour eux; les relations sont complexes; mais ce dont je suis certaine c'est qu'ils ont besoin de toi que tu leur montres le chemin à suivre dans ce travail de deuil

Je n'ai pas lu ton fil car j'ai peu de temps, mais il me semble nécessaire que tu consultes un médecin si tu ne l'as déjà fait et que tu lui dises les pensées qui te traversent l'esprit

donne moi de tes nouvelles pour me rassurer
avec toute mon amitié
Orchis
« Modifié: 04 février 2013 à 07:14:14 par orchis »

chrisam

  • Invité
Orchis,
voila le résumé de notre vie Anne-Marie et moi

http://forum.traverserledeuil.com/index.php/topic,1519.msg19265.html#msg19265

30 ans d'amour, 24h/24 ensemble, de complicité, de dépendance, d'attachement et maintenant plus rien
je lui demande chaque jour de venir me chercher, de façon à ne pas faire subir un suicide aux enfants
je sais, c'est de l'égoisme

Mélie

  • Invité
Chrisam
le suicide n'est jamais une bonne solution, et c'est une telle violence pour ceux qui restent, je comprends votre douleur, nous comprenons votre douleur, puisque tous et toutes ici sur ce forum pleurons un être aimé qui a mis fin à ses jours, mon fils s'est suicidé le 4 octobre 2010. Surmonter cela demande du temps, beaucoup de temps et très souvent la nécessité d'une aide extérieure.
je vous souhaite de trouver l'aide dont vous avez tant besoin. Ici vous serez toujours compris et soutenu.
chaleureusement à vous et vos enfants

Hors ligne BLUEVELVET

  • Membre Senior
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  • Messages: 291
Bonjour à toutes et tous,

Chrisam je comprend votre immense chagrin et le respecte.

Vos enfants ont encore énormément besoin de vous même s'ils sont grands et le fait que vos papiers soient en ordre n'est pas leur priorité, c'est vous qu'ils aiment.

Mon mari s'est suicidé, j'ai deux enfants jeunes adultes. Je leur ai clairement dit que je n'allais pas me suicider ils avaient besoin de l'entendre. Je peux vous dire qu'ils ont un énorme sentiment d'abandon qui laissera des traces.

La perte de votre épouse par maladie est une torture pour vous et vos enfants, c'est encore récent.

Ne pouvez-vous trouver quelqu'un avec qui vous pourrez vous confier. Parler, pleurer, hurler sa douleur sont des remèdes qui nous font avancer pas après pas.

Voilà l'expérience de notre petite famille.

Douce journée

BLUEVELVET
On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants - Jean Cocteau

chrisam

  • Invité
Bonjour, je vous remercie pour vos messages.
Ce lundi après-midi, je vais à un groupe de paroles, personnes toutes veuves, et verrai comment va évoluer mon esprit.

Encore merci pour vos messages
Christian