Auteur Sujet: Oser nommer le suicide  (Lu 5012 fois)

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Mammj

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Oser nommer le suicide
« le: 22 avril 2014 à 16:11:42 »
Oser nommer le suicide


Les cas de mort par suicide sont particulièrement difficiles à vivre et à accompagner. Avec un chiffre de 12 000 par an (deuxième cause de décès pour les 15-24 ans) et de 160 000 tentatives par an, le suicide reste désespérant et… tabou.
 
Le deuil qu’il entraîne n’est pas un deuil comme les autres car la personne qui, par exemple, découvre le corps subit un véritable traumatisme. Il y aura des séquelles somatiques, des flashs-back, des images intenses, une très grande fatigue psychique. Il s’agit soudainement de pleurer la mort de quelqu’un qui est à l’origine de son propre décès. Comment trouver un sens à un acte suicidaire ?
 
Le sentiment de culpabilité est très vif puisqu’on est taraudé par la conviction qu’on aurait pu empêcher le drame. la culpabilité occupe le devant de la scène, c’est une atteinte à l’estime de soi. Dans la famille, après l’anesthésie émotionnelle liée à la brutalité du choc, on perçoit une gêne, une honte à assumer un suicide toujours frappé de stigmatisation sociale. Il est pourtant important d’oser nommer le suicide, même auprès des enfants. Il faut savoir qu’entre 5 et 9 ans, ils sont particulièrement sensibles à cette culpabilité et ils croient n’avoir plus droit au bonheur si un de leurs proches (parent ou frère ou sœur) s’est suicidé.
 
La menace suicidaire dans les temps d’avant n’a pas toujours été tangible et chacun s’interroge : « N’aurais-je pas dû voir sa souffrance ? » Il n’est pas rare que les enfants deviennent les parents de leurs propres parents en deuil, écrasés par la souffrance et parfois prêts à s’entredéchirer. Il arrive aussi que ceux-ci idéalisent tellement la personne décédée que les autres enfants se sentent négligés, transparents. Parler aux jeunes du suicide est essentiel car il ne faut pas supposer que l’enfant l’ignore. Il a souvent tout compris.
 
Pour éviter la contagion suicidaire qui n’est pas une fiction, il est important de mettre des mots positifs, de dire que la personne suicidée était « malade » et n’avait plus le goût de vivre… et d’ajouter qu’il y a d’autres façons de faire face à la tristesse et aux problèmes de la vie. Les adultes, en quête d’explications, et parfois en colère devant ce geste violent, découvrent souvent des signes généraux d’une souffrance bien cachée mais dévoilant parfois un syndrome de désengagement… ne nous y trompons pas, le suicide n ’a pas pour finalité de mettre fin à ses jours, mais d’apaiser une souffrance insupportable.
 
Retrouvez l'article complet dans la revue n°565 de L'école des parents

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Re : Oser nommer le suicide
« Réponse #1 le: 23 avril 2014 à 10:56:01 »
Bonjour Mam'de Cath,


Tu as raison : osons  nommer  la mort par  suicide, car c'est un acte que l'on ne comprend pas, malgré toutes les explications des uns ou des autres.
Il y a toujours un peu de honte que de dire " mon enfant, mon conjoint, ou quelqu'un d'autre s'est suicidé ". On est mal à l'aise avec le mot lui même car il renferme tant de questions sans réponse, tant de pourquoi et c'est tellement violent.

Pourtant, en parler en disant que cette personne que l'on aimait est morte par suicide cela nous fait du bien, il n'y a pas que la mort par accident ou maladie, et pouvoir le dire même aux enfants cela permet, me semble-t-il, de ne pas vivre dans le mensonge et surtout de ne pas avoir honte.
Un enfant à qui on ne dit pas la vérité sent bien qu'il y a quelque chose de caché,  et s'il le découvre par mui même,  gare au retour de bâton.

Mon petit fils, dont le papa ( mon fils ) s'est suicidé,  sait maintenant qu'il n'est pas dans le ciel comme on le lui avait dit ( il n'avait que 18 mois ) car sa maman l'a emmené au cimetière sur les conseils de la psy et depuis il a compris que lorsque le tonnerre gronde ou qu'il y a des éclairs,  ce n'est pas son papa qui lui fait peur. 

Bien sûr il faudra répondre à ses questions quand elles se feront plus pressantes, quand il voudra savoir, mais j'espère que l'on saura trouver les mots et un jour pouvoir lui dire que malgré tout l'amour que son papa avait pour lui, quelque chose a fait qu'il a disjoncté parce qu'il souffrait tant.

Pour ma part, je ne suis pas gênée, ce sont les autres que je sens gênés, comme quoi la société est lente à évoluer.
Alors parlons-en mieux afin que ce ne soit pas qu'une journée de prévention, une fois par an!