Jeany,
Nous avons oeuvré pour la paix dans le monde, enfants contre la bombe, contre la faim dans le monde, pour le bien être de tous. Tu as mal terminé ta vie, et moi je prends le même chemin que toi.
Je ne sais pas comment faire, j'aimerais laisser les enfants tranquilles avec mon désespoir, maintenant qu'ils vont mieux, mais je craque. Tu sais, ils ont été les seuls à m'aider à surmonter ton suicide. Et moi, j'ai essayé comme j'ai pu d'amoindrir les difficultés de notre fils et puis ensuite de notre fille.
Je n'y peux rien, j'ai une infinie tristesse qui me suit depuis si longtemps et qui s'aggrave maintenant.
Cette tristesse qui m'a fait traiter de nuisible à la bonne ambiance d'un service par un expert psychiatre.
Cette tristesse dont j'ai peur qu'elle soit nuisible à nos enfants.
Tu es la seule à avoir compris ma souffrance d'avoir perdu mon père, et moi j'étais le seul à comprendre ta souffrance pour ton viol et ton enfant abandonné.
Avant de te pendre tu m'as dit "t'as vu comment la mort de ton père t'a rendu". Tu ne t'es pas posé la question de la façon dont les thérapeutes me soignaient, ma femme adorée. Pourtant si intelligente, tu ne t'es pas posé la question. Quant à toi, garder le silence sur ce qui t'était arrivé ne pouvait que finir mal.
Je regrette du fond du coeur que cela se soit passé ainsi.