Cela fait maintenant 33 mois que ma fille ainée a mis fin à ses jours après trois ans d’anorexie qui, selon sa dernière thérapeute, avait été sa façon d’essayer de « gérer » le syndrome Borderline non diagnostiqué. Et 7 mois plus tard, mon mari est décédé subitement d’un AVC.
Elle m’avait parlé de nombreuses fois de suicide et je lui en voulais parfois de m’infliger cette peine. Moi aussi, je le ressentais souvent comme un chantage. A chaque parole, je me demandais ce que j’allais déclencher. Parfois, j’étais tentée de lui dire de la faire. Auparavant, quand mon monde semblait encore parfait, j’avais vu un reportage où une mère avait dit cela à sa fille et j’en étais choqué. Il faut être passé par là pour le comprendre. Tu sais, je connais des cas où cette parole a déclenché le déclic. Mais comment savoir d’avance !
La veille de son passage à l’acte, elle m’a annoncé au téléphone – elle était à 850 km – que sa décision était prise de mettre fin à ses jours si elle en aurait le courage. Je n’ai rien trouvé à lui dire, je lui en voulais même de me peiner autant et j’ai juste réussi à me retenir. Elle n’était pas seule, alors j’espérais juste que cela allait passer. Puis, elle me parlait de son hospitalisation programmée la semaine suivante et d’autres points de son avenir. Alors, je voulais y croire.
Nous ne sommes pas parfaits et nous avons droit à l’erreur. Nous devons apprendre à être doux avec nous-mêmes. C’est nous qui devons apprendre à nous pardonner de ne pas avoir été à la hauteur. Nous devons apprendre l’humilité. Nous sommes autres. Nous pouvions accompagner l’autre, mais pas vivre à sa place.
Aujourd’hui, je suis toujours remplie de tristesse, mais elle est plus douce et je peux prendre plaisir à parler avec les autres. Ce n’est plus cette douleur lancinante des premiers mois. Rarement, la colère envers moi-même me reprend un instant. J’investis de plus en plus ma « nouvelle »vie. Je ne me projette pas dans l’avenir, mais je vis dans le présent. Chaque changement m’est bénéfique. Hier, j’ai changé la disposition de mes meubles. C’est comme si je réappropriais ma maison. Je ressens maintenant ce qu’une mère désenfantée m’avait dit qu’elle cloisonnait. J’ai la nette impression que cette ancienne vie et l’ancienne moi est terminée, du passé. C’est comme si la mort de ma fille faisait barrage à tout ce qui était avant. L’amour envers mes disparus par contre perdure et se situe dans le présent. Ce n’est peut-être pas très clair.
Pour en arriver là, j’ai traversé de longs moments d’extrême douleur, de lectures sur le deuil et de recherches sur les NDEs. Les signes de ma fille m’ont beaucoup aidé.
Les modules vidéo
Traverser le deuil peuvent t’aider à comprendre ce qui se passe en toi. Puis je te recommande aussi la lecture du livre de Christophe Fauré qui est à l’origine de ce forum « Après le suicide d’un proche – vivre le deuil et se reconstruire » Albin Michel 2007.
Essaie de surmonter un jour après l’autre. Accroche-toi à tout ce que tu trouves. Sois doux avec toi-même.
Exprime tes émotions pour les user. Il faut que cela sorte.
Courage et patience
Méduse